Témoin de l’actualité

Percées médicales

De nombreuses découvertes médicales ont fait reculer, voire disparaître, des maladies autrefois mortelles. Rappel de quelques-unes d’entre elles, dont certaines sont attribuables à des chercheurs canadiens.

— Étienne-Plamondon-Émond, collaboration spéciale

Premier vaccin contre la rage

1885

Deux jours après avoir été mordu par un chien, Joseph Meister, un enfant de 9 ans, se fait administrer, le 6 juillet 1885, un vaccin contre la rage. Son inventeur, Louis Pasteur, hésite avant de lui donner le traitement, préparé avec la moelle d’un lapin atteint par la maladie, qu’il a seulement expérimenté sur des animaux. Il injecte à l’enfant des doses durant 10 jours, avant de constater une nette amélioration de son état de santé au mois d’août. Les victimes de morsures affluent dès les mois suivants pour recevoir ce qui constituera le premier vaccin contre la rage.

Découverte des rayons X

1895

« J’ai vu ma mort », aurait dit Anna Bertha Röntgen. Sa main venait de servir de sujet pour la première radiographie d’un humain, réalisée par son mari Wilhelm Conrad Röntgen, en 1895. Hormis une bague, seuls les os des doigts apparaissent sur l’image. Quelques jours plus tôt, le physicien venait de découvrir les rayons X, capables de passer à travers certaines matières, comme la peau, et d’imprimer sur une plaque photographique ce qui se cache derrière. Au départ considérés comme une curiosité dans les foires, les rayons X sont rapidement utilisés par le milieu médical pour examiner les os et les organes internes autrement que lors de l’autopsie.

Première administration de l’insuline

1922 

Leonard Thompson, un jeune diabétique de 14 ans, reçoit la première injection d’insuline le 23 janvier 1922. Les mois précédents, le DFrederick Banting et son équipe de chercheurs de l’Université de Toronto réussissent à extraire et à utiliser cette substance sécrétée par le pancréas afin d’équilibrer le taux de sucre dans le sang. Le diabète, à cette époque, était une maladie mortelle. L’insuline est commercialisée peu de temps après par la compagnie pharmaceutique Lilly and Company et sauvera des millions de vies.

Découverte de la pénicilline, le premier antibiotique

1928

De retour de vacances, le biologiste britannique Alexander Fleming remarque que l’une de ses cultures bactériennes est contaminée par une moisissure. Cette dernière a anéanti les bactéries autour d’elle. Il découvre ainsi la pénicilline et l’expérimente contre des germes porteurs de maladies. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, des chercheurs britanniques réussissent à la purifier pour des fins thérapeutiques. Le premier antibiotique est distribué sur le front pour lutter contre les infections.

Neurochirurgie épileptique

1934

Au sein de l’Institut neurologique de Montréal, fondé en 1934 à l’Université McGill, Wilder Penfield développe une technique d’anesthésie locale pour traiter l’épilepsie. Il stimule avec des charges électriques différentes zones du cerveau du patient, toujours conscient, à qui il demande d’exprimer ce qu’il sent ou ressent. Le neurochirurgien peut ainsi cibler la zone responsable des crises pour l’enlever, en plus d’identifier celles reliées au langage et à la mémoire, afin d’éviter de les perturber. Au-delà du traitement, sa méthode aide à cartographier le cortex cérébral et les zones fonctionnelles du cerveau.

Première description du stress

1936

Hans Selye, chercheur de l’Université McGill, décrit pour la première fois le « syndrome général d’adaptation » dans la revue Nature en juillet 1936. Ses observations découlent d’expériences à travers lesquelles il soumet des rats à différentes agressions. À tout coup, il note les mêmes effets sur les glandes surrénales et le thymus. Il baptise plus tard cette réponse non spécifique du corps, peu importe l’attaque, de stress. Le terme se répand, notamment après la publication du livre The Stress of Life en 1956, dans lequel il résume ses découvertes au moment où il dirige l’Institut de médecine et de chirurgies expérimentales de l’Université de Montréal.

Commercialisation de la pilule contraceptive

1960

Par la combinaison d’œstrogène et de progestatif, des chercheurs américains, dirigés par le biochimiste Gregory Pincus, mettent au point au milieu des années 50 la pilule contraceptive. Après des essais cliniques à Porto Rico, la Food and Drug Administration (FDA) approuve l’Enovid en 1957 afin de traiter des problèmes menstruels, à condition qu’il soit accompagné d’un avertissement selon lequel le médicament supprime l’ovulation. En mai 1960, la compagnie pharmaceutique G.D. Searle obtient de la FDA l’autorisation que la pilule soit finalement vendue comme moyen de contraception. Le Canada emboîte le pas le mois suivant.

