Éditorial  Accès à l’internet

Vivement le XXIe siècle

En ville, la question de l’accès internet à haute vitesse ne se pose pas. Il suffit de choisir son fournisseur. Ce n’est malheureusement pas le cas partout, et on n’a pas besoin de rouler très longtemps pour s’en rendre compte. Des centaines de milliers de Canadiens en région plus ou moins éloignée n’ont toujours pas de service digne de ce nom. 

Les choses pourraient bientôt changer, si le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) décide d’inclure l’accès large bande dans son service de base en télécommunications. Mais pour cela, il faut que les consommateurs, les entreprises et les organismes publics se fassent entendre en très grand nombre.

Le CRTC a lancé une consultation en ligne sur le sujet, jeudi dernier. C’est le moyen par lequel il recueille habituellement le plus de commentaires. Mais dans ce cas-ci, comment s’assurer de la participation des principaux intéressés – ceux qui disposent d’une connexion si poussive qu’elle rend la navigation pénible, voire impossible ? Consciente du problème, le Conseil a déployé des moyens exceptionnels. À ceux qui ne peuvent pas remplir le questionnaire en ligne, il offre de l’envoyer et de le recevoir par télécopieur ou par la poste dans une enveloppe affranchie à l’avance. Il a même affecté un employé de son service à la clientèle pour noter les réponses au téléphone.

Ces accommodements nous donnent une idée des déserts numériques qui subsistent encore un peu partout au pays.

À l’extérieur des grands centres, la vitesse de téléchargement de 25 mégabits par seconde (Mb/s), considérée par plusieurs comme un minimum, est encore loin d’être la norme. Dans les agglomérations de moins de 29 000 habitants, un ménage sur six n’y a pas accès. Dans les zones rurales, c’est moins d’un sur trois. Un grave problème pour les simples citoyens, mais aussi pour les commerçants, les travailleurs autonomes, les agriculteurs et bien d’autres.

L’internet à large bande est aussi important pour les établissements de santé et d’éducation ainsi que pour les communications de machine à machine, souligne le président du CRTC, Jean-Pierre Blais. « Ce qu’on veut savoir, c’est de quoi avez-vous besoin pour participer à l’économie numérique de l’avenir », dit-il.

La consultation couvre d’autres services, comme le cellulaire et la téléphonie filaire, mais le premier coup de sonde donné l’an dernier a révélé une immense préoccupation pour l’internet. Faut-il dicter une norme minimale disponible partout ? Comment financer un tel accès ? Le fonds national auquel cotisent les grands fournisseurs de télécom pourrait être mis à contribution, suggère le CRTC. C’est une avenue intéressante, mais il faut élargir le débat. Le gouvernement Trudeau, qui promet d’investir des milliards en infrastructures, doit inclure l’internet à large bande dans sa réflexion. C’est un accès au moins aussi vital que l’asphalte, ou le chemin de fer autrefois.

Qu’est-ce que le service de base en télécom ?

Selon la politique actuelle, révisée pour la dernière fois en 2011, les Canadiens devraient pouvoir avoir accès : 

– à une connexion internet à faible vitesse sans avoir à payer d’interurbain ;

– à une ligne individuelle de type Touch-Tone ;

– au réseau interurbain et à divers services, dont les téléphonistes, l’assistance-annuaire et la ligne d’urgence 911 ;

– à un exemplaire imprimé du dernier annuaire téléphonique local, sur demande.

Source : CRTC

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