Santé

Les soins en santé mentale, aux aînés et aux enfants vulnérables écopent

Les établissements de santé de la métropole devront retrancher 87 millions à leur budget cette année, selon de nouvelles données de l’agence de la santé et des services sociaux de Montréal. Les programmes de santé mentale, de soins aux aînés et de services aux enfants souffrant de déficience intellectuelle et de troubles envahissant du développement sont précisément visés par les coupes, car ils sont considérés par le ministère de la Santé comme étant en « richesse relative ».

Dans le tableau qui présente « l’effort d’optimisation 2014-2015 » du réseau de santé montréalais, on constate que les établissements devront économiser cette année 17 millions en administration, 8,4 millions en alimentation, mais également 9 millions en santé mentale, 8,8 millions en soins aux aînés et 2,3 millions en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement.

Geneviève Dufresne, directrice des finances de l’agence de la santé de Montréal, assure que ces coupes n’entraîneront pas de diminution des services à la population. Elle explique que l’Agence a comparé les différents programmes des hôpitaux et a établi un « coût moyen » pour divers services. 

« On a identifié des éléments où des réductions de coût unitaire peuvent être faites. […] Ces programmes sont considérés comme étant en richesse relative selon les critères du Ministère. »

— Geneviève Dufresne, directrice des finances de l’agence de la santé de Montréal

La présidente de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Carolle Dubé, croit au contraire que l’impact sur les services est inévitable. « On voit déjà des postes abolis et des listes d’attente qui s’allongent. Les services seront réduits. Et ce qui est encore plus triste c’est que ça vise des clientèles déjà vulnérables », estime-t-elle.

« Il y a déjà des coupes de postes de préposés aux bénéficiaires, d’intervenants en santé mentale, d’infirmières… C’est sûr que la population va voir les effets », affirme Luc Bastien, vice-président pour Montréal de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).

COUPES CHEZ LES AÎNÉS

Plusieurs établissements devront réaliser des économies dans leur département de soins aux aînés, dont le centre de santé et de services sociaux (CSSS) Lucille-Teasdale (800 000 $) et le CSSS Bordeaux-Cartierville (800 000 $).

Au CSSS de Dorval-Lachine-LaSalle, 503 000 $ devront être économisés. Trois des cinq postes de l’équipe de psychogériatrie seront supprimés, a appris La Presse. Cette équipe offrait des soins aux personnes âgées seules et vulnérables en les aidant à rester à domicile le plus longtemps possible. Une liste d’attente doit également être créée dans le département de soins à domicile, a annoncé l’établissement dans une lettre distribuée aux employés.

Lise Fortin, directrice des programmes pour aînés du CSSS, explique que le département de psychogériatrie était « non performant » depuis des années et qu’il a dû être révisé. Mme Fortin assure que les clientèles ne subiront aucun effet, car les services seront offerts par le soutien à domicile ordinaire. En ce qui concerne les soins à domicile, Mme Fortin assure que les clientèles prioritaires continueront d’être suivies. Seuls les patients considérés comme non prioritaires devront patienter.

SOINS AUX PERSONNES VULNÉRABLES CIBLÉS

L’an dernier, les établissements de santé de Montréal avaient dû retrancher 101 millions dans leur budget, soit un peu plus que cette année.

Mais pour la présidente de l’APTS, la différence majeure cette année est que les compressions toucheront directement les services à la population. « On a établi des cibles précises de coupes dans les services », dénonce Mme Dubé.

À l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, 1 million devra par exemple être retranché en santé mentale. L’hôpital de Rivière-des-Prairies semble particulièrement touché cette année, avec des coupes de 5,4 millions, contre 1,7 million l’an passé. Plus de 3 millions de ces ponctions seront effectuées dans les soins en santé mentale.

Le Centre de réadaptation en déficience intellectuelle et en troubles envahissants du développement (CRDITED) de Montréal doit quant à lui réduire de 1,5 million les services aux enfants présentant une déficience intellectuelle ou un trouble envahissant du développement. La responsable des communications du CRDITED de Montréal, Sylvie Carle, assure que les coupes ne toucheront pas les services aux enfants. « On mise sur une diminution des espaces locatifs. On ferme des points de service, entre autres. C’est un effort considérable. Mais on va y arriver sans toucher aux services », affirme-t-elle.

PAS JUSTE À MONTRÉAL

Montréal n’est pas la seule région à subir d’importantes compressions budgétaires en santé. Dans la région de Saint-Jean-sur-Richelieu, 80 postes d’infirmières doivent être supprimés pour atteindre les cibles de compressions de 5,5 millions pour 2014-2015. Hier midi, une manifestation a eu lieu devant l’hôpital du Haut-Richelieu pour dénoncer la situation. « Nous sommes une des régions les plus touchées. Il y aura un impact sur les services à la population. On prévoit la fermeture de 27 lits en pédiatrie, 10 lits en médecine et 2 lits en soins intensifs », a expliqué la présidente du Syndicat des professionnelles de la santé Haut-Richelieu/Rouville (SPSHRR), Sylvie Jovin.

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