Opinion

Pourquoi pas un autobus à grande vitesse ?

Lors du dernier congrès du Parti libéral, le premier ministre Philippe Couillard lançait le défi de construire un lien rapide entre Québec et Montréal. Il a mentionné le projet de monorail qui, à mon sens, est loin d’être réalisé, mais il a surtout fait un appel à l’innovation et à l’audace de la communauté des chercheurs québécois, dont je fais partie. J’en profite donc pour lancer une idée qui est à la fois audacieuse, mais réalisable : l’autobus à grande vitesse.

Imaginez une autoroute reliant les grands centres sur laquelle seuls certains véhicules, comme des autobus « spéciaux », pourraient circuler. Cette autoroute dite « intelligente » aurait la particularité de guider de façon automatique les véhicules « intelligents », c’est-à-dire des véhicules autonomes bourrés de technologie de détection et de navigation qui permet d’assister le conducteur. Dans le concept imaginé, les véhicules possédant ces capacités technologiques nouvelles entreraient sur cette autoroute dite « intelligente » et seraient contrôlés par celle-ci tout le long du parcours. Ce contrôle permettrait entre autres de faire circuler les véhicules à grande vitesse (200 km/h et plus) sans danger, car tous les aspects de sécurité seraient contrôlés par les systèmes intelligents de la route et du véhicule lui-même. 

De plus, les véhicules pourraient circuler en peloton afin de réduire leur consommation et pourraient sortir de cette route à certains endroits afin de rejoindre le réseau routier traditionnel.

De la science-fiction, me direz-vous ? Pas tant que ça. Présentement, la plupart des grandes entreprises automobiles comme Toyota, Ford, Chrysler et des entreprises comme Uber et Alphabet (Google) investissent depuis une dizaine d’années des milliards de dollars dans le développement de voitures « intelligentes et autonomes ». Leur défi est énorme, car ils sont contraints à faire circuler ces véhicules sur des routes normales. Ils ont donc développé des technologies (lidar, radar, caméras, GPS, communication véhicule-à-véhicule, etc.) permettant de détecter les véhicules, les piétons, les cyclistes et de prévoir toutes les situations potentiellement dangereuses. 

Après des années de recherche, certains de ces véhicules sont déjà sur la route, notamment ceux de Tesla, et plusieurs suivront d’ici les deux prochaines années. Maintenant, si on utilisait cette nouvelle technologie et qu’on les faisait circuler sur une route entièrement réservée à ces véhicules, où tout serait contrôlé, on simplifierait grandement le problème de sécurité et on pourrait alors penser à circuler beaucoup plus rapidement.

Flexible

Ce concept aurait l’avantage d’allier la flexibilité que procure l’utilisation d’un véhicule avec celui du transport à grande vitesse. Cette approche a également l’avantage d’être incrémentale, c’est-à-dire qu’on pourrait imaginer faire d’abord circuler des autobus « intelligents », et par la suite intégrer d’autres types de véhicules, voire le transport de marchandises. En circulant à grande vitesse de façon contrôlée, on réduit au minimum les risques d’incidents, tout en réduisant de moitié le temps de parcours tout en permettant aux passagers de relaxer pendant le voyage.

Évidemment, ce concept technologique alliant les routes et les véhicules « intelligents » demanderait plusieurs étapes de développement et de conception, mais, à mon avis, on pourrait plus facilement trouver des partenaires industriels qui seraient prêts à investir dans ce nouveau concept, en partenariat avec le gouvernement, car selon eux, il est certain que la voiture autonome fera partie de notre vie d’ici les prochaines années.

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