Le Canadien

Dans les gènes de Jacob De La Rose

Christina De La Rose a gagné des championnats de Suède en basketball, Anders De La Rose a joué au golf au niveau professionnel et a déjà affronté Vijay Singh, Erik De La Rose est l'un des meilleurs marqueurs de la ligue norvégienne, Matilda De La Rose est promise à une carrière en basketball…

Dans la petite ville d’Arvika, le nom des De La Rose est étroitement lié au sport. Et même s’il n’a que 19 ans, Jacob est déjà l’athlète le plus primé de la famille. Du moins si l’on en croit la page Wikipédia consacrée à Arvika, en anglais.

« Il a marqué son premier but dans la LNH le 26 février contre les Blue Jackets de Columbus », peut-on y lire.

« Wow, c’est rapide », s’exclame un Jacob De La Rose amusé, lorsque La Presse l’informe de cette mise à jour.

Malgré tout, De La Rose demeure modeste quand on l’invite à se comparer à ses proches. Par exemple quand il parle de son frère, Erik, un défenseur qui est 15e pointeur de la GET-ligaen, la ligue professionnelle de Norvège. « Il est beaucoup plus offensif que moi », admet-il.

« Je joue aussi au golf, j’ai un handicap de 9 et je suis le pire dans la famille ! Mon père et mon frère sont meilleurs que moi, mais je n’ai pas leur patience », poursuit le Suédois de 19 ans.

Le golf faisait d’ailleurs partie des sports qu’il a pratiqués, plus jeune. En plus du soccer, de l’unihockey (floorball) et du basketball. « C’était mon meilleur sport, donc c’était naturel », explique-t-il, pour justifier son choix du hockey.

Et s’il n’avait pas joué au hockey ? « J’aurais pratiqué un autre sport ! » Un peu comme si sa génétique l’y obligeait…

L’ORIGINE D’UN NOM

Adolescent, Jacob De La Rose s’est inscrit à des cours de français à l’école. 

« En Suède, à 13-14 ans, on doit choisir une deuxième langue. Mon frère avait pris le français, donc je l’ai pris moi aussi, et voilà que je me retrouve à Montréal ! Mais je l’ai perdu, et ce n’est pas le même français ici. »

« Je reconnais quelques mots dans les menus, mais je suis trop gêné pour essayer de le parler. Et vous parlez tellement vite ! »

— Jacob De La Rose

Avec un nom comme De La Rose, la question du français revient souvent pour le numéro 25. Un legs de sa grand-mère paternelle.

« Je me fais toujours poser la question, mais je n’ai pas de très bonne réponse à donner. À l’origine, ça vient de la France, dans la famille de mon père. Mes parents n’aimaient pas leur nom, et le nom De La Rose était condamné à disparaître. Alors, la mère de mon père a voulu qu’il prenne ce nom. Mais personne ne parle français dans ma famille. Ça remonte à un type quelconque en France ! »

LE TOURNANT

Sur la glace, De La Rose a connu une ascension fulgurante au cours des derniers mois.

Il faut comprendre qu’il est parti de loin. Débarquer de la Suède à 19 ans, se familiariser avec Hamilton, une ville pas précisément bucolique, se faire une place dans la Ligue américaine… Autant de défis qui lui ont donné du fil à retordre. En 26 matchs chez les Bulldogs, il comptait cinq petits points, quand l’organisation du Canadien l’a prêté à l’équipe suédoise des moins de 20 ans pour le mondial junior.

« C’était dur en arrivant ici. J’ai 19 ans, j’arrive de Suède. La Ligue américaine est une ligue difficile. Tu n’as rien de gratuit dans cette ligue. »

— Jacob De La Rose

La Suède a finalement conclu le tournoi au 4e rang. De La Rose, lui, a amassé 4 points en 7 matchs. Mais l’expérience du capitanat de l’équipe et un discours de l’entraîneur-chef de la sélection suédoise, Rikard Gronborg, l’ont relancé.

« J’ai joué beaucoup, j’avais beaucoup de pression et je me plais quand il y a des attentes à mon endroit. J’ai pu être un meneur sur la glace et hors glace. L’entraîneur m’a dit : “Retourne à Hamilton, montre-leur que tu veux jouer à Montréal. Tu sais que tu es assez bon, tu dois juste le montrer. Fie-toi aux habiletés que tu as acquises.” Je suis revenu, je me sentais plus à l’aise avec la rondelle. Ça a été un plus pour ma confiance. »

Dix matchs et six points plus tard, de la Rose était rappelé.

LA DÉFENSE EN PREMIER

Si Jacob a pu faire son nid chez le CH depuis un mois, au point de jouer plus de 14 minutes à chacun de ses sept derniers matchs, c’est en raison d’une conscience défensive inégalée pour un jeune homme de 19 ans.

« Je joue comme j’aimerais que mes coéquipiers jouent. Tu dois bien jouer défensivement pour être bon offensivement. Je sais que je dois jouer de la bonne façon pour obtenir du temps de glace. Je ne peux pas tricher, juste penser à l’attaque et à marquer des buts. Si je fais les bonnes choses à chaque présence, ça va me valoir plus de temps d’utilisation, et les chances vont venir. »

Ces chances ont finalement produit des résultats concrets jeudi soir, quand il a marqué non pas un, mais deux buts. S’il continue ainsi, sa carrière pourrait très bien se définir par les buts qu’il marque, mais surtout, par ceux qu’il évite à son équipe.

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