Laurentides

Mont-Laurier boycotte Pepsi après des mises à pied 

Une vague de pertes d’emplois accable la région.

Après avoir subi leur lot de pertes d’emplois récemment, les citoyens de Mont-Laurier ont décidé que la fermeture d’un centre de distribution de Pepsi, cette semaine, était la goutte qui faisait déborder le vase : ils ont lancé une campagne de boycottage des produits de l’entreprise.

En signe de protestation, la quasi-totalité des commerçants de la région, encouragés par la Chambre de commerce, ont retiré de leurs étagères les aliments distribués par la multinationale ou cadenassé les frigos en contenant.

La fermeture du centre de distribution de PepsiCo à Mont-Laurier entraîne la disparition de 25 emplois directs, en plus de priver de leur gagne-pain six livreurs (des sous-traitants).

Selon le député local Sylvain Pagé, du Parti québécois, un nombre équivalent d’emplois indirects disparaîtront, dans les entreprises de biens et services auprès desquelles Pepsi s’approvisionnait.

« Ces 50 emplois directs et indirects, c’est très grave. C’est l’équivalent de 5000 jobs à Montréal. On verrait débarquer le ministre de la métropole dans l’entreprise pour trouver une solution. »

— Le député Sylvain Pagé

« Pour nous, chaque emploi compte », fait aussi remarquer Frédéric Houle, directeur général du Centre local de développement. « Ces mises à pied signifient que des dizaines de familles vont peut-être devoir se relocaliser ailleurs, alors qu’on a déjà un problème de rétention et de vieillissement de notre population. »

Ultimatum

En fin de journée hier, des représentants locaux ont rencontré le vice-président de PepsiCo pour l’est du Canada, Patrick Charbonneau, et lui ont adressé un ultimatum : l’entreprise doit revenir sur sa décision ou proposer une solution pour remplacer les emplois perdus, sans quoi le boycottage sera prolongé.

La population sera invitée à continuer d’éviter de mettre dans son panier d’épicerie les produits Pepsi (7UP, Mountain Dew, Aquafina, Lipton, SoBe, etc.), Frito Lay (Cheetos, Doritos, Fritos, Lay’s, Ruffles, SunChips, Tostitos, etc.), Tropicana (Dole, Ocean Spray, etc.), Quaker (Rice-a-Roni, Aunt Jemima, etc.) et Gatorade.

« La population s’est mobilisée spontanément, il n’y a jamais eu une mobilisation aussi importante dans la région en 50 ans. Nous sommes déterminés, on ne lâchera pas le morceau. »

— Michel Adrien, maire de Mont-Laurier

C’est que les mauvaises nouvelles économiques s’accumulent dans la région.

Lundi dernier, environ 200 personnes ont manifesté contre la décision de Pepsi, mais aussi contre la fermeture annoncée de la pisciculture du gouvernement du Québec à Lac-des-Écorces, non loin de Mont-Laurier, qui entraîne la perte de six emplois.

Récemment, une trentaine d’emplois dans le réseau de la santé ont été déplacés à Saint-Jérôme, en raison de la réorganisation administrative des centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS).

Un « ras-le-bol » 

Depuis la crise forestière de 2008, des centaines d’emplois dans la MRC d’Antoine-Labelle ont aussi disparu. L’escalade canado-américaine sur le bois d’œuvre fragilise maintenant les emplois restants.

« La population en a ras le bol, de faire les frais des réorganisations, que ce soit dans le secteur public ou le secteur privé, dit le maire. De plus en plus d’emplois sont délocalisés vers de plus grands centres urbains et notre économie est fragilisée. On a de la difficulté à garder les jeunes dans la région quand on n’a pas de travail pour eux. »

La mobilisation régionale se veut aussi un signal pour le gouvernement et un appel à l’aide.

« Le taux de croissance de notre population est très faible, si on compare au reste de la région et de la province. On envoie un message au gouvernement pour obtenir son appui », lance M. Adrien.

Le climat est tellement morose dans la région que le CISSS a publié un communiqué pour rappeler aux personnes en détresse qu’elles pouvaient obtenir des services psychologiques.

« Étant donné la situation économique dans la région, on s’attend à recevoir beaucoup de demandes de support dans les prochaines semaines, explique Alain Paquet, adjoint au PDG du CISSS. On veut envoyer le signal qu’on est là pour notre monde. »

— Avec Martin Croteau, La Presse

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