Arts visuels 

Un collectionneur qui s’estime floué réclame 665 000 $ à un galeriste

Le collectionneur d’œuvres d’art Alain Robichaud a acheté pendant une décennie des œuvres de grands peintres québécois, comme Marcelle Ferron, Jean-Paul Riopelle, Marc-Aurèle Fortin et Armand Tatossian. Or, il soutient avoir été trompé par le galeriste Pierre-Antoine Tremblay et la Galerie 2000 et leur réclame plus de 600 000 $ pour des tableaux qu’il estime avoir payés trop cher.

De 2001 à 2014, Alain Robichaud et sa société d’investissement ont fait l’acquisition d’au moins une vingtaine de toiles de grands maîtres québécois à la Galerie 2000, dans le Vieux-Montréal, soit pour environ un million de dollars. Mais en juin 2015, le collectionneur a appris que ses œuvres d’art ne valaient pas 1,4 million, comme l’évaluait la Galerie 2000, mais plutôt 305 400 $, selon l’évaluateur Graff Diffusion, peut-on lire dans la poursuite civile intentée cette semaine au palais de justice de Montréal.

Une œuvre de la peintre réputée Marcelle Ferron acquise pour 175 000 $ en octobre 2014 vaudrait en fait 50 000 $, selon M. Robichaud. Il avait obtenu cette toile en échange d’autres œuvres d’art. Ainsi, au cours des dernières années, le collectionneur a acquis une dizaine de tableaux d’Armand Tatossian, dont certains, comme Montreal Centre et Clairière, pour plus de 100 000 $. Il s’agissait d’un investissement « sûr et avantageux », selon la galerie.

« N’eût été des fausses représentations [de M. Tremblay et de la Galerie 2000] quant à la valeur des œuvres d’art au moment de leur achat et lors de rencontres subséquentes, les demandeurs n’auraient jamais accepté d’acquérir les œuvres en question, ou d’en payer un prix si élevé », soutient-on dans la poursuite.

Joint par La Presse, le galeriste Pierre-Antoine Tremblay nie fermement avoir floué Alain Robichaud pendant toutes ces années. Selon lui, l’évaluation commandée par son client de longue date auprès d’une autre galerie montréalaise est sans valeur. « Son évaluation par Graff, ça n’est tellement pas reconnu ! Ils ne nous ont jamais demandé les résultats de vente des 10 dernières années de ces artistes. Leur opinion, pour nous, n’a pas d’importance », soutient M. Tremblay. 

De plus, une toile de Ferron similaire a récemment été vendue à l’encan pour 450 000 $, preuve, selon lui, de la valeur conséquente de la toile de M. Tremblay.

Le marchand d’œuvres d’art, qui tient boutique depuis quatre décennies, accuse Alain Robichaud de ne pas comprendre la réalité du marché de l’art et de s’en prendre à lui en raison de ses problèmes financiers. « [Il] a acheté des tableaux pendant 17 ans et il a manqué d’argent l’année passée. On a pris une entente avec lui pour vendre sa collection. Mais M. Robichaud est trop pressé de vendre rapidement. Un tableau, c’est comme une maison, ça peut se vendre en trois semaines, comme en trois ans. On ne sait pas », explique-t-il.

Le collectionneur et sa société d’investissement réclament à M. Tremblay et à la Galerie 2000 la somme de 665 000 $ avec intérêts, ainsi que le titre de propriété de l’œuvre de Marcelle Ferron, qui n’aurait pas été payée complètement.

La Galerie 2000 n’en est pas à ses premiers démêlés avec des clients mécontents. Il y a quelques années, l’homme d’affaires américain Randy Ferman avait réclamé plus de 100 000 $ pour la vente de plusieurs toiles d’Armand Tatossian entre 2009 et 2011. Le galeriste lui aurait assuré que la valeur des toiles s’apprêtait à augmenter en raison du décès imminent du peintre, mort en 2012. Dans un document de cour, Pierre-Antoine Tremblay soutenait à l’époque n’avoir « jamais fait miroiter quoi que ce soit » à l’acheteur. Un règlement à l’amiable est survenu en octobre 2015.

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