Chronique

La Caisse mise 200 millions sur une techno du voyage

Montréal est sans conteste devenu le berceau véritable des nouveaux leaders technologiques mondiaux dans le domaine du voyage. Après Luxury Retreats, firme internationale de location de villas de luxe sur l’internet, Hopper et son application mobile qui prédit les meilleurs prix des billets d’avion partout dans le monde, voilà qu’on vient de découvrir Plusgrade, le leader mondial dans les solutions de surclassement pour le voyage.

Pour être bien honnête, ce n’est pas moi qui ai découvert Plusgrade, mais la Caisse de dépôt, qui a non seulement déniché cette firme montréalaise de technologie, mais qui a décidé de surcroît de prendre une participation de 200 millions de dollars à son capital.

Au terme de cette transaction qui sera officiellement annoncée ce matin, la valorisation de Plusgrade est maintenant estimée à 600 millions.

Pas mal pour une entreprise qui est peut-être inconnue du grand public, mais qui est fort appréciée des 70 compagnies aériennes qui utilisent ses services partout dans le monde et par les millions de voyageurs qui profitent de ses solutions logicielles pour obtenir un surclassement quand la disponibilité de sièges le permet.

C’est Ken Harris, un Montréalais de 37 ans, passionné de voyage et de programmation informatique, qui a créé Plusgrade en 2009, mais les activités commerciales ont véritablement pris leur envol deux ans plus tard, en 2011.

« Plusgrade aide les compagnies aériennes à mieux gérer leurs inventaires. Grâce à nos solutions logicielles, on met à la disposition des voyageurs en classe économique les sièges qui sont libres en classes supérieures. »

— Ken Harris, fondateur et chef de la direction de Plusgrade

« Les voyageurs paient un supplément pour ce surclassement. L’an dernier, nos services ont permis à nos clients d’encaisser 1 milliard de revenus supplémentaires.

« On adapte nos solutions aux stratégies des compagnies aériennes. Certaines veulent profiter de ces surclassements pour récompenser des clients assidus, d’autres préfèrent maximiser le prix qu’elles obtiendront pour leurs sièges vacants », m’explique Ken Harris.

À l’instar de Luxury Retreats et de Hopper, Plusgrade a créé son propre marché et s’est par le fait même imposé comme le leader mondial en solutions de surclassement, avec 25 % des parts de marché.

À ce jour, 70 compagnies aériennes, dont Lufthansa, Air Canada, Quanta et Malaysia Airlines, font affaire avec Plusgrade. La stratégie de l’entreprise est d’étendre son emprise auprès d’autres transporteurs qui font eux-mêmes la gestion de leur surclassement et de développer des services connexes.

Ainsi, Plusgrade offre le service de réservation en classe économique d’un siège voisin sans passager pour les voyageurs qui veulent disposer de plus d’espace pour travailler ou qui n’ont tout simplement pas le goût d’avoir de la compagnie forcée…

Une entreprise profitable

Le financement de 200 millions que vient de réaliser la Caisse de dépôt va servir notamment à racheter partiellement les actions détenues par TA Associates, une firme de placement privée spécialisée dans les firmes de technologie.

TA Associates va rester actionnaire de Plusgrade, tout comme Ken Harris et son équipe de direction ainsi que la Caisse de dépôt.

Quelque 50 personnes travaillent au siège social montréalais de l’entreprise technologique, qui a également des bureaux à New York et à Singapour. L’entreprise prévoit conclure l’embauche de 15 nouveaux employés d’ici à la fin de l’année, et d’une trentaine d’autres l’an prochain.

Ken Harris indique que l’apport financier de la Caisse va servir à soutenir la croissance du groupe qui figure déjà au palmarès canadien Technologie Fast 50 de Deloitte pour les années 2016 et 2017. Plusgrade est profitable depuis plusieurs années déjà.

Pour la Caisse de dépôt, ce nouvel investissement cadre tout à fait dans sa stratégie qui vise à appuyer des entreprises innovantes, technologiques, avec des activités internationales.

« Les dirigeants de Plusgrade ont une vision incroyable du marché et ils optimisent les opérations des transporteurs aériens tout en étant bien alignés avec les consommateurs. »

— Justin Méthot, vice-président, Placements privés Grandes Entreprises, à la Caisse de dépôt

Ken Harris n’est pas surpris de constater la place importante que Montréal occupe dans le développement d’initiatives technologiques innovantes liées au monde du voyage.

« On a du potentiel incroyable. On le dit toujours, mais c’est vrai que c’est le talent qui fait la différence à Montréal. Nos cégeps et nos universités produisent vraiment une force de travail incroyable.

« Et il y a tout un écosystème lié au transport aérien à Montréal. Air Canada a son siège social, Air Transat, on a l’OACI et toutes les entreprises de l’aéronautique. C’est inspirant », souligne le jeune entrepreneur.

Ce qui n’a pas empêché Plusgrade de diversifier ses activités de surclassement pour s’attaquer à l’industrie des croisières où, là encore, elle peut jouer un rôle déterminant dans la gestion des cabines invendues des grands croisiéristes.

Investissement de 675 millions en Colombie

La Caisse de dépôt et placement du Québec injectera 675 millions de dollars (510 millions US) dans un partenariat doté d’une enveloppe totale de 1 milliard US visant à réaliser des investissements dans les infrastructures en Colombie. Cette initiative, annoncée hier, regroupe également les caisses de retraite colombiennes Colfondos, Old Mutual, Porvenir et Protección, qui allongeront 490 millions US afin de créer un nouveau fonds de capitaux privés. Le gouvernement de la Colombie sera également un partenaire par l’entremise de son organisme de financement en matière de développement national. Des investissements seront entre autres réalisés dans les secteurs de l’énergie – notamment dans les énergies renouvelables –, du transport, des infrastructures sociales, des télécommunications, de l’eau et de l’assainissement de base. La valeur minimum de chaque investissement sera de 50 millions US, divisée entre le fonds et le bas de laine des Québécois. — La Presse canadienne

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