Congrès national du parti québécois

  

Au terme d’une deuxième journée de congrès où il a beaucoup été question d’éducation, les militants du Parti québécois ont massivement appuyé le chef Jean-François Lisée lors du vote de confiance. 

Congrès national du Parti québécois

En route vers le « grand vote de confiance collectif »

Jean-François Lisée a obtenu un appui massif de ses militants, réunis à Montréal pour le congrès national du Parti québécois. En décrochant hier un résultat de 92,8 % au vote de confiance, le chef a reçu un nouvel élan qui le mènera, espère-t-il, vers le « vote de confiance collectif » :  les élections d’octobre 2018.

Un Jean-François Lisée ému

« Quelle émotion ! », a répété à plusieurs reprises Jean-François Lisée, hier, en montant sur scène alors que sa formation politique lui accordait sa confiance dans une proportion de 92,8 % – un score légèrement inférieur à celui qu’avait obtenu Pauline Marois, en 2011, avec 93,08 %.

« Je me disais : “Peut-être que je vais avoir plus que 80 %” », a enchaîné le chef péquiste, qui avait reçu le résultat du vote vers 16 h 30, deux heures avant qu’il ne soit divulgué aux délégués. Sa réaction traduisait sa surprise et son contentement ; son entourage n’avait pas fait de pointage parmi les délégations. On estimait hier que son discours de vendredi soir, à l’évidence destiné aux militants, lui avait probablement donné cinq points supplémentaires à l’urne.

« C’est ça, le lien de confiance que nous voulons tisser avec les Québécois lors du grand vote de confiance collectif dans un an, à l’élection du 1er octobre 2018 », a conclu M. Lisée, s’éclipsant immédiatement après avoir prononcé son discours sans s’adresser à la presse.

Réactions de ses députés

« C’est un message très positif. Avoir l’appui de la quasi-totalité des délégués envoie un message que je souhaite contagieux au niveau de l’ensemble de la population. »

— Maka Kotto, député de Bourget

« Ce résultat va nous donner un nouvel élan, c’est clair. Deux tests de passés : au leadership, personne n’avait vu venir Jean-François, il l’a emporté. On disait maintenant : quelle sera la hauteur de l’appui ? Il a réussi encore une fois à surprendre et il n’a pas fini de surprendre les Québécois ! »

— Pascal Bérubé, député de Matane-Matapédia

« Il a complètement les coudées franches pour bien fonctionner, pour opérer et avoir cette pénétration plus large. Entre nous, on sait qu’on est les meilleurs, mais il faut élargir cette base d’appuis. »

— François Gendron, député d’Abitibi-Ouest

« Honnêtement, on se disait que ça allait être fort. C’est un nouveau chef, il vient d’être choisi par les militants, il y a une élection dans un an. Écoutez, on n’est pas fous ! Son discours d’hier soir lui a donné la poussée supplémentaire qu’on voit aujourd’hui. »

— Agnès Maltais, députée de Taschereau

« C’est exactement dans les eaux qu’on pouvait espérer dans des circonstances péquistes que l’on connaît, c’est-à-dire un parti avec beaucoup de débats et de diversité. »

— Mathieu Traversy, député de Terrebonne

« Ça envoie un message d’un parti d’une grande maturité, d’un parti qui malgré les tumultes des dernières années a été capable de faire son union. »

— Véronique Hivon, députée de Joliette

Proposition ambiguë sur les cégeps anglophones

Plus tôt dans la journée, la direction du Parti québécois est parvenue à désamorcer le débat sur le maintien du financement des cégeps anglophones avec une proposition ambiguë qui dit que ce réseau devra répondre « en priorité » aux besoins des anglophones. Il n’est pas question, toutefois, d’interdire unilatéralement aux francophones et aux allophones de s’inscrire aux cinq collèges anglophones du Québec.

