Opinion : Fermeture du circuit Gilles-Villeneuve

Comme un mauvais film de série B

Monsieur le maire, la pratique sportive vous importe-t-elle vraiment ?

J’ai pris connaissance de la décision de votre administration d’empêcher des centaines, voire des milliers de cyclistes amateurs et professionnels, d'avoir accès au circuit Gilles-Villeneuve de l’île Saint-Hélène tout en privant du même coup des milliers de familles de la possibilité d’aller à la plage Doré, pendant les chaudes journées de la période estivale.

Comme si ce n’était pas suffisant, votre administration a eu l’odieux d’annoncer à ses contribuables qu’une partie de leurs taxes servirait à la coupe de centaines d’arbres sur l’île Notre-Dame afin d’y aménager un amphithéâtre en « béton naturel », contournant ainsi la vocation première de ce parc. Le tout au profit d’un seul promoteur qui, lui, s’en mettra plein les poches grâce à vos bons soins.

On bloquera, encore une fois, l’accès aux piscines qui s’y trouvent, à des milliers de personnes qui s’y rendaient quotidiennement. Et ce pendant toute la durée des travaux qui risquent de s’échelonner sur une période de deux ans. Quid ?

Le maire a-t-il temporairement perdu les « pédales » ? Et dans quelles eaux mouille-t-il ?

J’étais présent l’an passé lors du défi 48 heures vélo pour recueillir des fonds au profit d’enfants dans le besoin. En bon politicien, prenant la balle au bond de cet événement qui a pris de l’ampleur avec les années, vous y avez prononcé un discours, remerciant chaudement les milliers de cyclistes présents qui s’y étaient échinés pendant ces deux jours, promettant du même coup que la Ville ferait en sorte que cet événement devienne encore plus grand en 2017, année du 375e anniversaire de Montréal. Tout comme les cyclistes présents, j’ai bu vos paroles avec délectation.

J’ai été, comme beaucoup de vos électeurs sans doute, réjoui de votre venue à la tête de cette administration corrompue et sclérosée depuis des années. Un vent de fraîcheur, me suis-je dit, moi qui réside à Brossard, ville terne et sans âme, mais qui adore me retrouver à Montréal où j’ai travaillé pendant près de 40 années. J’ai applaudi également à plusieurs de vos décisions. Vous me voyez donc encore plus stupéfait et déçu de ce qui est projeté. Je soupçonne que peu vous importent le vélo et la natation, mais il n’y a pas que le baseball, le Grand Prix et les cocktails-bénéfice dans la vie.

Allez de l’avant avec ce projet et m’est d’avis que vous laisserez à vos contribuables la désagréable impression et la désolante image qu’ils visionnent pour une ixième fois un mauvais film de série B où un maire pactise avec un entrepreneur au détriment du bien-être de sa population, qui l’a élu en espérant une ville et un environnement sains où la pratique sportive peut se faire en toute sécurité. En espérant que cette décision soir revue mais sans illusion… Pour le moment, j’ai honte.

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