Club de curling de Boucherville, jeudi, 13 h 30. Les membres des équipes de la ligue de compétition prennent une bière bien méritée après une partie enlevante. De leur côté, les membres des équipes de la ligue de participation s’apprêtent à envahir la glace. Ça rit, ça s’interpelle, ça se taquine. Évidemment, au beau milieu d’une journée de semaine, il s’agit essentiellement de personnes retraitées. La clientèle est plus jeune le soir en semaine et les fins de semaine, mais il reste encore du travail à faire pour rajeunir le club.
« La moyenne d’âge est de 61 ans, indique Mario Schiller, président du Club de curling de Boucherville. Nous mettons beaucoup l’accent sur le renouvellement. Plus on a de jeunes, plus on va assurer la pérennité de notre sport à Boucherville. »
C’est aussi une préoccupation pour la fédération québécoise du curling, Curling Québec. « Notre mandat de base, c’est notamment d’organiser les championnats provinciaux, mais une de nos priorités depuis trois ans, c’est le développement de nouvelles clientèles, indique Marc-André Robitaille, directeur général de Curling Québec. Contrairement à d’autres sports, nous n’étions pas focalisés sur les jeunes dans les clubs en général et dans nos offres de services. Nous avons beaucoup changé, nous avons de nouveaux programmes d’introduction, nous essayons de démocratiser ce sport qui est encore abstrait pour beaucoup de gens. »
La fédération a notamment élaboré pour les clubs des programmes d’initiation pour les jeunes de 6 à 12 ans.
Le club de curling de Boucherville s’est donné une ligue de développement pour les juniors de 10 à 16 ans. Il collabore également avec l’école secondaire De Mortagne, qui utilise la glace de curling du club, au Complexe sportif Duval Auto, pour des cours d’éducation physique.
« On fournit des formateurs pour apprendre aux élèves les rudiments du curling et pour essayer de les attirer vers notre ligue de développement des juniors. »
— Mario Schiller, président du Club de curling de Boucherville
Les parents participent beaucoup aux programmes pour les jeunes, ajoute-t-il. « Parfois, ils vont participer directement en comblant une place vacante sur la glace. Ou encore, il y a des parties parents-enfants. La plupart du temps, ce sont les enfants qui gagnent. »
Comme beaucoup d’autres clubs, le Club de curling de Boucherville fournit également des formateurs pour les familles qui se cherchent une activité spéciale ou les entreprises qui veulent organiser une activité de formation d’esprit de corps.
« Ça nous fait plaisir de les accompagner pour donner les premiers rudiments s’il n’y a personne dans le groupe qui connaît le sport, indique M. Schiller. Ça demande un minimum de prudence. On est sur une glace : les blessures peuvent arriver facilement si on ne prend pas les précautions nécessaires. »
Les clubs vont fournir l’équipement de base, comme les brosses et les semelles glissantes, mais pour le reste, une simple tenue vestimentaire de sport ordinaire fait l’affaire.
« Lors d’une activité d’initiation, après une demi-heure, on peut jouer des parties et avoir du plaisir, commente Marc-André Robitaille. J’ai fait moi-même plusieurs initiations. En règle générale, 50 % des gens ont vraiment aimé ça, 50 % disent que c’était cool, mais que ce n’était pas pour eux. Mais tout le monde est unanime pour dire que c’est vraiment le fun et que c’est plus difficile que ça en a l’air. »
Selon lui, pendant longtemps, le frein à la croissance du curling dans la population en général a été une certaine crainte à l’essayer, une certaine honte, compte tenu de l’image qui était véhiculée. « La perception a changé, affirme-t-il. Avant, les gens riaient de ceux qui jouaient au curling. Maintenant, ils veulent l’essayer. »
Des athlètes
Ce qui a aidé à ce changement de perception, c’est la couverture médiatique. On voit plus de curling à la télévision.
« Le curling lui-même a changé au niveau du style de jeu, soutient M. Robitaille. Le joueur de curling typique qu’on voyait, le gros bedonnant avec sa bière, on ne voit plus ça, c’est impossible. Les joueurs, maintenant, ce sont des athlètes. »
Il indique que selon des études, les balayeurs peuvent dépenser autant d’énergie que quelqu’un qui joue un match de tennis de trois manches.
Pour les joueurs d’élite et les jeunes mordus, l’entraînement hors glace est devenu une composante importante du sport. Il faut travailler le cardio, mais aussi les jambes, qui sont sollicitées pour les poussées, et le haut du corps.
Le sport demande également de la préparation mentale et un solide travail d’équipe.
« Il y a un lanceur de pierre, il y a un capitaine qui dit où la diriger et il y a deux personnes qui brossent pour influencer la direction de la pierre et la distance à parcourir. Chaque coup est un coup d’équipe. »
— Mario Schiller, président du Club de curling de Boucherville
Et puis, il y a l’aspect social. La tournée de bière que les gagnants offrent aux perdants à l’issue de la partie est une solide tradition. C’est notamment cet aspect social qui a attiré Francine Boudreau, une retraitée de 63 ans. « Je me cherchais un jeu d’équipe, raconte-t-elle juste avant d’embarquer sur la glace. Ce sont des gens accueillants, comme un gros club social. »
Le jeu lui-même lui convenait. « Ce n’est pas un sport violent, mais c’est exigeant, note-t-elle. C’est bon pour le cardio. »
De son côté, Marc Pagé a longtemps joué au hockey et au basketball avant de se tourner du côté du curling, il y a une quinzaine d’années. Maintenant âgé de 81 ans, il n’a pas l’intention d’arrêter de sitôt : « Tu rajeunis quand tu joues. »