publisac et cahiers publicitaires

Un groupe d’élus recommande la distribution sur demande

Un groupe d’élus municipaux chargés d’étudier la réglementation sur la distribution de matériel publicitaire à Montréal recommande à l’unanimité que l’administration Plante adopte la formule de l’opt-in.

Dans un mode de distribution opt-in, ou option d’adhésion, ceux qui désirent recevoir du matériel publicitaire comme le Publisac doivent signifier leur accord. C’est l’option conseillée pour Montréal et ses arrondissements par la Commission permanente sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs, composée d’élus municipaux chargés d’étudier la question.

On conseille également l’interdiction des emballages en plastique pour le matériel publicitaire. Ils devraient être remplacés par des emballages qui n’ont pas besoin d’être séparés de leur contenu pour être adéquatement recyclés.

Cependant, la recommandation concernant la distribution est assortie de plusieurs conditions. Le contenu publicitaire distribué par Postes Canada devrait être assujetti à la même réglementation que les distributeurs de circulaires.

« C’est l’illogisme même de légiférer certains distributeurs, mais pas la société d’État », plaide Francesco Miele, conseiller municipal du district de Côte-de-Liesse et vice-président de la Commission sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs.

« La Ville de Montréal a le devoir d’aller chercher un engagement du fédéral, pour nous, c’est une condition. Si on crée un monopole, on ne solutionne rien. Présentement, il y a une incertitude quant à savoir si Postes Canada serait assujettie à notre règlement », poursuit-il.

Au vu de l’important changement de cap qu’entraînerait ce nouveau mode de distribution, le comité conseille un délai raisonnable avant l’entrée en vigueur de l’opt-in.

La production massive hebdomadaire a été au centre des discussions, confirme Francesco Miele. 

« Pourquoi produire quelque chose lorsqu’on sait que la personne n’en veut pas ? Les personnes ont déjà le choix de ne pas recevoir [les cahiers publicitaires], mais des gens ne prennent pas la peine de dire qu’ils n’en veulent pas. »

— Francesco Miele, conseiller municipal de Côte-de-Liesse

Dans le contexte d’une réduction à la source et de grands enjeux avec les centres de tri, le fardeau ne doit pas retomber sur les épaules du citoyen, plaide-t-il.

Les recommandations traitent de matériel publicitaire, donc un journal ne serait pas concerné. Les journaux locaux sont cependant liés à la distribution de circulaires. La Ville doit les soutenir dans les démarches de transition, recommande la commission.

« Les recommandations représentent ce que les gens veulent », affirme Pascal Longpré, citoyen présent jeudi soir. Il s’est toutefois inquiété de « pressions de la part de Transcontinental et de différents lobbys pour maintenir le Publisac en vie pendant la commission et la délibération ».

« Même si la Ville choisit de développer le modèle opt-in, elle se doit de renforcer son modèle opt-out en attendant et, surtout, de travailler avec tous les acteurs du milieu, y compris les entreprises de distribution publicitaire et les autres [ordres de gouvernement], afin de trouver des solutions pour la distribution de la presse locale », a conclu M. Miele

« Le système d’opt-out fonctionne »

Ces recommandations sont « insensibles, incohérentes et impraticables », se désole François Olivier, président et chef de la direction de TC Transcontinental. Environ 87 % des Montréalais lisent le Publisac en format papier et des milliers d’emplois au Québec dépendent de cet écosystème, plaide-t-il. Selon lui, un système d’opt-in signerait l’arrêt de mort du courrier non adressé. Aucun pays au monde n’applique ce système, poursuit-il.

« Il y a deux distributeurs qui font du courrier non adressé à Montréal : Transcontinental et Postes Canada. On sait très bien que Postes Canada n’aurait pas à se soumettre [au règlement de l’opt-in] parce qu’elle est protégée par une charte fédérale », laisse tomber M. Olivier.

Gérer une base de données de 3 millions de personnes est très onéreux et ne serait pas viable. 

« La distribution adressée coûte plus cher que la distribution non adressée. C’est pour ça que ça annoncerait la fin. »

— François Olivier, de TC Transcontinental

« Le système d’opt-out fonctionne. On peut le perfectionner et il a intérêt à être mieux connu. Le Publisac est un écosystème, des gens l’utilisent et en dépendent. On invite la Ville de Montréal à instaurer un dialogue avec nous, pour améliorer un système qui est prisé par la majorité des Québécois », se défend Isabelle Marcoux, présidente du conseil d’administration de TC Transcontinental. Son père, Rémi Marcoux, maintenant retraité, a été l’inventeur du Publisac, dit-elle.

« Pour le distributeur, la décision d’abandonner le Publisac lui reviendra. […] Ce sont des recommandations, l’administration de la Ville verra ensuite ce qu’elle fera. On ne peut pas se prononcer », affirme quant à elle Valérie Patreau, présidente de la Commission et élue de l’arrondissement d’Outremont.

Elle doute que Postes Canada enfreigne la réglementation montréalaise, si les recommandations sont adoptées. « La Commission a pris en compte tous les aspects. Nous n’avons pas banni les circulaires publicitaires, on demande un changement du format de distribution », se défend-elle.

Le débat du Publisac

Bien que le rapport ait étudié la distribution de tout le matériel publicitaire en territoire montréalais, c’est le Publisac qui a beaucoup fait parler ces derniers mois. La question environnementale a été au cœur du débat entre partisans et opposants du Publisac. Sa production et sa distribution génèrent des tonnes de papier et de plastique.

Toutefois, certains jugent que la modification du mode de distribution du Publisac porte préjudice aux ménages à faible revenu et à la distribution des journaux locaux.

Pour le moment, la distribution du Publisac, dans trois millions de foyers au Québec, fonctionne selon le principe de l’opt-out. Ceux qui choisissent de ne pas le recevoir indiquent leur décision sur leur porte à l’aide d’un autocollant.

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