respiration

La cohérence cardiaque appliquée aux enfants

Contrôler sa respiration est une stratégie mise de l’avant dans plusieurs techniques associées au mieux-être comme le yoga et la méditation. Le Dr David O’Hare croit lui aussi que de prendre le temps de bien respirer a des bienfaits que la science peut démontrer. L’approche qu’il propose, appelée « cohérence cardiaque », présenterait d’ailleurs bien des avantages pour les écoliers.

Développé aux États-Unis puis popularisé en France par le psychiatre David Servan-Schreiber, avec qui David O’Hare a collaboré durant une douzaine d’années, le concept de cohérence cardiaque repose sur l’idée que les poumons et le cœur peuvent se parler. Ainsi, en prenant le temps de respirer profondément pendant quelques minutes, il est possible d’influencer son rythme cardiaque jusqu’à créer une harmonie entre les deux.

« La respiration est le seul moyen volontaire de pénétrer le système nerveux autonome, explique David O’Hare, auteur du livre Cohérence Kid : la cohérence cardiaque pour les enfants, qui vient d’être publié. On a là un moyen d’exploiter une petite faille du système, qui fait qu’en prenant le contrôle de notre respiration, on prend le contrôle de la totalité du système. » En fait, nos respirations régulières et volontaires recréent un équilibre entre nos systèmes de dépense énergétique (sympathique) et de récupération (parasympathique).

Bon pour les enfants

Le stress, omniprésent, décale le système des adultes vers une dépense énergétique quasi constante, observe le médecin. D’où la pertinence de la cohérence cardiaque. Les enfants, eux, sont naturellement plus décalés et ont aussi plus de facilité à revenir au point d’équilibre. Pratiquer la cohérence cardiaque aurait cependant des impacts positifs sur leur engagement et leur fonctionnement à l’école.

« On la pratique en groupe pour calmer les enfants. C’est un outil de travail pour les enseignants », dit Nicole St-Pierre, éducatrice à l’Académie Sainte-Thérèse de Rosemère, où elle a intégré cette technique il y a trois ans. Pour les interventions individuelles, elle a aussi développé ce qu’elle appelle « l’étoile de la respiration » : il s’agit d’une étoile en carton, dont l’élève doit suivre chacune des six pointes avec son doigt, tout en inspirant et en expirant. « Ça aide l’enfant à se recentrer », dit-elle.

Ni David O’Hare ni Nicole St-Pierre n’utilisent le terme « se relaxer ». L’idée n’est pas de se détendre, mais de se rééquilibrer, de prendre une distance, de reprendre son souffle si on veut, avant de poursuivre ses activités.

Des études menées en France et à l’île de la Réunion indiquent que cette méthode favoriserait entre autres la cohésion des groupes, la concentration et la capacité de synthèse des élèves. Le niveau sonore baisserait aussi dans les classes. Des effets tous bénéfiques pour l’apprentissage.

L’autre raison pour laquelle Nicole St-Pierre enseigne la cohérence cardiaque aux enfants, c’est qu’elle y voit une façon de les responsabiliser face à ce qui se passe en eux, de leur faire prendre conscience qu’ils peuvent avoir un impact sur ce qui se passe dans leur corps. Elle y voit également « un outil qu’ils pourront utiliser tout le reste de leur vie, dans toutes les sphères de leur vie ». Certains petits ne se gênent d’ailleurs pas pour ramener la cohérence cardiaque à la maison.

David O’Hare, désormais établi à Montréal, indique que les études sur l’impact de la cohérence cardiaque chez les jeunes se poursuivent en France et au Québec. Des ados la testeront aussi. Le médecin prévoit d’ailleurs que les effets seront encore plus grands chez eux que chez les enfants. « L’adolescence est un moment de changements physiologiques majeurs à cause de la puberté, dit-il. Mettre ça en place va atténuer l’impact de ces changements, je pense. »

47 respiroutines

Dans son ouvrage Cohérence Kid : la cohérence cardiaque pour les enfants, le Dr David O’Hare présente une quarantaine de techniques de cohérence cardiaque destinées aux enfants, joliment baptisées « respiroutines ». La moitié d’entre elles lui ont été envoyées par des enseignants qui les ont développées pour leur classe. Ces respiroutines ont chacune leur petit nom comme « Le calme papillon », « Le cœur à deux bras » ou « Le souffle du bedon ». L’auteur détaille les « superpouvoirs » de chacune de ces techniques : recentrage, visualisation, apaisement, mais aussi courage et énergie.

Cohérence Kid : la cohérence cardiaque pour les enfants

David O’Hare, Thierry Souccar Éditions, 208 pages

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