Cette proposition, adoptée en atelier, sera étudiée aujourd’hui en plénière avant d’être officialisée. Elle ne forcerait pas explicitement un gouvernement péquiste à sabrer le financement du collégial anglophone ni à réaliser cette orientation dans un premier mandat. Le PQ entend plutôt « s’assurer que le financement des cégeps anglophones réponde en priorité aux besoins de la communauté historique anglophone et, par conséquent, qu’il soit graduellement aligné sur le poids démographique proportionnel de cette communauté ».

Des interprétations contradictoires d’une même proposition

Guillaume Rousseau, membre de l’exécutif national et parrain de la proposition sur les cégeps anglophones, a souligné que « le libre choix [pour la langue d’enseignement] au collégial est préservé », tout en avouant que la proposition adoptée par les délégués en atelier, hier, est « compliquée ». 

« On a une position un peu compliquée, mais c’est parce qu’elle est équilibrée. […] On propose une solution complexe, mais qui est adéquate », a-t-il dit après l’adoption de la proposition en atelier.

L’ex-syndicaliste et tenant de l’aile radicale en matière linguistique Marc Laviolette avait toutefois une lecture différente.

« Ce que [la proposition adoptée] veut dire, c’est que si [un francophone ou un allophone] veut appliquer son libre choix […] et veut étudier au cégep anglophone, ça sera au cégep privé. L’argent public doit servir à financer les besoins [des francophones et] de la communauté anglophone. On n’a pas un système bilingue d’éducation au Québec », a-t-il dit après l’adoption du texte.

Pourquoi ne pas étendre la loi 101 aux cégeps ?

Minoritaires en atelier, les tenants de l’imposition de la loi 101 aux cégeps sont intervenus avec insistance pendant le débat, hier. « On ne va pas renier nos principes, le libre choix est un suicide collectif », a lancé avec vigueur Daniel Roy, délégué de Nelligan. Les cinq collèges anglophones obtiennent 19 % des inscriptions alors que les anglophones représentent 8 % de la population, a-t-il affirmé.

« On est pour l’application de la loi 101 au cégep, on est contre le compromis. Que les francophones aillent au cégep en français par la porte d’en avant », a renchéri Nicole Gadoury, de Hull.

Fin des subventions aux écoles privées ?

Des militants péquistes souhaitent en finir avec l’éternel débat du financement public des écoles privées. Ils proposent de diminuer de façon « significative », dès un premier mandat, les fonds qui leur sont accordés.

La proposition, qui a été amendée en atelier à plusieurs reprises avant d’être adoptée, hier, prévoit que « dans une optique de valorisation de l’école publique, [un gouvernement péquiste diminue] de façon significative et graduelle le financement public des écoles privées [pour] réinvestir les sommes récupérées dans le système public d’éducation [et qu’il revoie] le financement de l’école publique, de son accessibilité et des coûts qui y sont associés. »

Oui aux primaires ouvertes

En assemblée plénière en fin de journée, hier, les militants péquistes ont donné le feu vert aux primaires ouvertes pour le choix du chef du parti à l’avenir. Tout « sympathisant », à compter de 16 ans, pourra ainsi participer au scrutin, à la condition de signer un document où il déclare adhérer aux valeurs du Parti québécois. Certains voulaient que cette idée soit mise de côté, préférant laisser ce choix aux seuls membres. Pour Jocelyn Caron, délégué de Laval-des-Rapides, la formule permet de « recueillir des masses de données personnelles », des courriels et des numéros de téléphone « qui permettent de lever une armée » au moment des élections. En marche !, le mouvement d’Emmanuel Macron, en France, a utilisé cette stratégie avec beaucoup de succès.

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Au terme d’une deuxième journée de congrès où il a beaucoup été question d’éducation, les militants du Parti québécois ont massivement appuyé le chef Jean-François Lisée lors du vote de confiance. 

