Virus du papillome Humain

Hausse préoccupante du nombre de cancers chez les hommes

L’incidence des cancers de la gorge et de la bouche associés au virus du papillome humain (VPH) a bondi de 56 % en 20 ans chez les hommes canadiens, révèle la Société canadienne du cancer, qui encourage les parents à faire vacciner leurs enfants contre le VPH. Diffusé aujourd’hui, le rapport Statistiques canadiennes sur le cancer 2016 comporte un chapitre spécial sur les cancers associés au VPH. En voici quelques faits saillants.

Risque élevé pour les hommes 

En 2016, près de 4400 Canadiens apprendront qu’ils sont atteints d’un cancer associé au VPH, tandis que 1200 en mourront. Dans un cas sur trois, il s’agira d’un cancer de la bouche ou de la gorge. « Le taux d’incidence des cancers de la bouche et de la gorge associés au virus du papillome humain a augmenté de 56 % chez les hommes et de 17 % chez les femmes en l’espace de 20 ans (1992-2012). Le risque pour les hommes est quatre fois supérieur à celui des femmes », indique-t-on dans le document produit en collaboration avec l’Agence de santé publique du Canada et Statistique Canada.

Vacciner les garçons

Même si l’incidence des cancers associés au VPH est faible – ils comptent pour 2 % de tous les nouveaux cas de cancer –, la Société canadienne du cancer exhorte les parents à faire vacciner leurs filles et leurs garçons. Dans les écoles québécoises, le vaccin est offert gratuitement aux filles et, depuis septembre 2016, il est aussi proposé aux garçons. Quatre provinces et les territoires ne l’offrent toujours pas gratuitement aux garçons. « On pense à tort que le VPH ne cause que le cancer du col de l’utérus. Au contact du virus, les hommes risquent aussi de développer des cancers, insiste André Beaulieu, porte-parole de la Société canadienne du cancer. On prévoit que, bientôt, les cas de cancer de la bouche et de la gorge associés au VPH surpasseront en nombre les cas de cancer du col de l’utérus. On peut les prévenir. »

Éradiquer le cancer du col de l’utérus

« Pour la première fois dans l’histoire de la médecine, nous avons la possibilité d’éradiquer un cancer, grâce à la vaccination et à de nouvelles technologies de dépistage très efficaces. Dans les prochaines décennies, le cancer du col de l’utérus pourrait être chose du passé et, du même coup, tous les cancers associés au VPH », dit le DEduardo Franco, expert de réputation internationale dans le domaine du VPH et directeur du département d’oncologie de la faculté de médecine de l’Université McGill. Mais encore faut-il vacciner les gens. À travers le pays, l’adhésion à la vaccination oscille entre 40 % et 91 %. « À partir d’un taux de 70 % de vaccination, on commence à voir un effet de protection immunitaire sur la population et on voit un déclin rapide du VPH. Au Québec, comme on donne deux doses au lieu de trois, l’adhésion est satisfaisante (74 %). » Jusqu’à maintenant, 100 millions de doses du vaccin contre le VPH ont été administrées dans le monde.

Plusieurs cancers associés au VPH

Il existe une centaine de types de VPH, mais les types VPH 16 et VPH 18 (visés par le vaccin) sont communs et présentent un haut risque de cancer. Selon les données de la Société canadienne du cancer, le VPH cause tous les cancers du col de l’utérus, de 80 à 90 % des cancers de l’anus, de 40 à 50 % des cancers du pénis, 40 % des cancers du vagin et de la vulve, de 25 à 35 % des cancers de la bouche et de la gorge (le tabac et l’alcool étant des facteurs de risques majeurs). « Jusqu’à 75 % des femmes vont être exposées au VPH au cours de leur vie, d’où l’importance de vacciner les jeunes pour les protéger du cancer dans l’avenir. Le vaccin est sûr et son efficacité est de 70 à 90 % », indique M. Beaulieu.

202 400 nouveaux cas

Et le cancer au pays ? Toutes les heures, environ 23 personnes apprennent qu’elles ont un cancer (tous types confondus), tandis que 9 personnes meurent de la maladie, souligne-t-on dans le rapport. Plus précisément, on estime qu’il y aura cette année 202 400 nouveaux cas de cancer au Canada, dont 51 900 au Québec. Environ 78 800 Canadiens mourront de la maladie, dont 21 300 Québécois. Le Canada fait face à une hausse prévue de 40 % du nombre de cas de cancer entre 2015 et 2030, en raison de l’augmentation et du vieillissement de la population. La moitié des cas de cancer seraient néanmoins évitables.

Cancers les plus répandus

Chez les femmes, les cas de cancer du sein représentent 26 % de tous les nouveaux cas de cancer ; c’est le cancer le plus diagnostiqué. Chez les hommes, le cancer le plus répandu est celui de la prostate, soit 21 % de l’ensemble des nouveaux cas de cancer chez eux. En 2016, on estime que 25 700 Canadiennes (6300 Québécoises) recevront un diagnostic de cancer du sein, tandis que 21 600 Canadiens (4700 Québécois) recevront un diagnostic de cancer de la prostate. Le cancer du poumon demeure néanmoins la cause principale de décès : on estime que 20 800 Canadiens mourront de cette maladie cette année, dont 6500 au Québec.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.