Hockey  Commotions cérébrales

Quand l’école cultive les commotions

Les mises en échec ont-elles leur place à l’école ? Pas selon le chef du service de neurologie du CHUM, qui enjoint au hockey scolaire de les éliminer le plus rapidement possible.

« On sait que si on élimine les mises en échec dans les catégories où il y en a, on va enlever les trois quarts des commotions cérébrales. La question, c’est : pourquoi attendre ? demande le Dr Patrick Cossette. Le mandat de l’école est de former des cerveaux, pas des joueurs de la LNH. »

Hockey Québec réfléchit actuellement à la pertinence d’interdire les mises en échec dès la saison prochaine dans les catégories bantam BB, bantam CC et midget CC. Le mystère plane toujours sur les répercussions de cette réflexion sur le hockey scolaire.

De plus en plus de jeunes Québécois choisissent année après année de jouer au hockey à l’école plutôt que dans le réseau civil. Plusieurs de ces jeunes pratiquent la mise en échec.

Combien ? Impossible de le savoir. Les écoles elles-mêmes l’ignorent. Le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) sait que les 880 joueurs de son réseau provincial, qui ont de 13 à 16 ans, sont soumis aux mises en échec. Mais il ignore combien parmi les 6569 joueurs de ses ligues régionales le sont.

« Le RSEQ n’a pas le portrait de son propre réseau. On essaie d’avoir les données, car on veut faire un portrait de la situation au Québec, note Yvan Dallaire, responsable du hockey scolaire à Hockey Québec. On doit pouvoir mettre les pièces du casse-tête ensemble. »

En plus du RSEQ, les joueurs de la Ligue de hockey préparatoire scolaire (LHPS), une organisation en pleine croissance, sont aussi soumis aux mises en échec.

Pour le Dr Patrick Cossette, la pratique des mises en échec dans le réseau scolaire est insensée. « Un jeune qui souffre d’une commotion peut facilement manquer une ou deux semaines d’école. Chez la minorité qui souffre d’une grave commotion, ça peut entraîner des semaines et des mois d’absence, dit-il. Ça peut mettre en péril leur session. Ce sont des risques qui à mon avis ne sont plus acceptables. »

DES CHANGEMENTS DANS LE SCOLAIRE ?

En définitive, ce sera à Hockey Québec de décider si les changements dans le réseau civil auront un impact dans le réseau scolaire. La fédération veut baser sa réflexion sur le niveau d’habileté des joueurs à l’école.

M. Dallaire note que les défenseurs des mises en échec craignent pour le développement de l’élite si on les interdit. Mais selon lui, la mise en échec est en ce moment permise dans certaines catégories où n’évoluent pas des joueurs d’élite.

« Le réseau scolaire sera analysé comme le restant. On est à l’étape de mettre des idées sur la table, note M. Dallaire. Ce n’est pas vrai que tous les joueurs sont des élites. Le BB et le CC, ce n’est pas de l’élite, c’est de la compétition. »

« Prenons en exemple le dernier repêchage de la LHJMQ. Il n’y a pas de bantam CC, il n’y a pas de bantam BB, il n’y a pas de midget BB à part une exception incroyable, dit-il. De la division 1 du hockey scolaire, il y a eu trois joueurs repêchés, mais dans les derniers tours. Il y a eu aussi trois joueurs de la LHPS, mais qui sont aussi sortis très tard. C’est sûr que tout ça, ça va faire partie des analyses. »

Pour le Dr Cossette, les analyses ne sont pas suffisantes : le simple bon sens devrait dicter l’abolition des mises en échec à l’école. « La question n’est pas de savoir si ça va être enlevé. La question est plutôt de savoir quand ça va être enlevé, dit-il. Le Québec a été un précurseur en éliminant les mises en échec au niveau pee-wee, alors qu’ailleurs au pays c’était permis au niveau atome. Voilà la chance de montrer la voie une fois de plus. »

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