JUDO

Beauchemin-Pinard fera-t-elle l’histoire ?

Antoine Valois-Fortier était la vedette hier lors de la présentation de l’équipe de judokas canadiens qui se rendra à Rio. Le médaillé de bronze à Londres est l’un des meilleurs espoirs de médaille pour le Canada. Les caméras se l’arrachaient, dans les locaux hypermodernes de l’Institut national du sport (INS).

Mais Valois-Fortier trouvait tout cela un peu injuste. C’est qu’une jeune judoka de 22 ans de Saint-Hubert sera aussi tenir à l’œil début du mois d’août lors des Jeux olympiques. Pourtant, Catherine Beauchemin-Pinard est inconnue du commun des mortels.

« Il y a pas mal d’attention médiatique sur moi aujourd’hui. Mais je pense qu’on devrait s’intéresser à Catherine, a dit Valois-Fortier. À mon avis, c’est la plus grande chance de surprise de l’équipe.

« C’est un tank, une grosse machine d’entraînement. Ça ne me surprendrait pas qu’elle devienne la première Canadienne médaillée olympique de l’histoire. »

— Antoine Valois-Fortier à propos de Catherine Beauchemin-Pinard

Le Canada n’est pas une puissance en judo. Le pays compte cinq médailles dans son histoire, toutes remportées par des hommes ; Valois-Fortier et son entraîneur, Nicolas Gill, en comptent trois à eux seuls.

À Rio, Valois-Fortier (-81 kg) et Beauchemin-Pinard (-57 kg) seront accompagnés de Kelita Zupancic (-70 kg), Antoine Bouchard (-66 kg), Ecaterina Guica (-52 kg), Arthur Margelidon (-73 kg), Sergio Pessoa Jr (-60 kg) et Kyle Reyes (-100 kg).

Zupancic, une Montréalaise de 26 ans originaire de l’Ontario, pourrait aussi devenir la première Canadienne à remporter une médaille. Elle sera une tête de série, tout comme Beauchemin-Pinard. Sauf que la Québécoise, plus jeune de quatre ans, semble en progression quasi constante depuis trois ans.

« Catherine est pas mal dans le top 5 à toutes les compétitions. C’est une fille extrêmement dévouée, qui s’entraîne excessivement fort », explique l’entraîneur-chef de l’équipe canadienne, Nicolas Gill.

« Elle n’est pas la plus douée, mais elle est une des plus motivées. C’est une fille qui ne gagne pas ses combats au talent brut, elle les gagne à l’acharnement. C’est vraiment tout à son honneur de s’être élevée au niveau où elle est aujourd’hui. »

PAS UNE SURPRISE

Ces mots de Gill ont de quoi faire sourire Catherine Beauchemin-Pinard. Quand elle avait 9 ans, c’est justement à cause de lui qu’elle a décidé de faire du judo.

« À l’école, on devait lire un article sur Nicolas Gill et trouver les fautes. Une phrase m’avait accrochée : Nicolas disait qu’il avait eu la piqûre pour le judo. Quand je suis rentrée à la maison, j’ai dit à mes parents que moi aussi, je voulais la piqûre pour le judo. »

— Catherine Beauchemin-Pinard

Elle n’était pas sportive pour deux sous, davantage attirée par l’art. Ses parents ne pensaient pas que le judo serait pour elle. Il l’a finalement été, beaucoup plus que tous ne l’auraient cru.

Jusqu’à il y a trois ans encore, elle n’avait jamais rêvé des Jeux. Elle était une bonne judoka, sans plus. Elle n’a même pas regardé les Jeux de Londres à la télé. Les images d’Antoine Valois-Fortier en pleurs, tout juste médaillé de bronze, elle les a vues en rediffusion. « Parce qu’elles passaient en boucle. »

Puis il y a trois ans, elle est passée de la catégorie des 63 kg à celle des 57. C’est là qu’elle s’est mise à récolter les bons résultats. « Il y a deux ans, j’ai fait trois premières places d’affilée : j’ai gagné une Coupe du monde, un Grand Prix et un Grand Slam. Ça m’a propulsée dans le top mondial. Après, j’ai maintenu mon classement. »

La judoka travailleuse et acharnée s’apprête donc à partir pour Rio. Ses parents Linda et Michel iront la voir. Ce sera leur premier voyage en avion.

Leur fille dit ne pas avoir d’objectif. Elle veut simplement se préparer de son mieux et livrer de bons combats le 8 août, le jour de sa compétition.

Et si elle termine avec une médaille au cou, son entraîneur insiste, personne ne devra être surpris. « Catherine a une feuille de route beaucoup plus solide que celle d’Antoine avant Londres, dit Gill. Si elle finit sur le podium, ce ne sera pas une surprise. »

LES JUDOKAS CANADIENS À RIO

FEMMES

Ecaterina Guica (-52 kg)

Catherine Beauchemin-Pinard (-57 kg)

Kelita Zupancic (-70 kg)

HOMMES

Sergio Pessoa Jr (-60 kg)

Antoine Bouchard (-66 kg)

Arthur Margelidon (-73 kg)

Antoine Valois-Fortier (-81 kg)

Kyle Reyes (-100 kg)

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