Nova Stella

Un « Refus global » pour la diversité

Après des années de discussions, de débats et d’analyses afin de déterminer si les milieux culturels reflètent bien la société québécoise, des artistes prennent la parole. Le 5 août, ils présenteront sur la place des Festivals l’événement Nova Stella, une explosion de talents de divers horizons qui porteront un manifeste poétique et inclusif pour une plus grande diversité ethnoculturelle dans les arts. Comme les signataires de Refus global à l’aube de la Révolution tranquille, ils croient que nous sommes mûrs pour passer à une prochaine étape, ensemble.

Sur le toit du Hyatt Regency, dont la terrasse surplombe la place des Festivals, Didier Lucien, Queen Ka et Jérôme Pruneau regardent cet espace public névralgique, au cœur de l’action, où ils espèrent créer le 5 août prochain un événement au sujet duquel les Montréalais se diront « nous y étions ».

« Chaque période a besoin d’un texte emblématique qui représente le spirit des artistes à ce moment-là. »

— Didier Lucien

« Il y a eu le Refus global, qui était comme un rêve non abouti. Il fallait remettre ça [à jour]. C’est ce qu’on a fait », résume Didier Lucien, metteur en scène du spectacle de fin de soirée qui sera présenté dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal.

Ce texte auquel le comédien fait référence est un message poétique écrit et livré dans un style « spoken word » par l’artiste montréalaise Queen Ka, de son vrai nom Elkahna Talbi.

« On voulait faire quelque chose qui était plus qu’un show avec divers genres musicaux. Après les dernières années, qui ont été parfois difficiles pour les Montréalais de divers horizons, on ne voulait pas laisser ce cynisme nous envahir et installer des distances entre les gens », explique Queen Ka.

Un projet né d’une controverse

Nova Stella, nom mystérieux pour une journée de festivités qui se déroulera en trois temps, représente une renaissance, explique Jérôme Pruneau, directeur général de l’organisme Diversité artistique Montréal (DAM).

« Nova Stella, c’est une supernova, une étoile qui explose et qui produit tellement d’énergie qu’elle recrée tout un univers d’étoiles. »

— Jérôme Pruneau

« C’est se dire qu’on peut considérer tout ce qu’il y a eu avant, prendre cette énergie et construire quelque chose de nouveau, ensemble », explique-t-il.

Cette volonté de passer à la prochaine étape et de bâtir un univers artistique inclusif de la diversité n’est toutefois pas née dans le calme. À l’origine de ce spectacle se trouve une controverse : celle de la fameuse vidéo publiée en novembre dernier par l’organisme qui organise les célébrations du 375e anniversaire de Montréal et dans laquelle on ne voyait aucune personne de couleur. Le commissaire des festivités, Gilbert Rozon, s’en était d’ailleurs excusé.

« Pour moi, Montréal ne bouge pas tant que ça. La représentation de Montréal n’est pas là quand je vais voir des spectacles. Je vois les shows, je comprends la structure, mais il manque quelque chose. Là, avec cette Nova Stella, je trouve que le compte est bon », estime Didier Lucien.

Une journée en trois temps

Le 5 août, les festivités de Nova Stella se dérouleront en trois temps, explique Jérôme Pruneau, dont l’organisme, DAM, est coproducteur de l’événement. De la musique et des artistes de la rue feront d’abord danser les festivaliers sur la place des Festivals dès 12 h 30, alors qu’un défilé réunissant 1000 danseurs de 65 troupes différentes quittera le square Dorchester à 15 h pour se rendre à la Place des Arts. En soirée, des dizaines d’artistes partageront la grande scène de la place des Festivals pour le spectacle mis en scène par Didier Lucien.

Le texte de Queen Ka sera « la colonne vertébrale » de l’événement. Jérôme Pruneau dit même que ses mots sont si beaux qu’ils reflètent le Montréal d’aujourd’hui. Mais qu’est-ce qu’un Montréalais, en 2017 ?

« C’est toi, c’est moi ! Je suis pour ma part née à Montréal [de parents berbères de Tunis]. J’ai grandi à Montréal. J’ai vécu un peu partout dans la ville, j’ai étudié dans trois universités sur cinq, je n’ai jamais quitté cette ville. Je suis allée à l’école publique, j’ai fréquenté les camps de jour. Être Montréalais, c’est être en constante découverte. Tu prends le métro et tu arrives à Tétreaultville, tu te sens à Brossard. Tu pars pour Sainte-Geneviève ou pour Pierrefonds, tu es ailleurs. Montréal, c’est un univers de mini-planètes et d’étoiles qui se crée avec l’énergie des gens qui viennent et qui partent, mais [surtout] de ceux qui restent », dit-elle d’une voix enjouée.

À la place des Festivals, le 5 août

Nova Stella

Huu Bac

« C’est un artiste d’origine vietnamienne dont les parents ont vécu le drame des boat people. C’est un gars qui fait une fusion entre le jazz et des instruments traditionnels, ce qui amène une musique très éclatée et urbaine. »

— Jérôme Pruneau

Nova Stella

Mamselle Ruiz

« C’est une artiste mexicaine qui est là depuis une dizaine d’années. Elle fait de la musique à la fois traditionnelle et moderne, avec des accents mexicains et une orchestration très contemporaine. »

— Jérôme Pruneau

Nova Stella

Karim Diouf

« La dernière fois que j’ai vu Karim, c’est en Nouvelle-Écosse, dans un show anglophone qui pour moi exprime la beauté des programmateurs qui ont une intelligence et une ouverture. Des gens de Nova Scotia en train de danser sur des rythmes africains. Il a réussi à réchauffer le nord du pays à 12 degrés et à emballer tout le monde. C’est un artiste de feu. »

— Queen Ka

Nova Stella

Hua Li

« C’est une jeune artiste d’origine asiatique qui fait du rap en anglais. De la musique très contemporaine. »

— Jérôme Pruneau

Nova Stella

Pierre Kwenders

« On commence à bien le connaître, il est passé par le concours Révélations Radio-Canada. [Bien qu’il soit d’origine congolaise], j’aime beaucoup son discours quand il dit qu’il ne fait pas de la musique du monde, mais de la musique pour le monde. C’est exactement le genre de mentalité qu’il faut avoir ! »

— Jérôme Pruneau

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