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Un élu catalan venu s’inspirer des débats péquistes

Jordi Solé est élogieux quand il parle du mouvement souverainiste québécois. Député au Parlement européen pour le parti indépendantiste Gauche républicaine de Catalogne, il fait partie de la coalition qui prépare avec le Parlement catalan un référendum sur l’indépendance de cette région espagnole, le 1er octobre prochain. Ce qu’il souhaite, dit-il dans une entrevue qui s’est déroulée en français, c’est que l’Espagne adopte une attitude semblable à celle du Canada.

Le président espagnol Mariano Rajoy a toujours dit que l’Espagne interviendrait pour empêcher que le référendum prévu en octobre ait lieu. Aujourd’hui, à quelques semaines du jour du vote, pourquoi êtes-vous venu assister au congrès du Parti québécois ?

Pour nous, le Québec a toujours été un exemple. Le Québec [est l’État qui] a ouvert le chemin. Vous avez pu voter deux fois dans un référendum sur l’indépendance et c’est cela qu’on veut faire en Catalogne. Voter, laisser les gens s’exprimer par la voie des urnes. Le Québec a pu le faire avec la tolérance du [gouvernement] fédéral. Par contre, en Catalogne, nous allons le faire avec la totale opposition de l’État central.

Votre Constitution prévoit que l’Espagne est indivisible et le gouvernement espagnol semble décidé à tout faire pour empêcher la tenue d’un tel référendum. Jusqu’où êtes-vous prêts à aller pour que le vote se tienne ?

Nous pensons que dans une démocratie, voter n’est jamais illégal. Il y a les droits démocratiques des gens, et après, il y a les lois. Les lois reflètent ce que la majorité des gens veulent. Ce n’est pas la démocratie qui s’adapte aux lois, c’est la loi qui s’adapte à la démocratie. On a essayé ces dernières années d’améliorer les pouvoirs politiques de la Catalogne en Espagne, mais on a vu que ce n’était pas possible. On ne se sent pas suffisamment respectés par le gouvernement central, alors on veut suivre notre propre chemin qui sera toujours un chemin de démocratie, un chemin de mobilisation pacifique, un chemin civique.

Mais là, on arrive à une impasse. Si le gouvernement central vous empêche de tenir le référendum en multipliant les poursuites contre les politiciens qui enfreignent la loi en l’organisant et en ouvrant des bureaux de vote, jusqu’où êtes-vous prêts à aller ?

Jusqu’au bout. Quatre-vingts pour cent des Catalans veulent voter. Ils sont pour le référendum. Le Parlement de la Catalogne, avec une majorité qui est légitime, vient d’approuver cette semaine des lois qui donnent le cadre juridique pour le référendum. Il y a des millions de personnes en Catalogne qui vont voter, [car] nous ouvrirons les bureaux de vote le 1er octobre. Comment l’État central va-t-il empêcher cela ? Les gens iront voter et ne permettront pas que la police vienne leur retirer leurs bulletins de vote.

Envisagez-vous, si la police intervient, de vous interposer ?

L’indépendantisme catalan a été toujours un mouvement démocratique et pacifique. On n’ira jamais au-delà de ces valeurs. La journée du vote va se dérouler de façon pacifique et beaucoup plus normale qu’on peut l’imaginer aujourd’hui.

Aujourd’hui, au Québec, vous observez la manière dont la démocratie s’organise et traite d’enjeux nationalistes. Comment jugez-vous notre façon de faire ?

Pour nous, le Québec et le Canada ont des traditions démocratiques plus profondes qu’en Espagne. Cela a été démontré par le [renvoi relatif à la sécession du Québec] de la Cour suprême du Canada, qui est un arrêt qu’on connaît très bien en Catalogne. On aimerait avoir un jugement pareil, qui dit que les deux gouvernements doivent négocier ! Dans votre cas, s’il y a un résultat démocratique pour l’indépendance, le gouvernement fédéral est obligé d’entamer les négociations avec le Québec. C’est ce qu’on veut en Catalogne, mais c’est tout à fait impossible [en raison de] la basse qualité démocratique de l’État espagnol.

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