silo no 5

nous avons un gagnant

C’est la proposition du promoteur Devimco qui a été retenue par le comité d’évaluation mis sur pied par la Société immobilière du Canada (SIC) pour mettre en valeur les terrains de la Pointe-du-Moulin et du Silo no 5, a appris La Presse en consultant plusieurs acteurs de la scène immobilière.

Le groupe présidé par Serge Goulet a été préféré aux deux autres finalistes, soit First Capital, qui fait équipe avec Montoni, et Prével. À la mi-juin, ces trois groupes avaient présenté de vive voix leur proposition au comité, auquel siègent huit personnes, dont Dinu Bumbaru, directeur des politiques à Héritage Montréal, Pierre Bellerose, VP à Tourisme Montréal, et Sylvie Vachon, PDG du Port de Montréal.

À la Société immobilière du Canada, le responsable des relations médias, Jean-Philippe Rochette, dit qu’il ne peut rien confirmer ou infirmer, le processus étant toujours en cours. « Aucune annonce ne sera faite avant plusieurs semaines », soutient-il.

« Nous ne pouvons commenter ce dossier, ayant signé une clause de confidentialité avec la Société immobilière du Canada », a fait savoir de son côté André Bouthillier, porte-parole de Devimco.

À ce stade du processus, on ignore la teneur de la proposition gagnante, tout comme de celle des deux autres finalistes.

Faisant un demi-kilomètre de long, le Silo no 5 est désaffecté depuis 1994. Les projets et annonces à propos de sa mise en valeur se sont succédé au fil des ans. Par exemple, en novembre 2010, la SIC annonçait vouloir réhabiliter le silo à temps pour le 375e anniversaire de Montréal, en 2017. Les frais d’entretien de ce mastodonte oscillaient autour de 500 000 $ par année à l’époque.

De son côté, le Port de Montréal avait lancé un appel d’offres à propos de sa conversion en 2005. Il était alors question d’y ériger une tour locative de 50 étages et d’y déménager le Musée d’art contemporain.

Cette fois sera la bonne ?

La SIC a lancé un appel public à propositions en février dernier. Elle prévoyait que le processus d’évaluation des propositions durerait environ sept mois. Dans ses critères d’évaluation, la SIC s’intéresse à la qualité et à la viabilité du développement, à la préservation des structures patrimoniales, à l’accessibilité du secteur riverain pour le public et aux connectivités avec les quartiers voisins.

Il était aussi question de donner des points à la proposition en fonction du profil du promoteur, de son expérience, de la qualité du projet proposé et de sa solidité et de sa viabilité financières.

L’objectif, expliquait la SIC en février, est de densifier le secteur de la Pointe-du-Moulin, qui s’étend sur 750 000 pi2 en y aménagement un quartier à usages multiples : à la fois résidentiel, commercial et touristique. L’aménagement permet de financer la réhabilitation du Silo no 5 en un projet emblématique pour la métropole, une condition sine qua non à l’acceptation du projet.

La Pointe-du-Moulin est composée du Silo no 5 et des terrains en bordure de la rue Mill.

Devimco, incontournable

Retenu pour lotir la Pointe-du-Moulin, Devimco augmente ainsi son emprise sur un secteur de la ville à fort potentiel, à proximité du centre-ville, et qui profitera de l’arrivée du Réseau express métropolitain (REM) dès 2021.

« L’intérêt manifesté par Devimco [pour la Pointe-du-Moulin] est logique dans les circonstances », a dit Jean Laurin, président et chef de la direction de l’agence Devencore, à qui La Presse a demandé de commenter l’information. Ce vétéran de l’industrie fait référence au fait que Devimco est déjà bien présent dans le quartier.

Le promoteur, qui construit actuellement des tours d’habitation au square Children’s, sur le site de l’ancien Hôpital de Montréal pour enfants, et dans le quartier Solar, à Brossard, détient des options d’achat sur environ 30 % de la superficie des terrains du bassin Peel, où l’on projette de construire un stade de baseball pour le retour des Expos. D’ailleurs, Devimco fait équipe avec Claridge, le holding familial de Stephen Bronfman, pour acquérir un terrain de 1 million de pieds carrés du bassin Peel appartenant aussi à la SIC.

En outre, Devimco détient aussi des options sur la cour de conteneurs de la société Ray-Mont Logistiques en bordure de la rue Wellington, dans le même secteur.

Une fois que le projet retenu sera annoncé publiquement par la SIC, il est prévu qu’il fasse l’objet de consultations publiques. Un changement de zonage s’ensuivra. Suivront l’étape des plans et devis puis le début des travaux.

Silo no 5

des projets tués dans l'œuf

Abandonné depuis 25 ans, le Silo no 5 a fait rêver bien du monde. Voici quelques-uns des projets qui ne se sont pas matérialisés.

Camping urbain, 2017

Au printemps 2017, l’entrepreneur et ébéniste Daniel Jourdain a présenté un projet de camping urbain à l’ombre du Silo no 5. Il était question de restaurer de vieux bateaux et de monter des tentes, semblables à celles qu’on trouve dans les espaces de Parcs Canada, pour permettre aux touristes d’y passer la nuit. Le projet ne s’est jamais concrétisé, et l’entreprise de M. Jourdain a fait faillite.

Origine, 2016

L’homme d’affaires Benoît Berthiaume et l’architecte bien connu Pierre Thibault ont proposé, en 2016, de faire de ce site un pôle touristique de « calibre mondial » : passerelles aériennes, hôtel contemporain de 125 chambres soutenu par un enchevêtrement de pilotis d’acier, 1000 unités d’habitation, école, bureaux… Ce projet, baptisé Origine, a été soumis en février à la suite de l’appel de propositions lancé par la Société immobilière du Canada (SIC), mais n’a pas franchi la deuxième étape du processus de sélection.

Centre de données, 2012

En 2012, l’entreprise Vert.Com a évoqué la possibilité de transformer le Silo no 5 en un centre de stockage de données. Le projet, connu sous le nom de Siloctet, consistait en l’installation de 112 000 serveurs informatiques dans les cylindres du mastodonte de béton. Il n’a jamais reçu l’assentiment de la SIC, propriétaire du site depuis 2010.

Tour-phare, 2005

L’administration portuaire de Montréal avait lancé un vaste concours en 2005 pour assurer la remise en valeur des installations. Six projets se faisaient concurrence, dont celui de la firme d’architectes Saucier + Perrotte, qui avait proposé un vaste projet tournant autour du thème de l’eau. Il comportait une immense tour évoquant l’imagerie du phare. Le concours n’a pas eu de suite.

Silophone, 2000

Au début des années 2000, on a assisté à un véritable bouillonnement de projets décrits dans une étude préparée pour la Société du Hâvre. BRAQ et In situ voulaient en faire un observatoire, l’architecte Dan Hanganu proposait de planter une forêt sur le toit de la partie ouest et de créer une place publique nommée le « silophone », le cabinet d’architectes Boutros + Pratte pensait à un circuit d’interprétation, l’agence LeMoyne Lapointe Magne (Lapointe Magne et associés, depuis 2001) voulait plutôt en faire un immense aquarium. À la même époque, le Musée d’art contemporain a caressé l’idée de déménager dans le Silo à grains no 5, mais a finalement décidé de rester à la Place des Arts.

— Suzanne Colpron, La Presse

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.