Chronique

Dix leçons pour ne pas regretter vos dettes étudiantes

Je suis toujours sidérée de voir les marges de crédit astronomiques que les institutions financières accordent aux étudiants.

Certaines banques allongent de 40 000 à 150 000 $ aux étudiants en optométrie, en droit ou en comptabilité, notamment. Mais ce n’est rien. Les futurs médecins et dentistes peuvent obtenir une marge allant jusqu’à 275 000 $.

Misère ! Ces universitaires auront la corde au cou avant d’avoir leur diplôme en main. Et malheur à ceux qui rencontrent un pépin en cours de route.

« Très récemment, j’ai eu un client qui a dû abandonner ses études pour devenir pharmacien, à cause d’une question de santé, et qui avait environ 150 000 $ de dettes », m’a raconté Ronald P. Gagnon, vice-président principal de BDO Canada, cabinet qui aide des dizaines de milliers de consommateurs surendettés chaque année.

Si les diplômés pouvaient revenir en arrière, ils mettraient la pédale douce sur le crédit. En fait, les trois quarts des diplômés canadiens de moins de 40 ans regrettent d’avoir contracté autant de dettes durant leurs études, selon un sondage dévoilé il y a quelques jours par BDO Canada.

Il faut dire que les dettes étudiantes ont de lourdes conséquences sur les jeunes diplômés, qui sont obligés de reporter des projets importants.

Environ la moitié d’entre eux sont forcés de reporter l’achat d’une maison (46 %) ou de mettre en veilleuse l’épargne pour la retraite (45 %). Et près du quart des diplômés sont obligés de patienter avant d’avoir des enfants (24 %) ou de se marier (21 %) à cause du poids de leurs dettes.

Il aurait été moins douloureux de se serrer la ceinture un peu plus sur les bancs d’école. Mais les étudiants ont des lunettes roses. Ils ont la mauvaise habitude de surestimer les revenus qu’ils auront lorsqu’ils déboucheront sur le marché du travail.

Malheureusement, l’emploi idéal ne déboule pas toujours instantanément le jour qui suit la collation des grades. Bien des diplômés réalisent que le marché du travail est plus compétitif qu’ils l’imaginaient lorsqu’ils étaient sur les bancs d’école.

En réalité, plus du tiers des nouveaux diplômés du Québec (36 %) doivent patienter jusqu’à un an avant de dénicher un emploi. Une fois sur le marché du travail, près de deux jeunes sur cinq (39 %) se retrouvent avec un salaire inférieur à ce qu’ils espéraient, selon un sondage diffusé en mai dernier par la Banque TD.

Quand les revenus ne sont pas à la hauteur, le remboursement des dettes devient périlleux. Et le stress financier grimpe d’un cran à la sortie des classes. Voici quelques trucs pour éviter d’être étouffé par ses dettes étudiantes.

1. Gardez les pieds sur terre et les dépenses au minimum tout au long de votre parcours scolaire. Les voyages, les sorties, l’auto… est-ce bien nécessaire ? Ne vous endettez pas outre mesure durant vos études en pensant que tout cet argent sera aisément remboursé une fois sur le marché du travail.

2. Dans la mesure du possible, choisissez un programme qui vous permettra de vivre chez papa et maman durant vos études. Autrement, les frais de logement entraîneront des dépenses supplémentaires importantes.

3. Plus du quart des finissants (28 %) regrettent de ne pas avoir travaillé plus d’heures durant leurs études. Si cela ne nuit pas à vos résultats scolaires, mettez-vous à l’ouvrage… au moins durant l’été.

4. Favoriser les prêts étudiants garantis par le gouvernement auprès d’une institution financière. Durant vos études, vous n’aurez pas à payer d’intérêts. Mais à la fin de vos études, remboursez votre prêt au plus vite, car les intérêts commencent à courir immédiatement, même si vous pouvez attendre six mois avant de commencer à rembourser.

5. Grouillez-vous ! En faisant vos études dans les délais prévus, vous pourriez être admissible au programme de remise de dette qui vise à réduire de 15 % la dette d’un diplômé qui a reçu une bourse chaque année dans le cadre du Programme de prêts et bourses.

6. Informez-vous sur le programme de remboursement différé qui permet d’établir le remboursement de votre prêt étudiant selon votre capacité financière et votre situation familiale. C’est sans compter que les intérêts seront assumés par le gouvernement.

7. Mettez le fisc à contribution. Pour alléger le fardeau des diplômés, les gouvernements offrent un crédit d’impôt de 15 % au fédéral et 20 % au Québec sur les intérêts versés sur le prêt étudiant.

8. Résistez aux institutions financières qui font miroiter des marges de crédit incroyables aux étudiants. Les taux d’intérêt sont beaucoup plus élevés. Et contrairement au prêt étudiant, vous devez payer les intérêts sur votre emprunt durant vos études, prévient Option consommateurs.

9. Allez-y mollo avec les cartes de crédit, les prêts auto ou les plans de financement de grands magasins. « Ce sont les autres dettes qui font déborder le vase », constate M. Gagnon, qui voit souvent des jeunes au bord de la faillite à cause d’une marge de crédit de 10 000 $ et 15 000 $ de dettes sur plusieurs cartes de crédit. À 20 % d’intérêts, le mur arrive vite.

10. Faites toujours vos paiements à temps. Sinon, vous minerez votre dossier de crédit et vos prochains emprunts vous coûteront encore plus cher d’intérêts. N’embarquez pas dans ce cercle vicieux dès le début de votre vie financière.

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