Santé mentale
Grands-parents et parents dépressifs, enfants plus à risque
La Presse
Les enfants de parents déprimés ont deux fois plus de risque de faire une dépression. Mais si un grand-parent était également déprimé, le risque est trois fois plus élevé, selon une nouvelle étude américaine.
« Ces résultats sont particulièrement importants pour les enfants et les adolescents », explique l’auteure principale de l’étude publiée à la mi-août dans la revue
, Myrna Weissman, de l’Université Columbia.« Le dépistage est particulièrement difficile à ces âges. La dépression se manifeste souvent par de l’anxiété chez l’enfant, et à la puberté, des émotions violentes et de l’angoisse compliquent le diagnostic. Je pense que si on a un enfant de 10 ans anxieux ou un ado qui a l’air déprimé et dont les parents et les grands-parents ont des antécédents de dépression majeure, il vaut mieux bien les surveiller. »
La D
Weissman a commencé à observer 91 parents déprimés voilà près de 35 ans. « Je voyais bien à mon travail à l’Institut psychiatrique de l’État de New York qu’il y avait de la dépression dans les familles. Je les ai vus depuis tous les cinq ans, ainsi que leurs enfants. Maintenant, ils ont en tout 250 petits-enfants, qui ont un âge moyen de 18 ans. »Il s’agit d’une cohorte unique au monde.
« Bien sûr, avec les registres populationnels scandinaves, on a pu montrer ce type d’effet d’une génération à l’autre. Mais le genre d’étude que je fais, avec des questionnaires et des données détaillées sur les membres de la cohorte, est essentiel pour confirmer l’augmentation du risque. »
— La D
Myrna WeissmanÀ noter, si les enfants d’un grand-parent déprimé ne l’étaient pas, le risque n’augmentait pas pour les petits-enfants. « Nous avons fait des analyses génétiques, et il semble que les enfants de parents déprimés aient moins souvent un gène protecteur contre la dépression, explique la D
Weissman. Il se peut aussi que les enfants de parents déprimés soient mieux suivis par leur médecin. La meilleure prévention contre la dépression à l’enfance, c’est de traiter les parents s’ils sont déprimés. »La psychiatre et épidémiologiste new-yorkaise veut maintenant poursuivre chez les petits-enfants des études neurologiques entamées chez les deux premières générations, qui ont montré que le cerveau des enfants de déprimés a un volume moins grand, ce qui est un facteur de risque. « Nous voulons aussi approfondir des résultats sommaires sur un possible rôle protecteur de la religion », ajoute la D
Weissman.Les questionnaires de dépistage de la dépression chez les enfants et les adolescents ne sont pas fiables, selon une nouvelle étude de l’Université McGill. L’étude publiée dans la
a recensé les 17 études évaluant l’efficacité de ces outils de diagnostic et a conclu que les méthodes variaient beaucoup et que le nombre de petit cobayes était généralement trop faible pour donner des résultats statistiquement significatifs. Aux États-Unis, le Groupe de travail sur les services de prévention (USPSTF) a récemment recommandé le dépistage lors des visites annuelles chez le médecin de famille pour les 13 à 18 ans. Une approche que le Canada n’a pas suivie.