Objet de légende

La botte Blundstone

Pause braque son projecteur sur un objet qui attise les désirs et attire les regards depuis longtemps, et pour des années encore.

Année de création : 1870

Inventeurs/créateurs : John et Eliza Blundstone, un couple britannique qui a quitté l’Europe pour l’Australie dans les années 1850.

Pays : Australie, dans l’État de la Tasmanie

Aussi, cette année-là : Louis Riel négocie l’entrée de la province du Manitoba dans la Confédération canadienne ; Napoléon III capitule à Sedan et le siège de Paris commence ; Vladimir Ilitch Lénine naît.

Les modèles : une centaine, dont l’original, le 500, qui n’a pas changé depuis 145 ans.

La légende

Les « tradies », travailleurs de la construction australiens, les portent au quotidien, même quand il fait 40 °C. Ici, les Québécois de 20 à 60 ans les apprécient parce qu’elles résistent à l’hiver, mais respirent tout de même assez pour être portées par temps doux. Les bottes Blundstone traversent les saisons comme elles traversent les époques, en grande partie en raison de leur style sobre et de leur durabilité (et de leur robustesse et de leur imperméabilité…).

Les origines

En quittant le Royaume-Uni pour l’Australie en 1853, les frères James et Thomas Cuthbertson croyaient accoster à Melbourne. Leur itinéraire a été dévié, et ils se sont plutôt retrouvés à Hobart, capitale (et colonie pénitentiaire !) de l’État de la Tasmanie. Au cours des mêmes années, les Britanniques John et Eliza Blundstone ont eux aussi élu domicile à Hobart. James s’est lancé dans la confection et l’importation de chaussures ; John a fait de même en 1870. Entre 1856 et 1873, John et sa femme ont eu 10 enfants et construit une entreprise prospère… qui a pourtant mal survécu à la mort du paternel, en 1895. Blundstone a finalement été acheté par les frères Cuthbertson en 1932. Les « Blunnies » ont pu garder leur nom. Et elles appartiennent toujours à la famille Cuthbertson aujourd’hui.

Le savoir-faire

Les bottes Blundstone ont quatre composantes : une semelle qui réduit les impacts, une empeigne de cuir résistante à l’eau, des élastiques latéraux et deux languettes de traction. Leur secret tient à leur simplicité : pas de lacets et peu de coutures, pour une botte qui se moule aux pieds sans faire d’ampoules. À la confection, aucune colle n’est utilisée. L’empeigne de cuir est recourbée et intégrée aux semelles, « moulées » pour épouser le bas de la botte par la pression et la chaleur. « Quand on vend une botte Blundstone, on ne revoit pas le client avant cinq ou sept ans », observe Marie-Hélène Beaulac, copropriétaire de Bottes et Baskets, à Montréal. Les prix sont fixes, à 189 $ ou 219 $, selon le modèle. « Si vous en trouvez à 100 $, c’est de la contrefaçon », prévient Marie-Hélène.

Portée par…

Tout le monde ! Les enfants aiment les « Blunnies », faciles à enfiler. Les Québécois apprécient qu’elles résistent à l’hiver, mais les portent aussi l’été. Les gens d’affaires affectionnent le modèle à la silhouette ciselée, chic sous un pantalon de travail. Le modèle de construction certifié (une variante de la « botte à cap d’acier », faite avec du polymère de marque Kevlar) plaît aux charpentiers, ingénieurs, menuisiers, agriculteurs ou pompiers. Ceux qui portent des orthèses les choisissent aussi pour leur profondeur.

Aujourd’hui

Signe d’un succès qui ne se dément pas, Blundstone commanditait cette année le festival de films de Sundance. John Slattery, de Mad Men, en a porté sur le tapis rouge. Ailleurs, le chef américain Kevin Gillepsie, l’actrice Keri Russell, la top modèle Linda Evangelista et Levi McConaughey (le fils de Matthew !) s’affichent aussi Blundstones aux pieds. Les bottes sont toujours faites à Hobart, en Tasmanie, au rythme de 400 000 paires par jour. En 2014, les ventes internationales de Blundstone ont bondi de 40 %. Une hausse que le chef de la direction, Steve Gunn, a notamment attribuée à l’intérêt des femmes pour les « Blunnies ».

Oh, et si le criquet et le football australiens vous intéressent, Blundstone a désormais un stade à son nom, en Tasmanie.

Où les trouver ?

À Montréal : chez Bottes et Baskets, Tony Pappas, Mile End Kicks et Neon, entre autres. Ailleurs, dans certaines boutiques spécialisées ou dans les magasins de sport et de plein air.

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