Construction

La loi spéciale doit ratisser large, selon un spécialiste

Les négociations devaient reprendre dans les secteurs de la construction hier soir. Québec a nommé hier après-midi un quatrième conciliateur, cette fois à la table du tronc commun qui s’occupe de négocier les avantages sociaux et le régime de retraite, dans le but de maximiser les chances d’arriver à une entente négociée le plus rapidement possible.

Cette reprise des pourparlers survient après que le premier ministre Philippe Couillard a prévenu les parties que son gouvernement allait déposer une loi spéciale dès lundi si l’impasse devait persister.

À ce propos, un spécialiste des relations de travail recommande au gouvernement du Québec d’inclure des dispositions normatives, et pas seulement des clauses salariales, dans la loi spéciale s’il veut éviter une répétition du conflit lors de l’échéance de la prochaine convention collective en 2021.

« Les objets de négociation qui n’ont pas été réglés, notamment les demandes patronales et syndicales sur les clauses normatives, devraient être déférés à un arbitre de différends », propose Alain Barré, professeur de droit du travail au département des relations industrielles de l’Université Laval.

Par clause normative, on entend toute clause qui ne touche pas aux salaires, comme l’aménagement du temps de travail, la productivité sur les chantiers et les dispositions entourant les heures supplémentaires. Cette année, comme c’était le cas lors de la grève de 2013, ce sont surtout les patrons qui sont en demande sur le plan normatif.

Éviter la répétition

Alain Barré suggère au gouvernement Couillard de ne pas faire ce qu’a fait le gouvernement du Parti québécois en 2013, soit réglementer uniquement les salaires et maintenir le statu quo quant au régime de travail.

« Moi, si j’étais ministre du Travail, j’enverrais un message très clair aux parties syndicale et patronale : “Vous réglez le normatif, sinon un arbitre va trancher.” Si un arbitre va trancher, il y a peut-être des syndicats et des patrons qui vont être prêts à faire des concessions sur certains des points litigieux. »

Sinon, prévient le professeur, les clauses normatives du régime de travail de l’industrie de la construction resteront figées dans le temps et les conflits se répéteront à l’avenir. « Dans le secteur privé, en vertu des dispositions du Code de travail, les syndicats font des concessions tous les jours sans que ça fasse les manchettes. Des concessions, parfois, extrêmement importantes. »

Construction

Deuxième journée de manifestations

Des milliers de grévistes de la construction ont manifesté dans plusieurs villes du Québec, hier. Les 175 000 ouvriers de la construction du Québec en étaient à leur deuxième journée de grève générale illimitée dans tous les secteurs : résidentiel, génie civil et voirie, institutionnel, commercial et industriel. Des manifestations, organisées par l’Alliance syndicale, ont eu lieu à Montréal, Québec, Sherbrooke, Rimouski, Saguenay, Sept-Îles, Paspébiac et Cap-aux-Meules. À Montréal, ils étaient près de 3000 à se rassembler, puis à marcher pendant deux heures entre les différents bureaux des associations patronales, dans le nord-est de la ville. La manifestation s’est déroulée sans anicroche, hormis les traditionnels autocollants appliqués dans les vitres des édifices et sur un véhicule d’un agent de sécurité. Aucun incident n’a été rapporté, même si les ouvriers sont demeurés une bonne demi-heure devant les bureaux de l’Association de la construction du Québec et même si c’est une fois sur place qu’ils ont appris que le premier ministre Couillard annonçait l’enclenchement du processus menant à une loi spéciale pour mettre fin à leur débrayage, pourtant légal.

— La Presse canadienne

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