SOCIÉTÉ DE TRANSPORT DE MONTRÉAL

peu d’enthousiasme pour la recharge à la maison

Tourné en dérision pour sa technologie désuète lors de son lancement, l’an dernier, le lecteur OPUS en ligne de la Société de transport de Montréal (STM) peine depuis à trouver preneur. En 16 mois, seulement 17 000 appareils de recharge de titre de transport ont été vendus, alors que 7 millions en deniers publics ont été dépensés dans ce projet, a appris La Presse.

Lecteur de carte OPUS

#innoverCommeLaSTM

Le lecteur de carte OPUS de la STM a été ridiculisé par les internautes dès son lancement, en juillet 2015, popularisant sur Twitter le mot-clic ironique #innoverCommeLaSTM. Vendu 14,49 $, taxes en sus, le lecteur de carte OPUS permet aux usagers des transports en commun de la région métropolitaine de Montréal de recharger à distance leur carte OPUS, par exemple pour se procurer une carte mensuelle. Toutefois, il est nécessaire de brancher l’appareil dans un ordinateur, puis d’y insérer la carte OPUS pour effectuer le paiement, une technologie jugée désuète par bien des observateurs en cette ère de paiement mobile.

Lecteur de carte OPUS

Faible popularité

Depuis le lancement du lecteur OPUS, la STM en a vendu 17 362 en date du 30 septembre 2016, selon un document obtenu par la Loi sur l’accès à l’information. Le tableau fourni par la STM comptabilise toutefois quelques centaines d’appareils vendus en octobre dernier. Après un mois de lancement prometteur en juillet 2015, avec 3460 appareils écoulés, les ventes n’ont cessé de péricliter, malgré quelques sursauts. Le cap des 1000 ventes manuelles n’a été dépassé qu’à trois reprises cette année, dont en août et en septembre derniers.

Lecteur de carte OPUS

La STM « satisfaite »

Environ 3 % des quelque 600 000 usagers ordinaires de la carte OPUS se sont ainsi procuré un lecteur de carte OPUS pour recharger leur titre de transport, lequel peut être utilisé par plus d’une personne. Des chiffres jugés « tout à fait satisfaisants » par la STM et qui « démontrent que plus de 17 000 foyers ont choisi cette option pratique ». « Nous n’avions pas de cibles précises en termes de vente de lecteurs, alors notre objectif était surtout d’offrir une solution supplémentaire à nos clients pour faciliter l’achat de titres de transport », a indiqué par courriel Amélie Régis, porte-parole de la STM.

Lecteur de carte OPUS

405 $ par appareil vendu

Le « projet OPUS en ligne », qui inclut le site web www.opusenligne.com, a coûté 7 millions de dollars en développement depuis 2013, soit un peu moins que le budget initial estimé à 7,6 millions. De cette somme, la STM a déboursé 5,3 millions, dont environ les deux tiers ont été financés par le ministère des Transports. D’autres organismes de transport se partagent le 1,9 million restant. Une telle facture représente ainsi un coût moyen de 405 $ par appareil vendu pour les contribuables. Bémol toutefois à la STM. « Les investissements ont surtout servi à développer la plateforme transactionnelle qui pourra nous servir également dans le futur si on développe davantage notre système de billettique », souligne Amélie Régis.

Société de transport de Montréal

« De l’argent perdu », dit Projet Montréal

« Cette machine est malheureusement hors phase avec la population. On n’est plus à l’ère des disquettes ! », lance l’élu Craig Sauvé, porte-parole de Projet Montréal en matière de transport. « Dès le début, on aurait dû aller vers le paiement mobile, et non vers ce système. Je ne comprends pas d’où cette orientation a été prise, mais c’est une mauvaise orientation. J’espère que le logiciel de paiement va être très flexible et facilement adaptable avec le paiement mobile, sinon, c’est de l’argent perdu », soutient le conseiller municipal. Craig Sauvé dénonce aussi le manque de guichets dans de nombreuses stations de la STM.

Société de transport de Montréal

Vers le paiement mobile

Acheter un billet de transport sur un téléphone le premier jour du mois est le rêve de nombreux clients de la STM. Une application de paiement mobile n’est toutefois pas pour bientôt, même si la STM a commencé à tester une telle technologie cet automne. « [La STM] est à valider cette preuve de concept sur une période de trois mois avec une centaine d’employés. Cet exercice mettra en jeu les équipements de perception du réseau de métro et vise à tester les fonctionnalités de la technologie NFC dans un environnement réel », explique la porte-parole Amélie Régis.

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