MISSION : CONTRIBUER À NOURRIR LE MONDE
NOM : Denis Richard PROFESSION : producteur céréalier, administrateur à La Coop Parisville et président de La Coop fédérée VILLE : Leclercville
Le secteur agricole est méconnu du grand public et de la communauté d’affaires. Pourtant, il contribue grandement à l’économie du Québec et crée des milliers d’emplois. Nous avons rencontré Denis Richard, président de La Coop fédérée, la plus importante organisation agroalimentaire au Québec.
Les agriculteurs d’aujourd’hui sont souvent des gestionnaires. Avec l’agrandissement des fermes, plutôt que de travailler la terre avec leurs mains tous les jours, ils ont souvent beaucoup d’employés et font de la gestion d’entreprise. Ils sont aussi très informés des avancements technologiques, puisqu’on assiste à des changements importants dans ce domaine. Par exemple, depuis environ cinq ans, les producteurs sont presque tous équipés d’autoguides. En plus de conduire le tracteur dans le rang, un autoguide peut gérer et garder en mémoire les taux de semis et récupérer les données de dénivellation. Également, depuis un an, des drones sont utilisés pour faire l’inspection des champs. L’agriculteur d’aujourd’hui se doit d’être éduqué, performant, curieux.
Protéger au maximum la gestion de l’offre est un enjeu important. Le gouvernement canadien a négocié une certaine ouverture dans ce domaine, ce qui aura des conséquences sur notre modèle agricole au Québec. Dans le secteur laitier, par exemple, l’ouverture des frontières avec l’Europe aura des conséquences inquiétantes. D’un autre côté, l’entente intervenue dans le partenariat Transpacifique permet une ouverture plus grande avec le Japon, où il y a un frein au commerce dans le secteur du porc, des céréales et du soya.
Les développements technologiques vont révolutionner la production et le commerce en agriculture. Capteurs de rendement, systèmes d’autoguides, drones… une telle quantité de données est difficile à gérer. C’est la prochaine étape : trouver comment juxtaposer ces informations pour réussir à faire une agriculture de pointe, qui soit la plus rentable possible.
La Coop fédérée contribue à nourrir le monde depuis 1922. À l’époque, elle devait rassembler environ 400 000 agriculteurs issus de petites fermes qui faisaient de l’agriculture de subsistance et qui vendaient le surplus de leur récolte. On peut comprendre que ce n’était pas la même commercialisation qu’aujourd’hui ! Avec le temps, La Coop fédérée a évolué pour s’adapter aux changements de l’industrie. Aujourd’hui, il y a une centaine de coopératives, qui représentent 100 000 membres, dont 70 000 au Québec et 30 000 dans le reste du Canada. La Coop fédérée est d’ailleurs présente dans trois secteurs d’activités : l’agricole, le détail (avec nos marques Sonic, BMR et Unimat) et les viandes (avec Olymel).
Nous accompagnons les entrepreneurs d’un bout à l’autre de la chaîne. Par exemple, dans nos fermes de recherche, des généticiens trouvent les meilleures variétés de semences que nous vendons ensuite aux producteurs, qui les font pousser pour nourrir leurs animaux. Ensuite, nous achetons ces animaux pour les mener à nos abattoirs. Enfin, nous mettons le produit sur le marché.
L’aspect coopératif de notre entreprise est aussi une différence importante dans sa raison d’être et dans sa façon de faire. Les utilisateurs nomment les membres au conseil et s’assurent que l’entreprise reste pertinente pour eux. Bien sûr, nous sommes soumis aux mêmes règles du marché qu’une entreprise à capital-actions ou à propriétaire unique, mais chez nous, c’est l’usage qui décide du montant du bénéfice que chacun va recevoir. Nos propriétaires ont donc une vision à long terme.
La nouvelle génération de consommateurs est plus critique par rapport à ses achats et au développement durable. Selon leurs préférences de consommation, les supermarchés exigent des producteurs des normes différentes. Les gens veulent en savoir plus sur leur nourriture, c’est à nous de les informer, nous sommes les mieux placés, puisque nous sommes présents de la terre à l’assiette.