Quelques ATELIERS DU PROGRAMME PASSEURS DE RÊVES

Les petits papiers

Atelier d’origami donné par Maryse Latulippe. L’apprentissage de cet art japonais fait à la fois appel à la créativité des jeunes et à leurs connaissances mathématiques. Une activité qui favorise la concentration et la précision.

Quelques ATELIERS DU PROGRAMME PASSEURS DE RÊVES

Slame tes rêves

Atelier offert par l’animateur et slameur MC June. Une excellente façon d’initier les jeunes à la poésie et au français, mais dans une forme plus libre et personnelle.

C’est aussi une façon d’aider les jeunes à exprimer leurs émotions.

Quelques ATELIERS DU PROGRAMME PASSEURS DE RÊVES

Des objets pour le dire

Francis Monty et Olivier Ducas sont depuis longtemps reconnus comme des maîtres du théâtre d’ombres et d’objets. Avec quelques objets épars, des feuilles de papier et un thermos, ils inventent des histoires. Un exercice de créativité extraordinaire.

Mentorat culturel

Tricoter pour s’accrocher à l’école

Passeurs de rêves. C’est le nom du programme de Culture pour tous destiné aux élèves du secondaire pour soutenir la persévérance scolaire. Ateliers d’origami, de slam ou d’art urbain, l’objectif est d’encourager la créativité à travers des projets collectifs et d’insuffler la fierté du travail bien fait. La semaine dernière, La Presse a assisté au dévoilement d’une œuvre collective de tricot-graffiti dans le quartier Rosemont.

Olivier Houle a 12 ans. Il tricote machinalement avec ses doigts tout en regardant le journaliste droit dans les yeux. Non, il n’avait jamais tricoté avant de suivre les ateliers de l’artiste montréalaise Karine Fournier. Oui, il aime ça. Beaucoup. « Je suis tombé en amour », nous dit-il sur un ton solennel.

Pendant qu’il nous explique sa passion nouvelle pour le tricot, Olivier tire sur les fils d’une immense pelote de laine qu’il a roulée avec son ami Émile. « C’est devenu un passe-temps, quelque chose que je peux faire un peu n’importe quand », nous dit-il. Passe-t-il moins de temps devant ses écrans ? « Non. Je tricote pendant que je regarde la télé », répond-il.

La semaine dernière, quatre groupes d’élèves de l’école alternative Le Vitrail ont recouvert les arbres et les poteaux du terrain de l’établissement avec toutes les pièces qu’ils ont tricotées depuis quatre mois. Le résultat est saisissant. Les cyclistes de la rue Boyer approuvent. Non, ce n’est pas mauvais pour les arbres ou les espèces qui y vivent.

DE L’ART À LA PERSÉVÉRANCE

En somme, un beau projet collectif livré un jour ensoleillé. Mais quel lien y a-t-il entre cette activité et la motivation d’un jeune pour ses cours de mathématiques ou de français ?

« Je ne sais pas s’il y a un lien direct », nous répond Isabelle Tanguay, chargée de projet pour l’organisme Culture pour tous, qui organise ces ateliers.

« Mais à partir du moment où un jeune trouve quelque chose qui l’intéresse, il est de meilleure humeur, il est généralement plus motivé et certains vont même se découvrir de vraies passions. Cette confiance et cette fierté vont lui servir, c’est sûr ! »

— Isabelle Tanguay, chargée de projet pour l’organisme Culture pour tous

Ce jour-là, Karine Fournier s’affaire à assembler tous les morceaux de ses jeunes apprentis. Elle fait du tricot-graffiti depuis une dizaine d’années. Elle a même dirigé pendant trois ans le collectif Les Ville-Laines. « On recouvre le mobilier urbain avec de la laine dans le but de se réapproprier l’espace public en tant que citoyens et d’apporter du bonheur et de la joie aux passants », nous explique la jeune femme de 37 ans.

Parfois, l’activité de tricot-graffiti devient politique.

Il y a quelques années, pour protester contre la lenteur administrative de la Régie du logement, elle s’est assise devant le bâtiment et elle a tricoté avec d’autres personnes. « C’était comme pour dire au gouvernement : vous prenez tellement de temps qu’on a le temps de se tricoter un chandail pour régler nos problèmes de chauffage ! » Karine a aussi drapé une colonne de l’échangeur Turcot pour protester contre l’absence d’espaces verts.

BEAUCOUP DE FIERTÉ

Les arbres revêtus de leurs tricots ont fière allure. Les jeunes aussi. On nous assure que la quasi-totalité des élèves a embarqué dans le projet. Sans rigoler ni protester.

Emy Jolivet, qui termine sa cinquième secondaire, n’a pas caché sa fierté d’avoir participé au projet : « Je suis une fille assez anxieuse, donc le tricot m’a permis de me concentrer sur autre chose. Finalement, c’est quelque chose qui m’apaise. J’ai un frère de 12 ans qui s’est mis au tricot aussi et je trouve que ça nous a rapprochés. »

« Ce qui est bien, c’est que les jeunes travaillent ensemble à un projet collectif, nous dit Isabelle Tanguay. Il y a quelque chose qui sort de la classe et qui est source de fierté. Par contre, on a aussi des projets individuels où on cible des jeunes qui sont démotivés et qui ont besoin d’un petit “boost”. À ce moment-là, on les jumelle avec des artistes dans un domaine qui les intéresse. »

Au total, ce sont près de 1000 élèves qui ont suivi les ateliers individuels et collectifs de Culture pour tous l’an dernier.

L’ART DE LA… TRANSMISSION

Parmi les participants au projet Passeurs de laine, deux jeunes filles de 16 ans sortent du lot : Marie-Ange et Bettina, qui se connaissent depuis l’âge de 3 ans. Le hasard a fait que les deux amies ont appris à tricoter dans leur école primaire de quartier, à Chambly.

« On a appris à tricoter au même titre qu’on a appris à lire, ça fait partie de nos vies. »

— Marie-Ange, 16 ans

Ce qu’elles apprécient de cette activité ? « On voit tout de suite le résultat de notre travail, dit Bettina. On réalise que ça prend du temps à faire. Ce ne sont pas des machines. Et puis on a la fierté de porter les mitaines ou les chaussettes qu’on a faites. » Les deux jeunes filles ont aidé Karine Fournier à initier les élèves du Vitrail au tricot.

Combien de temps les arbres garderont-ils leurs tricots ? « On ne sait jamais comment les gens vont réagir, nous dit Karine Fournier. Il y en a qui ne sont pas contents et qui les enlèvent, donc quand on fait ça, c’est vraiment un don de soi et de notre temps, à la ville, aux passants… Ça dure parfois deux ans, parfois 24 heures. »

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