Aide psychologique

Trouver la « bonne porte »

Passé 40 ans, près d’un homme sur deux souffre de dysfonction érectile*. D’ici trois ans, la dépression se classera au deuxième rang des causes d’invalidité à l’échelle mondiale, selon l’Organisation mondiale de la santé. Le stress au travail représente déjà plus de la moitié (55 %) des coûts des programmes d’aide aux employés. Bref, si vous traversez une période difficile, dites-vous ceci : vous n’êtes pas seul.

Prendre conscience qu’on file un mauvais coton est une chose. Prendre le téléphone pour demander de l’aide en est une autre. Seule une personne dépressive sur trois va chercher de l’aide, d’ailleurs. Vers qui se tourner quand on sait qu’on ne va pas bien ? Un psychologue ? Un psychothérapeute ? Un autre professionnel de la santé mentale ? Comment savoir si on frappe à la bonne porte ?

« La bonne porte, c’est celle qui va vous convenir. C’est une fausse façon de voir les choses que de mesurer les gens en fonction de leur titre professionnel. »

— Josée Thiffault, présidente de l’Association des psychothérapeutes du Québec

« Peu importe notre cursus universitaire, quand on parle de psychothérapie, ça devrait être clair pour le client. Ce n’est pas lui qui devrait être mélangé : dans sa tête, un psy est un psy, et il a raison », estime Josée Thiffault, présidente de l’Association des psychothérapeutes du Québec (APQ).

Tous thérapeutes

La formation des sexologues, des psychothérapeutes et des psychologues n’est pas la même. Or, ils partagent une compétence et un droit communs : l’exercice de la psychothérapie. Ce droit, les psychologues le possèdent d’office au terme de leurs études supérieures. Les deux autres types de professionnels l’obtiennent s’ils satisfont aux règles en vigueur. C’est l’Ordre des psychologues qui délivre les permis de pratique.

Christine Grou, présidente de l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ), encourage fortement les gens à vérifier sur le site de l’OPQ si le thérapeute qu’ils souhaitent voir est en règle.

« Il est important d’être prudent, convient Josée Thiffault. On a vu émerger une quantité de coachs et de thérapeutes avec d’autres noms. Ils ont juste contourné les règles. »

Il est naturel que le patient manifeste des préférences quant au thérapeute lui-même : préfère-t-il un homme ou une femme ? Une personne jeune ou plus âgée ? Pour le reste, Josée Thiffault invite les gens à questionner le professionnel au sujet de son expérience et de son mode de fonctionnement. Il n’est cependant pas nécessaire d’avoir une idée précise de l’approche thérapeutique qu’on souhaite lorsqu’on prend contact avec un professionnel.

Approches multiples

La psychothérapie est « une façon de faire », dit Nathalie Legault, présidente de l’Ordre professionnel des sexologues du Québec (OPSQ). C’est-à-dire que les mêmes problèmes ne seront pas forcément abordés de la même façon par tous les professionnels, en fonction de leur bagage et de celui des clients.

« Il y a différentes approches en psychologie et toutes les approches sont potentiellement efficaces. C’est notre job d’expliquer à la personne l’approche la plus appropriée selon la problématique. »

— Christine Grou, présidente de l’Ordre des psychologues du Québec

Quel que soit le professionnel consulté, celui-ci a « le devoir » d’adresser un client à une autre personne si le problème à traiter est au-delà de ses compétences. « Il y a beaucoup de psychologues qui me réfèrent en sexologie et moi, je réfère des gens à des psychologues si ça dépasse ma compétence », souligne d’ailleurs Josée Thiffault, qui est sexologue et psychothérapeute.

« Prenez le TDAH. Il est reconnu qu’il y a des approches qui sont plus efficaces. Alors, si on ne connaît pas particulièrement ce trouble-là, on est mieux de référer à un psychologue ou un autre professionnel qui a cette compétence spécifique », dit encore Josée Thiffault.

Consulter : quand ? Pour quoi ?

« Il n’est pas nécessaire qu’une personne sache exactement pourquoi elle consulte », assure Christine Grou. « Souvent, on aide les gens à décortiquer leur besoin », souligne d’ailleurs Nathalie Legault. Il n’existe pas de répertoire précis des raisons pour lesquelles les gens consultent un psychologue ou un psychothérapeute, mais les troubles de l’humeur (dont la dépression) et les troubles anxieux figurent parmi les motifs les plus fréquents, de même que divers troubles relationnels.

Et chez les sexologues ? Les clients sont souvent des victimes d’agressions sexuelles et des personnes aux prises avec des dysfonctions diverses (trouble érectile, anorgasmie, éjaculation précoce). Nathalie Legault précise d’ailleurs que les gens n’ont pas à « se séparer en deux » si, par exemple, ils vivent des troubles du désir en même temps qu’un autre défi sur le plan psychologique ou relationnel. Un sexologue, notamment, est habilité à aborder les deux problèmes.

Et pour une thérapie de couple ? « S’il y a dans le couple une personne qui a un gros problème anxieux ou qui souffre d’une dépression majeure, je ne ferais pas la même réponse que si vous avez quelqu’un qui a une dysfonction érectile », répond Christine Grou. Comme pour les troubles d’adaptation, par exemple, les trois catégories de professionnels pourraient, a priori, être indiquées. Mais puisqu’on parle d’histoires individuelles, c’est toujours du cas par cas.

Et les psychiatres ?

Ce qui distingue les psychiatres des autres professionnels de la santé mentale ou de la relation d’aide, c’est qu’ils sont d’abord des médecins. Ils peuvent d’office pratiquer la psychothérapie. Ne consulte pas un psychiatre qui veut : il faut une ordonnance d’un autre médecin pour accéder à ces spécialistes de la santé mentale habilités à traiter les cas lourds (schizophrénie, troubles de la personnalité, dépression majeure, etc.). « Un patient qui est référé en psychiatrie communique avec son CLSC et quand le CLSC reçoit la requête du médecin généraliste, c’est le Guichet en santé mentale qui s’occupe de programmer le rendez-vous », résume Martine Dériger, directrice de l’Association des médecins psychiatres du Québec. Il existe aussi un service d’urgence psychiatrique à l’hôpital Louis-H. Lafontaine, où les personnes en grande détresse peuvent se présenter.

* Sources des statistiques : Institut universitaire en santé mentale de Montréal et Institut de recherche en santé du Canada

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