Opinion : Détention de Homa Hoodfar

Coupée de tout contact avec l'extérieur

La professeure Homa Hoodfar est détenue en Iran sans que la nature des accusations portées contre elle soit connue.

Le Comité femmes du Centre québécois du P.E.N. international dénonce ardemment l’incarcération sans motif connu de Homa Hoodfar.

Le comité condamne toute forme de répression à la liberté de parole. Notre rôle consiste à promouvoir la littérature des femmes, à soutenir et à encourager la liberté d’expression des écrivaines ou des journalistes d’ici et d’ailleurs, quels que soient leur âge, leur race, leur religion, leur nation ou leur orientation sexuelle. Nous mettons en œuvre tous les moyens possibles pour défendre les femmes incarcérées ou harcelées à cause de leurs opinions.

En visite dans sa famille en Iran au mois de février dernier, Homa Hoodfar est arrêtée une première fois au mois de mars et relâchée sous caution, puis arrêtée et incarcérée le 6 juin dernier.

Depuis cette date et sans motif connu, elle est détenue à la prison d’Evin, à Téhéran, où sont incarcérés de nombreux prisonniers politiques iraniens.

Plus récemment, le 11 juillet, nous avons appris que Mme Hoodfar était inculpée par le procureur de Téhéran sans aucune précision quant à la nature des accusations déposées contre elle.

Homa Hoodfar est née en Iran et établie au Québec depuis plus de 30 ans. Anthropologue de renommée internationale, elle est professeure émérite à l’Université Concordia de Montréal. Âgée de 65 ans, cette professeure et chercheuse s’intéresse à la condition des femmes et elle a mené plusieurs recherches dans de nombreux pays. L’intérêt qu’elle porte à la condition des femmes musulmanes semble représenter un élément irritant majeur pour les autorités iraniennes.

SA SANTÉ MENACÉE

La nièce de Mme Hoodfar, Amanda Ghahremani, nous informe qu’elle souffre d’une maladie neurologique dégénérative, une myasthénie grave et a subi un AVC l’année dernière. Depuis son arrestation, Mme Hoodfar vit dans des conditions difficiles et stressantes qui comportent un risque sérieux pour sa santé.

Durant les derniers mois, elle a été soumise à des interrogatoires répétés dont la durée pouvait excéder huit heures consécutives. En outre, nous ignorons si Mme Hoodfar reçoit les médicaments dont elle a besoin pour éviter que son état de santé ne se détériore.

Nous déplorons le fait que les autorités iraniennes aient complètement isolé Mme Hoodfar de toute forme de communication extérieure. Conséquemment, sa famille, ses amis, ses collègues et son avocat sont privés d’information susceptible de l’aider et elle-même est privée de leur soutien moral et professionnel.

Le Comité femmes du Centre québécois du P.E.N. international est profondément attristé et outré par l’incarcération sans motif connu de Mme Hoodfar. Nous dénonçons son isolement complet qui nous empêche de connaître son état de santé, ses conditions de détention et les raisons de son emprisonnement.

Nous exigeons la libération immédiate de Homa Hoodfar, détenue injustement pour des accusations non précisées.

Membres du comité : Nora Atalla, Joséphine Bacon, Claudine Bertrand, Marie-Ève Blais, Nicole Brossard, Martine Delvaux, Denise Desautels, Louise Dupré, Yara El-Ghadban, Lise Gauvin, Catherine Mavrikakis, Maya Ombasic, Diane Régimbald, Lori Saint-Martin, Élise Turcotte

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