le Chiffre de la semaine

3,2 millions

C’est le nombre de cyclistes au Québec.

Plein air

Des grillons en collation

Les adeptes de plein air doivent mener une lutte constante contre les bibittes : les maringouins qui les vampirisent, les araignées qui les terrorisent, les tiques qui les infectent, les fourmis qui s’infiltrent partout… Mais maintenant, les gens de plein air peuvent prendre leur revanche et bouffer des insectes. Des grillons, pour être plus précis.

Deux entreprises québécoises rivalisent d’efforts pour amener les randonneurs, skieurs, pagayeurs et autres à dévorer ces insectes, sous la forme de farine incorporée dans des barres énergétiques.

« J’avais identifié le marché du plein air comme un deuxième marché, mais finalement, c’est celui qui répond le mieux jusqu’ici, qui a de l’intérêt, qui a de la répétition dans les achats, indique Marie-Loup Tremblay, directrice d’uKa Protéine, qui offre des barres énergétiques aux grillons, de la farine de grillon et même des grillons rôtis. Je pensais que le marché de l’alimentation naturelle allait être notre premier marché. »

De son côté, Näak vise trois grands marchés avec ses barres énergétiques : le plein air, le vélo et la course à pied.

« Le produit qu’on propose est pensé pour les performances de longue durée Il s’adapte très bien à une utilisation en plein air : il ne va pas fondre à la chaleur et il ne va pas geler pendant l’hiver à-20 : on ne se casse pas les dents sur la barre. »

— William Walcker, chef de la direction de Näak

Ce ne sont pas les grillons qui lui donnent cette propriété, mais le mode de préparation, un véritable secret industriel, note M. Walcker. L’utilisation de grillons est cependant de nature à attirer les gens de plein air, selon lui.

« Généralement, quelqu’un qui fait du plein air, c’est quelqu’un qui est proche de la nature, qui a une conscience environnementale, qui respecte sa santé. »

Les protéines

Pour produire la même quantité de protéines que le bœuf, le grillon a besoin de 12 fois moins de nourriture et de 2000 fois moins d’eau. En outre, il produit 100 fois moins de gaz à effet de serre.

L’utilisation de grillons permet également à la barre Näak de se différencier par rapport à des dizaines d’autres barres énergétiques qui envahissent les présentoirs des boutiques de plein air et d’alimentation spécialisée.

Näak et uKa courtisent tous deux les gens de plein air, elles sont en concurrence, mais jusqu’à un certain point.

« Je préfère dire que nous sommes plusieurs à essayer d’ouvrir ce nouveau marché, souligne M. Walcker. Nous avons besoin de plusieurs acteurs pour participer à l’évangélisation de ce nouveau mouvement. »

Les dirigeants des deux entreprises, pratiquement tous des triathlètes, se connaissent très bien.

« Je ne pense pas qu’on se tire dans les jambes, poursuit M. Walcker. Nous avons un type de clientèle un peu différent. »

La barre Näak a un niveau de sodium plutôt élevé.

« Ça vient jouer le rôle d’électrolytes, ça permet d’éviter la déshydratation, les crampes. C’est important pour les personnes qui font des efforts de longue durée. »

On parle donc de triathlètes, de coureurs, de randonneurs, de cyclistes qui font de longues distances.

« Ma barre a plus de fibres, c’est une bonne barre de récupération, fait valoir Marie-Loup Tremblay. Je ne vise pas l’athlète, mais monsieur et madame Tout-le-Monde qui veut bouger, qui veut être en santé, qui veut faire attention à son environnement. »

Il n’y a donc pas de guerre de grillons à prévoir prochainement dans les sentiers de randonnée.

Le fait d’avoir plusieurs producteurs québécois de produits à base de grillons pourrait permettre de susciter la création d’une ferme d’élevage au Québec. À l’heure actuelle, Näak et uKa s’approvisionnent auprès de l’entreprise ontarienne Entomo Farms, une des plus grandes fermes d’élevage de grillons en Amérique du Nord.

« On aimerait ça avoir un fournisseur au Québec, indique Mme Tremblay. Pour l’instant, ce n’est pas possible. »

Un élevage délicat

L’élevage de grillons est très délicat, parce que l’insecte est sensible aux insecticides.

« Il faut s’assurer que ce qu’il mange ne va pas créer une problématique par la suite », note Mme Tremblay.

En outre, pour être économiquement viable, l’élevage doit avoir recours à beaucoup d’automatisation.

« Une petite ferme artisanale, c’est un modèle économique qui ne fonctionne pas, affirme-t-elle. Il va falloir s’asseoir à plusieurs, y mettre un peu d’argent, un peu de temps, un peu d’expertise. Avec les bons joueurs, on pourra créer une ferme qui réponde aux besoins. »

En attendant, les deux entreprises se concentrent sur leurs produits actuels. Näak a accompli un bon bout de chemin en passant à l’émission de télévision Dans l’œil du dragon, il y a quelques semaines.

« Pour nous, c’était génial, affirme William Walcker. Ça nous a permis d’être confrontés à des gens dans le business, d’identifier s’ils ont un intérêt dans ce marché d’avenir, ça nous permet d’avoir des conseils, des supports. »

Les dragons Caroline Néron et Martin-Luc Archambault ont d’ailleurs conclu une entente avec Näak. M. Walcker a cependant souligné un autre aspect positif lié à sa participation à l’émission : la visibilité.

« On peut parler de 500 000 personnes qui étaient devant leur téléviseur et qui ont appris qu’on pouvait manger des insectes », se réjouit-il.

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