Finale québécoise d’Expo-sciences

À 17 ans, elle identifie 27 espèces de poissons grâce à leur ADN

Victoria Chouinard a utilisé une technique génétique sophistiquée pour découvrir des dizaines d’espèces de poissons dans la rivière Saint-Charles, dont certaines qui n’avaient jamais été détectées par le gouvernement.

Elle s’appelle Victoria Chouinard. Elle a 17 ans, a réussi à identifier 27 espèces de poissons dans la rivière Saint-Charles grâce à une technique génétique et repart de la dernière Super Expo-sciences Hydro-Québec avec des invitations pour la Baie-James, la Saskatchewan et même le Brésil.

La jeune femme de l’école secondaire Saint-Jean-Eudes, à Québec, a raflé de nombreux prix dimanche dernier lors de la finale québécoise du concours scientifique.

« Comme les 174 autres exposants, j’étais simplement venue parler de mon projet et rencontrer des gens. À la remise de prix, j’étais vraiment émue et très contente ! », a-t-elle dit à La Presse.

Pour remporter les honneurs, Victoria Chouinard a commencé par chausser ses bottes de pluie. Puis, en 10 points le long de la rivière Saint-Charles, dans la région de Québec, elle a plongé le bras dans l’eau froide pour en recueillir des échantillons dans des bouteilles stérilisées.

Son objectif : connaître les espèces de poissons qui vivent dans la rivière. Mais oubliez les filets, les captures et les manipulations susceptibles de blesser les animaux. C’est par les traces génétiques laissées par les poissons qu’elle voulait détecter leur présence.

« Les poissons libèrent de l’ADN dans le cours d’eau par leur mucus, leurs excréments ou leurs écailles. En filtrant l’eau, on peut recueillir cet ADN, puis le séquencer et le comparer avec des banques de données de poissons dont on connaît déjà l’ADN. »

— Victoria Chouinard

La technique, appelée ADNe, pour ADN environnemental, a été mise au point par l’équipe du professeur Louis Bernatchez, de l’Université Laval. Et c’est justement dans son laboratoire que Victoria Chouinard a apporté ses échantillons d’eau. Après avoir recueilli l’ADN dans les filtres des bouteilles, elle a dû le purifier, puis l’amplifier.

Il faut l’écouter raconter les détails des manipulations pour mesurer tout ce qu’elle a appris pendant le projet.

« J’ai fait de la PCR – c’est une réaction en chaîne par polymérase qui permet d’amplifier les segments d’ADN. J’ai amplifié le gène CO1 de la mitochondrie, pour cytochrome oxydase », précise-t-elle avec l’aplomb d’une microbiologiste.

Une découverte étonnante

Victoria Chouinard a ensuite séquencé l’ADN ainsi amplifié. Puis, sur des ordinateurs, elle s’est initiée à la bio-informatique en comparant les séquences trouvées avec celles de l’ADN de poissons connus.

Résultat : après une seule journée d’échantillonnage dans la rivière Saint-Charles, Victoria a réussi à détecter 27 des 36 espèces de poissons que le ministère de l’Environnement avait mis des années à répertorier par des captures au filet.

« Si j’avais pris plus d’échantillons, j’aurais trouvé plus d’espèces », explique-t-elle. Et la jeune chercheuse s’est même permis de faire des découvertes scientifiques en bonne et due forme.

« J’ai identifié des espèces que le gouvernement n’avait pas identifiées. Le gobie à taches noires, par exemple, est une espèce invasive qui vient d’Europe. On savait qu’il était dans le fleuve Saint-Laurent, mais je l’ai trouvé dans la rivière Saint-Charles », dit-elle.

La suite ? Le premier prix Hydro-Québec de l’Expo-sciences lui rapporte 1500 $, un trophée et un voyage à la Baie-James. Mais elle mérite aussi une place à l’Expo-sciences pancanadienne à Regina, en Saskatchewan, ainsi qu’à l’édition internationale à Fortaleza, au Brésil, au mois d’août.

À plus long terme, elle songe à des études en ingénierie biomédicale. « Je vais voir avec mes futures expériences scientifiques, dit-elle. Mais ça va être dans le domaine de la science. »

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