Grande entrevue Jacques Tanguay, PDG de Groupe Océan

De la plongée sous-marine à des services maritimes mondiaux

Fort d’un financement de 112 millions réalisé il y a un mois par la Caisse de dépôt et le Fonds de solidarité, Groupe Océan, actif dans la construction et la réparation navales, le remorquage portuaire, la location d’équipements maritimes et le dragage, a décidé de mettre résolument le cap sur l’expansion de ses activités internationales. Rencontre avec son PDG Jacques Tanguay.

Groupe Océan célèbre cette année ses 30 ans d’existence. Vous êtes une entreprise diversifiée dans le domaine maritime qui compte 900 employés dans trois secteurs d’activités. Comment en êtes-vous arrivé là ?

C’est Gordon Bain qui a eu la vision d’une entreprise offrant des services maritimes intégrés. En 1972, il a fondé une entreprise de plongeurs scaphandriers, qu’il a baptisée Aqua-Marine. Pour récupérer une barge qui s’était échouée, il s’est associé à une entreprise de services de remorquage. Il a racheté cette entreprise qui comptait quatre navires.

Groupe Océan est né lorsque Gordon s’est associé à deux firmes du secteur pour former un plus grand groupe qui espérait réaliser une émission d’actions dans le cadre du REA en 1987, lorsque le krach boursier est survenu.

Je me suis joint à Groupe Océan en mars 1988 pour m’occuper des activités de plongée sous-marine. Je venais d’obtenir mon diplôme d’ingénieur civil et je suis devenu responsable du développement d’Océan Construction. Il ne restait plus grand-chose du groupe, mais on l’a reconstruit pour occuper la place dominante que l’on a maintenant.

Vous vous êtes développés dans trois secteurs d’activités distincts, mais complémentaires. Quels sont-ils et quel rôle Groupe Océan joue-t-il exactement ?

On a une division de remorquage portuaire qui totalise de 40 à 45 % de notre chiffre d’affaires annuel. On opère 35 navires remorqueurs qui guident les gros cargos sur la Voie maritime du Saint-Laurent. On dessert tous les ports du fleuve, de Sept-Îles jusqu’à Toronto.

On a une deuxième division qui est active dans la location d’équipements maritimes spécialisés et le dragage. On fabrique nos propres plateformes et barges qu’on loue à des entreprises de construction.

Par exemple, 80 % du matériel maritime qui sert à la fabrication du pont Champlain nous appartient. On a une cinquantaine d’employés sur place pour épauler les équipes de Pomerleau ou de EBC. On est actif sur tout le Saint-Laurent et les Grands Lacs et on est même rendu à Fort McMurray où nos plateformes servent sur les bassins de décantation.

On est aussi équipé de cinq dragueuses mécaniques qui sont actives partout sur la Voie maritime.

Enfin, notre troisième division est active dans la construction et la rénovation navales. On a trois chantiers maritimes : un à L’Isle-aux-Coudres, un à Caraquet au Nouveau-Brunswick et un à Québec où nos équipes réalisent des travaux de rénovation à flot, directement à bord des navires.

Chacune de nos divisions emploie environ 300 personnes, pour un total de 900 employés.

Vous venez de réaliser un gros financement de 112 millions, comment aviez-vous financé votre croissance jusque-là ?

Essentiellement de façon traditionnelle en faisant affaire avec nos banques. On a toujours eu de très bonnes relations avec la Scotia et la Banque Nationale, mais il faut dire qu’on est une entreprise qui affiche une très bonne rentabilité.

Depuis 2010, on a réinvesti 350 millions de notre propre argent pour financer notre développement, pour acheter de l’équipement pour prendre de l’expansion. On a créé de la valeur.

Pourquoi avez-vous décidé d’ouvrir votre capital à la Caisse de dépôt et au Fonds de solidarité qui ont investi chacun 56 millions dans Groupe Océan ?

Il y a plusieurs raisons. Il n’y avait que Gordon Bain, le fondateur de Groupe Océan et président du conseil, et moi comme actionnaires. Gordon a eu 68 ans et il voulait monétiser une partie de sa participation dans l’entreprise. Groupe Océan a une très bonne valeur, ses perspectives de croissance sont excellentes et on a un plan stratégique qui va nous amener plus loin encore.

Le Fonds et la Caisse sont devenus des actionnaires minoritaires alors que Gordon et moi, on est restés les actionnaires majoritaires.

Quel est votre plan d’expansion exactement ? Vous avez expliqué que vous souhaitiez grossir au Canada, dans les Caraïbes et en Amérique centrale. Quel est le plan d’action ?

On a signé récemment un contrat de 10 ans avec la Jamaïque pour opérer le remorquage des navires dans le port de Kingston qui est en train de devenir un hub important.

On a dépêché trois remorques sur place et on prévoit que cette activité va prendre de l’expansion au cours des prochaines années.

On a entrepris depuis quatre ans de réaliser des travaux de dragage. Chaque hiver, pendant la saison morte sur le Saint-Laurent, on envoie une de nos dragueuses réaliser des travaux. On a fait du dragage en République dominicaine, au Mexique, à Saint-Kitts et à Cuba.

On prévoit maintenant dédier une machine à temps plein dans les Caraïbes.

Cette activité devrait générer des revenus de 25 millions en 2018 (ce qui représente environ 3 % des revenus totaux de Groupe Océan). On prévoit que nos revenus internationaux seront en forte hausse au cours des trois ou quatre prochaines années pour représenter 25 % de nos revenus totaux.

Je ne vous cacherai pas que l’on regarde aussi du côté des acquisitions. On n’en a pas fait depuis 2004, depuis qu’on a acheté Dragage St-Maurice. On a par contre généré beaucoup de croissance organique, mais là, on a certaines acquisitions en vue.

On a une position dominante au Québec et les horizons de croissance sont à l’extérieur du pays.

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