D’autres cas comme celui d’Eustachio Gallese ?
Des allégations du Syndicat des employés de la sécurité publique et de la justice inquiètent tous les partis à Ottawa
Ottawa — Le gouvernement et les partis de l’opposition à Ottawa espèrent des explications sur des allégations voulant que d’autres contrevenants qu’Eustachio Gallese aient eu la permission de fréquenter des salons de massage alors qu’ils étaient en liberté conditionnelle – des allégations « très inquiétantes », selon le gouvernement fédéral.
C’est le Syndicat des employés de la sécurité publique et de la justice (SESJ) qui a jeté ce pavé dans la mare lundi après-midi, affirmant avoir « des motifs raisonnables de croire » que le cas du présumé meurtrier de Marylène Lévesque n’était « pas unique », car « en effet, des visites dans des salons de massage par d’autres délinquants en liberté conditionnelle dans la communauté ont déjà eu lieu ».
D’autres cas ? Combien ? Des cas de contrevenants ayant un profil ou des antécédents similaires à ceux d’Eustachio Gallese, qui a brutalement assassiné sa conjointe en 2004 ? Ces questions demeurent sans réponse. « Pour des raisons de confidentialité, le SESJ ne peut élaborer sur cette question », a écrit à La Presse près d’un jour plus tard Catherine Fortin LeFaivre, de la firme de relations publiques Impact, qui a diffusé le communiqué.
L’élu conservateur Pierre Paul-Hus trouve « très particulier » le fait que le syndicat fasse une telle allégation sans l’étayer davantage. « On parle de sécurité du public ; si d’autres criminels au Canada ont le même genre de conditions, il faut divulguer l’information et savoir qui, exactement, a ce genre de permission », a-t-il dit La Presse. Et selon lui, il est « impossible » que le ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, n’en sache rien.
Mais au bureau de ce dernier, ce n’est pas là le signal que l’on a envoyé. « Les nouvelles allégations provenant du syndicat sont très inquiétantes, a écrit la porte-parole du ministre, Marie-Liz Power, dans un courriel envoyé à La Presse lundi soir. Ces allégations, si elles sont fondées, sont complètement inacceptables. Notre gouvernement prend cela très au sérieux. »
Le député Paul-Hus, qui a fait adopter la semaine dernière en Chambre une motion pour forcer la tenue d’une enquête parlementaire sur cette sordide affaire, a bien l’intention d’envoyer un carton d’invitation au SESJ pour élucider le mystère. « C’est sûr qu’ils vont être convoqués », a-t-il lancé sans hésitation à l’autre bout du fil. Les modalités de cette étude n’ont pas encore été déterminées par le comité chargé de la mener.
Le syndicat regrette que le Service correctionnel du Canada n’ait « pas abordé la question de sa connaissance de cette pratique » et dit avoir l’obligation de taire les détails de cette affaire qui n’est « pas une exception », mais plutôt l’illustration des « défis systémiques importants [du] système correctionnel fédéral ».
Du côté de la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC), on n’a pas voulu dire s’il existait en effet des précédents en la matière. « La CLCC peut imposer toutes conditions spéciales qu’elle juge raisonnables et nécessaires pour mieux gérer le risque que présente un délinquant dans la collectivité, par exemple, de signaler toutes relations intimes », s’est-on contenté d’offrir mardi dans une déclaration écrite.
Selon la version syndicale, M. Gallese n’avait plus le droit de fréquenter des femmes depuis septembre 2019, après que la Commission eut « manifesté sa désapprobation » par rapport à la pratique de lui permettre « de se rendre dans des salons de massage ». Et donc, « l’agent(e) de libération conditionnelle et le foyer de transition privé de Québec chargés de sa surveillance ont accepté cette directive ».
Il n’a pas été possible d’obtenir une entrevue avec un représentant du SESJ malgré des demandes répétées, lundi et mardi.