Opinion

Définissons ensemble l’avenir de l’architecture au Québec

C’est une évidence, mais il faut le rappeler : l’architecture est partout. Elle influe sur nos habitudes, notre santé, notre confort, nos déplacements, nos goûts, notre sentiment d’appartenance à un lieu. Elle représente une part très importante de notre culture collective et elle nous concerne tous.

C’est pourquoi la qualité de l’architecture – et pas seulement son coût – est d’intérêt public et doit donc faire partie des préoccupations des gouvernements.

Depuis trois ans, l’Ordre des architectes du Québec soutient activement l’adoption d’une politique nationale de l’architecture pour le Québec. Celle-ci permettrait de nous doter d’une vision commune afin que les bâtiments qui nous entourent répondent durablement aux défis d’aujourd’hui et de demain, qu’il s’agisse des changements climatiques, du vieillissement de la population, de la cohésion des communautés ou de la préservation du patrimoine. 

Nos lois et règlements pourraient ainsi être harmonisés en conséquence, tout comme différentes mesures pour soutenir nos municipalités dans l’amélioration des espaces publics, mieux mettre en valeur la beauté de nos paysages afin de développer l’attractivité du Québec favoriser la recherche et l’innovation et rehausser l’expertise de nos professionnels. Une vingtaine de pays ou de régions d’Europe ont déjà agi de la sorte, notamment la France, les Pays-Bas, la Norvège, le Danemark, l’Écosse et la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Force est de constater qu’une telle vision d’ensemble fait défaut au Québec. Par exemple, le ministère de l’Environnement fixe des cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre depuis 2006, mais les normes d’efficacité énergétique pour les grands bâtiments datent toujours de 1983.

Ces dernières années, de superbes bibliothèques, musées et salles de spectacles ont été construits dans plusieurs municipalités. Mais en parallèle, nos écoles se détériorent de manière inquiétante – on apprenait récemment que 90 % des écoles de la Commission scolaire de Montréal sont en mauvais ou en très mauvais état. Et lorsqu’on investit pour les reconstruire ou les rénover, les architectes nous disent que les normes sont tellement contraignantes qu’il est très difficile d’innover pour offrir un environnement stimulant aux élèves.

Parler le même langage

L’architecture de qualité n’advient pas du jour au lendemain. Une société doit s’en faire un objectif et se donner les moyens de l’atteindre. Il ne s’agit pas de favoriser les architectes, mais bien de créer un outil de dialogue pour que les élus, les professionnels, l’industrie de la construction et les citoyens parlent un même langage et partagent le désir de déployer les possibilités de l’architecture au bénéfice de tous. En adoptant une politique nationale de l’architecture, le Québec serait un précurseur en Amérique du Nord.

J’invite donc les Québécois de tous horizons à participer à la conversation publique sur ce projet de politique nationale de l’architecture, qui se tiendra du 14 mars au 1er juin aux quatre coins de la province. Il s’agit de la première étape d’une démarche stimulante qui nous aidera à définir collectivement l’avenir de l’architecture au Québec.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.