« Avec Shea, on sait exactement ce qui nous attend »

TORONTO — Peu à peu, les morceaux du casse-tête se mettent en place. Les raisons ayant motivé le transfert de P.K. Subban à Nashville s’éclaircissent lentement et, parmi elles, on retrouve un motif assurément hockey.

« Toutes les équipes ont une structure en place et veulent que les joueurs jouent d’une certaine façon, a expliqué Carey Price, hier. Et en fonction de ce qu’on voulait, Shea [Weber] s’insère parfaitement là-dedans. »

Ce que le Canadien voulait, c’était un joueur qui non seulement allait pouvoir respecter l’éthique de travail et le concept d’équipe prônés par la direction, mais qui épouserait le cadre de jeu déterminé par l’équipe.

« P.K. joue d’une certaine manière. Il joue avec beaucoup d’enthousiasme et de créativité. Nous pensions simplement que parfois cette créativité venait au mauvais moment et rendait la situation imprévisible. »

— Carey Price

« Avec Shea, on sait exactement ce qui nous attend. Il joue vraiment bien défensivement et il représente aussi une menace à l’attaque dont tout le monde est bien au fait. »

Mais quand il dit « nous pensions », Price fait-il référence aux joueurs ou à la direction ?

« Tout le monde », a répondu le gardien.

Commentant timidement la transaction, le défenseur Alexei Emelin est allé dans le même sens que Price.

« C’est mieux pour l’équipe. Il y aura plus de discipline. C’est mon opinion, en tout cas. »

DOUGHTY APPREND

Plus de deux mois après la supertransaction, on ressent encore l’onde de choc. Price, qui connaît Weber depuis les rangs juniors et qui comme lui réside à Kelowna durant l’été, croit que la réalité de cet échange ne va vraiment frapper qu’au moment où tout le monde aura rejoint son équipe respective.

Mais à la Coupe du monde, il est question d’un joueur bien plus que de l’autre. Côtoyer les meilleurs de la planète réunis au même endroit, c’est s’exposer à un concert d’éloges envers Shea Weber.

Le nouveau venu du Tricolore est devenu un archétype, une figure d’autorité.

« Je lui disais l’autre jour qu’en venant à ce tournoi, je peux apprendre tellement de choses juste en le regardant », a raconté le défenseur canadien Drew Doughty.

« Ça a été émotif pour moi d’apprendre qu’il était échangé, car c’est un ami proche, c’était notre capitaine et tout un coéquipier. J’estime que c’était notre joueur de concession. »

— Pekka Rinne, gardien des Predators de Nashville

« Il n’y a pas deux joueurs comme Shea Weber dans la ligue », a ajouté Rinne.

Le défenseur des Predators Mattias Ekholm a renchéri alors qu’une journaliste lui posait des questions sur un autre sujet. 

« Ce que j’ai toujours respecté chez Weber, c’est qu’il n’était jamais trop gros pour le reste du club, il plaçait l’équipe en premier. Il n’a jamais tenté d’être ce qu’il n’était pas. Il a juste travaillé fort de façon à donner l’exemple, et il n’y a pas de meilleure façon d’agir pour un capitaine. »

À FAIRE PEUR

Max Pacioretty, lui, a eu suffisamment de conversations avec Weber récemment pour savoir qu’il va bien s’entendre avec le nouveau venu. Mais lorsqu’il l’a croisé dans l’ascenseur à Columbus, vendredi dernier, à quelques heures du premier affrontement Canada-États-Unis, Pacioretty a compris que ce n’était pas le moment de narguer son nouveau coéquipier.

« Il était en mode “match” et même si je le connais depuis quelques semaines, je ne l’avais pas encore vu en mode “match”. Il faisait peur ! Ça se voyait aussi durant les hymnes nationaux…

« Je vais peut-être lui envoyer des messages textes lors des journées d’entraînement, mais les jours de match, voyant à quel point il est absorbé, je pense que je vais m’abstenir. »

On n’a pas fini de parler de cet échange. Le rendement des deux joueurs sur la glace et leur contribution globale au sein de leur nouvelle équipe détermineront un jour qui a eu le dessus dans la transaction. Mais en attendant, ce qui frappe le plus, c’est de voir à quel point le respect des joueurs envers Shea Weber est généralisé.

Un type qui en impose : c’est en plein ce que cherchait Marc Bergevin.

« C’est la culture qu’il amène, a décrit le DG. Notre équipe amène un joueur de calibre avec son leadership et sa prestance. C’est un vrai pro et nos jeunes vont bénéficier de sa présence, non seulement sur la patinoire, mais simplement en étant toujours autour de lui. »

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