Première greffe du cœur 

1967 

« Un homme vit avec le cœur d’une jeune fille greffé dans sa poitrine », titre La Presse. Le 4 décembre 1967, le médecin Christiaan Barnard réalise la première transplantation cardiaque dans un hôpital du Cap, en Afrique du Sud. En cette fin d’année, La Presse informe ses lecteurs au jour le jour de l’état de santé du patient, Louis Washkansky, dont il annonce finalement la mort le 21 décembre. Le 30 mai 1968, une équipe de l’Institut de cardiologie de Montréal, dirigée par Pierre Grondin, répète l’exploit. Mais à son tour, elle est confrontée au décès de ses patients en raison du rejet de l’organe ou des traitements pour empêcher ce rejet. Le développement d’un médicament, la ciclosporine, permet de réaliser l’opération avec succès à partir des années 80.

Premier bébé-éprouvette

1978

Elle voit le jour le 25 juillet 1978, pèse 2,7 kg et est en parfaite santé. Louise Brown est le premier bébé issu de la procréation médicale assistée avec fécondation in vitro. Le physiologiste Robert Edward et le gynécologue Patrick Steptoe réunissent dans une éprouvette les spermatozoïdes et ovules du couple John et Lesley Brown, avant de réimplanter l’embryon créé dans le ventre de la mère. L’enfant naît quelques mois plus tard, dans un hôpital de Grande-Bretagne.

Découverte du virus du sida 

1983

Un mal inconnu se propage et s’attaque au système immunitaire des personnes atteintes au tournant de la décennie 80. Avant même d’être bien cernée, la maladie transmissible sexuellement est appelée syndrome d’immunodéficience acquise (sida). En 1983, des chercheurs français dirigés par Luc Montagnier identifient le rétrovirus qu’ils baptisent Lymphadenopathy-Associated Virus (LAV). Une dispute éclate l’année suivante avec des chercheurs américains, qui isolent le même virus et le nomment HTLV-III. Grâce à ces découvertes, les premiers tests de dépistage sont mis en circulation dès 1984. Deux ans plus tard, la communauté scientifique s’entend pour le renommer virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

Trithérapie contre le VIH avec du 3TC 

1996 

Le VIH passe de maladie mortelle à maladie chronique en 1996, alors que la trithérapie fait ses preuves. Le cocktail de trois médicaments limite la réplication du virus, sans l’éradiquer. Dans les premières combinaisons, comme dans celles qui seront généralement utilisées 20 ans plus tard, on retrouve le 3TC, créé à Montréal. Le chimiste Bernard Belleau, de l’Institut Armand-Frappier, découvre avant de mourir en 1989 cette molécule aussi nommée Lamivudine. L’entreprise BioChem Pharma, qu’il avait cofondée en 1986, poursuit la mise au point du médicament. Le DMark Wainberg, de l’Université McGill, prouve son efficacité dans les années suivantes.

Clonage d’une brebis

1997

Très vite, son nom fait le tour du monde : Dolly. Cette brebis est en apparence semblable aux autres, mais elle est en fait identique à une autre. Il s’agit du premier mammifère cloné. En 1996, une équipe de chercheurs écossais a prélevé des cellules mammaires d’une autre brebis pour les fusionner avec des ovules vides. L’ensemble a ensuite été inséminé dans l’utérus d’une brebis porteuse. L’annonce de ce clonage, le 23 février 1997, crée une commotion dans le monde scientifique et relance un débat autour de l’éthique du génie génétique.

Séquençage du génome humain

2004

Séquencer l’ensemble du matériel génétique chez l’humain : le Projet Génome Humain s’attaque à ce vaste chantier dès 1989. En décryptant l’ADN, les chercheurs espèrent aider à mieux prévenir, traiter et guérir des maladies héréditaires. L’organisme HUGO (pour Human Genome Organisation) coordonne les recherches menées en collaboration avec plusieurs pays. Le séquençage est achevé en 2004 et permet de découvrir que l’humain possède tout au plus 30 000 gènes, soit moins que les 100 000 estimés jusque-là.

Vaccin et traitement contre le virus Ebola

2015 

Lorsqu’une épidémie d’Ebola se déclare en Afrique de l’Ouest en 2014, le Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg travaille sur ce virus depuis des années. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) approuve le recours à deux solutions développées au pays : le traitement ZMapp, pour les personnes déjà contaminées, et le vaccin rVSV-ZEBOV. Les résultats sur le terrain s’avèrent un succès, surtout pour le vaccin rVSV-ZEBOV, qui montre un taux d’efficacité de 100 %.

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