Hockey  Match des Étoiles de la LNH

« Tout ça en valait la peine »

COLUMBUS — C’était au repêchage de 2005, et la direction du Canadien avait sa liste de noms à surveiller. Sur la liste, il y avait un nom qui intriguait le monde du hockey : Anze Kopitar, un attaquant slovène dont les qualités ne faisaient aucun doute, mais qui venait d’un pays pas exactement reconnu pour sa production de hockeyeurs.

Le Canadien avait Kopitar à l’œil, et ce jour-là à Ottawa, il semblait clair que l’équipe allait enfin pouvoir mettre la main sur ce « gros attaquant » qui lui échappait depuis trop longtemps. Kopitar avait lui-même conscience de l’intérêt du club montréalais à son endroit.

« Ça fait très longtemps déjà, mais je me souviens que la direction de l’équipe m’avait rencontré lors des journées d’évaluation organisées par la Ligue nationale, a raconté l’attaquant slovène, hier à Columbus. Le Canadien m’avait fait passer en entrevue comme ça arrive souvent avec les espoirs, et je ne me souviens pas en détail de ce qui avait été dit. Mais je crois que le Canadien a fait un assez bon choix avec Carey Price... »

Dix ans plus tard, Kopitar ne changerait rien pour rien au monde. Non, le Canadien n’a jamais prononcé son nom sur l’estrade cette journée-là, préférant choisir Price avec le cinquième choix au total. Les Kings de Los Angeles, eux, l’ont choisi six sélections plus tard, avec le 11e choix. Un rang un peu tardif pour Kopitar, que plusieurs experts voyaient partir bien avant ça, parmi les premiers.

« J’ai basculé de quelques rangs lors de ce repêchage, en effet… Je ne sais pas trop pourquoi. Être un joueur originaire de la Slovénie, je crois que ça ne m’a pas aidé. » 

« Tout ce que je pouvais faire, c’était de donner ma pleine mesure avant d’arriver au repêchage, je ne pouvais pas choisir l’équipe qui allait me repêcher. J’ai été chanceux, ça s’est très bien passé pour moi par la suite. »

Kopitar, qui prendra part à son troisième match des Étoiles, demain au Nationwide Arena de Columbus, en est à sa neuvième saison dans la LNH. Avec deux bagues de la Coupe Stanley à ses doigts et cinq saisons de 70 points ou plus au compteur, on peut affirmer que oui, en effet, ça s’est très bien passé pour lui.

C’est pourquoi il rit quand on lui demande si son parcours aurait été différent avec un maillot du Canadien sur le dos.

« Je n’ai jamais pensé à ça parce que je suis content à Los Angeles. Lors du repêchage de 2005, j’étais tout simplement heureux que quelqu’un me choisisse ! La route vers Los Angeles n’a pas été si facile au départ, il y a eu des moments difficiles. Mais au bout du compte, tout ça en valait la peine. »

***

Des Slovènes au match des Étoiles, des Slovènes dans la LNH, ça n’arrive pas souvent. Lors des Jeux de Sotchi, il y a un an, Kopitar était le seul joueur de la LNH au sein de la formation de son pays. Il n’y a pas eu d’effet Kopitar en Slovénie. Pas encore, du moins.

« Le hockey a grandi en Slovénie, et la présence de l’équipe nationale aux Jeux de Sotchi a aidé, comme les deux victoires des Kings en finale de la Coupe Stanley. Mais l’économie du pays est fragile. C’est difficile pour les jeunes et se joindre à une équipe de hockey, ça coûte assez cher. Les parents doivent dépenser environ 3000 $ tous les deux ans. C’est énorme. » 

« J’ai dû aller jouer en Suède avant d’être repêché, et je ne serais probablement pas ici si je n’y étais pas allé ; les chances n’auraient pas été en ma faveur. »

Aujourd’hui, Kopitar figure parmi les vedettes de cette ligue, et sa présence au match des Étoiles lui rappelle un peu le long chemin parcouru. Le joueur de 27 ans, révélé aux Mondiaux de 2005 contre des équipes américaines et canadiennes bourrées de joueurs de la LNH, n’a pas oublié d’où il vient.

« Aux Championnats du monde de 2005, ma première mise en jeu fut face à Mike Modano. Je suis pas mal certain que je suis resté planté là à le regarder comme un idiot ! Auparavant, quand je croisais des joueurs de la LNH, je souhaitais seulement avoir une photo, obtenir une signature. Et là, je me retrouvais à jouer contre eux. C’était un peu irréel... »

Irréel comme cette carrière qu’il n’aurait pu imaginer avant ce fameux jour de 2005. Le Canadien, on le présume, ne regrette pas son choix. Les Kings non plus.

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