Personnalités de la semaine

Jenny Okituk et Elaijah Isaac

Ces jeunes apprentis scientifiques inuits ont remporté une médaille de bronze à la finale pancanadienne des Expo-sciences, le printemps dernier. Jenny Okituk et Elaijah Isaac sont nos personnalités de la semaine.

Les deux élèves de Salluit, village d’environ 1300 âmes du Nunavik, ont obtenu ce prix pour leur projet Qulliq 2.0, soit une amélioration du qulliq – lampe à l’huile traditionnelle en forme de bol dans laquelle les Inuits brûlaient la graisse des animaux qu’ils chassaient – basée sur une analyse rigoureuse. Les élèves étant partis participer à un camp et chasser, ils ont été impossibles à joindre. La Presse s’est donc adressée à Hugo Jourdain, enseignant en mathématiques et en sciences de l’école Ikusik, qui les a encadrés dans ce projet.

« Tous les deux ans, notre école participe à l’Expo-sciences autochtone, d’abord locale, puis régionale au Nunavik, et les élèves qui gagnent au Nunavik représentent leur école à l’Expo-sciences autochtone du Québec, explique Hugo Jourdain. Les communautés autochtones sont considérées comme une région à part pour les Expo-sciences afin d’augmenter leurs chances de se rendre au niveau pancanadien. »

Une fois arrivés au niveau pancanadien, les participants autochtones sont alors en compétition avec tous les autres, autochtones et non-autochtones.

« Il est très rare que des jeunes autochtones gagnent une médaille à ce niveau. Ce qui est intéressant avec les Expo-sciences autochtones, c’est que l’on valorise des projets qui ont un lien avec leur culture. »

— Hugo Jourdain

« Nous avons invité des anciens du village à donner des présentations pour les inspirer. C’est à partir de là que Jenny et Elaijah se sont intéressés au qulliq. Ils ont entrepris une démarche scientifique pour améliorer et optimiser cette lampe », ajoute l'enseignant.

D’abord, Jenny et Elaijah ont rencontré plusieurs personnes de leur village pour discuter afin de mieux comprendre les caractéristiques de ce type de lampe, puis ils se sont attaqués à une étude comparative de divers paramètres : type d’huile, type de mèche, type de contenant, température de la flamme, chaleur de combustion, odeur, fumée, lumière et facilité d’utilisation selon le type d’huile.

« Dans leur présentation à Montréal, ils expliquaient ce qu’était un qulliq, et ensuite, ils ont expliqué les tests auxquels ils avaient procédé et leurs résultats. Une de leurs conclusions était que le meilleur type d’huile pour le qulliq est l’huile de tournesol. »

« J'AI TOUJOURS AIMÉ LES SCIENCES »

Le voyage à Montréal pour présenter leur projet en finale à l’Université McGill était, en soi, une expérience enrichissante pour les deux jeunes qui seront en troisième secondaire cet automne. Ils ont notamment dû faire leur présentation dans leur troisième langue, le français, puisque leur langue maternelle est l’inuktitut et leur langue seconde, l’anglais.

« J’ai toujours aimé les sciences, déclarait Jenny Okituk à La Presse dans un article publié en juin. Je regarde depuis longtemps des vidéos sur YouTube, surtout des vidéos d’ingénierie. Quand j’étais à Montréal, j’ai été très impressionnée par le discours de l’astronaute Chris Hadfield. Je veux devenir pilote d’avion et j’ai toujours aimé regarder le ciel et situer les étoiles que je connais. »

Cette belle réussite aura certainement un impact positif sur la vie des deux jeunes, selon leur enseignant.

« Quand ils sont revenus de Montréal, tout le monde à Salluit était extrêmement fier d’eux, dit M. Jourdain. Leurs parents étaient radieux. À l’école, nous sommes contents, car ça fait des modèles positifs pour les autres élèves. Et surtout, ils sont fiers d’eux-mêmes. C’est un gros coup de pouce pour leur confiance. Les deux rêvent de devenir pilotes. Ils étaient en compétition avec les meilleurs élèves de partout au Canada et ils ont eu une belle preuve qu’ils peuvent réussir et réaliser ce qu’ils veulent. »

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