Exploitation des sans-papiers

Québec serrera la vis aux agences de placement

« Très préoccupée » par l’exploitation de travailleurs migrants par des réseaux plus ou moins clandestins de la région de Montréal, la ministre responsable du Travail, Dominique Vien, entend faire le ménage au sein des agences de placement. Elle veut trouver le moyen d’encadrer ce secteur « problématique » d’ici la fin de l’année, possiblement par une législation.

« Ce n’est pas la première fois qu’on entend des choses horribles sur les agences de placement », dit l’attaché de presse de la ministre, Florent Tanlet, en faisant référence à une enquête de La Presse sur la dure expérience des sans-papiers de Montréal. « Le premier ministre lui-même a reconnu qu’il y avait urgence d’agir. »

En décembre, Dominique Vien a demandé au Comité consultatif sur les normes du travail de se pencher sur la question. En mars, elle a donné au comité jusqu’à cet été pour lui remettre ses recommandations. « On veut arriver avec une solution d’ici la fin de l’année 2017, dit M. Tanlet. La volonté d’encadrer est là. »

Toutes les solutions sont envisagées, y compris celle d’adopter une loi pour « contrer le fléau » des agences qui recrutent des travailleurs sans papiers et qui profitent de leur vulnérabilité pour s’en mettre plein les poches.

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) exhorte d’ailleurs le gouvernement à légiférer pour mettre fin à la pratique. « C’est une exploitation qui frôle l’esclavagisme. Au XXIsiècle, il est tout à fait inconcevable que des hommes et des femmes, immigrants et vulnérables, travaillent dans des conditions aussi affligeantes », a dénoncé Jean Lacharité, vice-président de la CSN, dans un communiqué de presse diffusé dans la foulée de nos reportages.

« Ville sanctuaire »

Le maire promet « du concret »

Denis Coderre promet que son projet de « ville sanctuaire » offrira une aide concrète aux sans-papiers de Montréal. « Je ne suis pas dans les vœux pieux », a-t-il assuré hier, en réaction à notre série de reportages sur les migrants à statut précaire de la métropole. Le 20 février, le conseil municipal a adopté à l’unanimité une déclaration faisant de Montréal une « ville sanctuaire », où les sans-papiers peuvent recevoir des services municipaux sans craindre d’être expulsés du pays. Saluée comme « un bon début » par les observateurs, la déclaration a toutefois suscité les critiques de ceux qui y voient beaucoup de bonnes intentions mais, jusqu’ici, très peu d’actions sur le terrain. Le maire Coderre prévoit que le projet sera mis en place à l’automne. « Les villes ont une responsabilité, un rôle à jouer, a-t-il estimé. C’est ce qu’on appelle un gouvernement de proximité. »

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