SAT Fest 2019 

Pas mal, mais pas assez long

La 6e édition du SAT Fest a débuté mardi à la Société des arts technologiques (SAT), à Montréal. La Satosphère accueille cette année une sélection de six films immersifs canadiens et étrangers que l’on peut y visionner jusqu’au 8 février.

Cette année, les courts métrages immersifs du SAT Fest 2019 proviennent du Brésil, de la Bulgarie, du Canada, du Japon et du Royaume-Uni. Ces films sont diversifiés dans le genre et proposent des niveaux immersifs variés. Certains ont un angle plutôt documentaire, le caractère immersif étant moins poussé, tandis que les autres sont clairement ancrés dans le genre expérimental, avec des images au fort potentiel de dérèglement de notre équilibre visuel.

Nous avons ainsi particulièrement apprécié Primitive, un film canadien de quatre minutes réalisé par Sean Caruso avec la collaboration sonore de Mourad Bncr. Avec ses images de réseau maillé et de cube distordus qui rappellent les premiers pas de l’infographie 3D, ce court métrage, sans réinventer la roue, offre de magnifiques effets d’immersion. Des basculements impressionnants, psychédéliques et des paysages évoquant la « vieille » épopée de Tron. Un travail de synthèse beau et efficace. 

Autre belle réalisation esthétique, Motifs numériques, du Studio Otaika (Bulgarie) est un splendide déploiement de formes colorées et de lignes qui se déforment dans un espace fabuleux où les motifs numériques bougent à grande vitesse et acquièrent des effets vibratoires qui finissent par être hallucinogènes quand on fixe son regard sur le sommet du dôme. D’une durée de 4 min 17, ce voyage au cœur de l’expression numérique (motion graphics) est de plus, rehaussé, par une musique électronique bien dosée. 

Plongeon dans le monde aquatique et biologique, Hidden Garden – Version Saiho, de la Japonaise Fusako Baba, nous transporte, en sept minutes, d’un palais des mille et une nuits à la MC Escher jusqu’aux profondeurs des mers. Mais les effets immersifs sont limités et l’action parfois un peu statique. La fin est plutôt mystérieuse. 

L’immersion est plus marquée dans le film Beneath, réalisé par Dominic Brodeur-Gendron et Gabriel Jacques, et sonorisé par Guillaume Raymond. Une œuvre mathématique où l’on retrouve le cube et les maillages de l’infographie 3D, mais aussi des pluies cosmiques, des bruits aquatiques et une excellente bande musicale, tantôt planante, tantôt énergique. Un film contemplatif à regarder là aussi en se concentrant souvent sur le haut du dôme. 

Avec Monera, 4 min 25 signées par le Brésilien Vigas, on tombe dans quelque chose de franchement expérimental avec des effets géométriques, des petits points blancs qui se mettent à tourner autour de la salle, des boules sphériques hallucinantes et un jeu de maillage intéressant. On virevolte dans un univers microscopique et des formes futuristes émanant d’un imaginaire plus que fertile. 

Enfin, Liminality, d’une durée de 9 minutes, contraste avec les œuvres précédentes. Produit par l’Espagnole Janire Najera et respectivement réalisé et chorégraphié par les Britanniques Matt Wright et Kim Noble, le film est une immersion documentaire en Inde et au pays de Galles sous l’angle de la danse contemporaine. Une chorégraphie visuellement énergique, voire étourdissante, tournée dans le genre du clip, avec un montage très serré, peut-être trop. Des images du foisonnement humain de l’Inde ou de la nature galloise. Un tournage en 360 degrés au cœur de l’urbanité, de vestiges architecturaux, de paysages côtiers ou de quartiers industriels, avec un rythme plutôt soutenu. Et la projection du SAT Fest commence par ça ! Alors, accrochez-vous ! 

D’autant plus que la sélection (qui coûte 22,25 $) ne dure malheureusement pas très longtemps, soit exactement 33 min 12 au total. On commence à vraiment profiter de l’expérience, bien calé dans son coussin horizontal, quand elle s’achève. Serait-il possible d’avoir une programmation plus longue l’an prochain ? On rêve d’une immersion sous le dôme de la Satosphère de plus de deux heures, comme le fait par exemple, en termes de longueur, le Centre Phi en ce moment avec son exposition Écho de réalité virtuelle… 

SAT Fest 2019, à la Société des arts technologiques (1213, boulevard Saint-Laurent, Montréal), jusqu’au 8 février

Arts visuels

Virée des galeries

Thomas Kneubühler

L’artiste Thomas Kneubühler a travaillé sur le thème de la transmission des communications transatlantiques avec son cursus Landing Sites. Il en expose le résultat à Dazibao jusqu’au 26 janvier, soit des photos et vidéos créées en Bretagne et près de New York, les deux lieux de jonction du câble FLAG-Atlantic 1. L’artiste rencontrera le public samedi, de 14 h à 16 h, à Dazibao, pour en discuter. Parallèlement, il expose de nouveau son projet de 2001, Absence, à la galerie Patrick Mikhail, jusqu’au 19 janvier. Des portraits d’internautes au regard absorbé par leurs écrans lumineux. Thème très actuel ! 

À Dazibao (5455, avenue De Gaspé, Montréal), jusqu’au 26 janvier, et à la galerie Patrick Mikhail (4815, boulevard Saint-Laurent, Montréal), jusqu’au 19 janvier

Borduas à Sherbrooke

Jusqu’au 24 mars, on peut renouer avec l’univers pictural de Paul-Émile Borduas au Musée des beaux-arts de Sherbrooke, qui présente La révolution Borduas :  espaces et liberté, une expo qui rassemble une soixantaine de peintures et de photographies, quelque 70 ans après la publication du manifeste Refus global.

Au Musée des beaux-arts de Sherbrooke (241, rue Dufferin), jusqu’au 24 mars

Rafael Lozano-Hemmer et MU

L’artiste montréalais d’origine mexicaine Rafael Lozano-Hemmer et l’organisme MU figurent parmi les huit finalistes du 34e Grand Prix du Conseil des arts de Montréal, dont le lauréat sera annoncé le 21 mars. Rafael Lozano-Hemmer a été retenu en raison de sa formidable exposition Présence instable présentée au Musée d’art contemporain de Montréal du 24 mai au 9 septembre dernier. Et de son rayonnement international exceptionnel. L’organisme MU est honoré pour son travail d’inclusion sociale à Montréal avec ses nombreuses œuvres murales qui embellissent la cité. Les autres finalistes sont le Black Theatre Workshop, le Cinéma Moderne, le Concours musical international de Montréal (CMIM), Espace de la diversité, la compagnie de danse RUBBERBAND et le Festival ZH.

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