Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles

Des ingénieurs inexpérimentés rédigent les règlements sur le pétrole et le gaz

Québec — Les trois ingénieurs chargés d’élaborer la réglementation québécoise sur le pétrole et le gaz possèdent ensemble à peine trois années d’expérience au ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), dénonce l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ). Si bien que Québec a dû faire appel à des experts albertains pour les épauler.

Le gouvernement Couillard a adopté en décembre le projet de loi 106 sur les hydrocarbures. Depuis, le MERN planche sur quatre projets de règlement pour encadrer l’exploitation pétrolière et gazière.

Ces règlements baliseront l’aménagement des puits de forage et la fracturation hydraulique dans les milieux terrestre et marin. Ils détermineront aussi le montant des redevances que verseront les sociétés pétrolières et préciseront les règles sur la construction des pipelines.

Or, révèle l’APIGQ, les trois ingénieurs qui font partie de l’équipe de rédaction possèdent ensemble un peu plus de trois années d’expérience au MERN. Deux ont été embauchés l’automne dernier, l’autre en janvier 2015.

Ces professionnels avaient travaillé quelques années dans le privé avant de rejoindre le Ministère, mais ils n’avaient aucune expérience dans l’industrie des hydrocarbures. Une situation qui met en relief le manque d’expertise interne au gouvernement québécois, déplore le secrétaire-trésorier de l’APIGQ, Andy Guyaz.

« Ça n’a pas de bon sens qu’il n’y ait personne avec plus d’expérience que nous au sein du gouvernement qui ait pu nous aider à élaborer le gouvernement », a déploré M. Guyaz.

Le syndicat affirme que ses membres ont demandé à plusieurs reprises de recevoir une formation afin de mieux connaître le domaine pétrolier et gazier. Cette demande leur a été refusée, a indiqué M. Guyaz.

Arcand réfute

Au bureau du ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, on fait valoir qu’une brochette de hauts fonctionnaires, d’avocats et de techniciens participent à l’élaboration des règlements sur le pétrole et le gaz.

« C’est donc plus de 14 personnes qui travaillent à la rédaction des règlements au MERN qui sont en grande partie inspirés des études menées dans le cadre des Évaluations environnementales stratégiques (EES) conduites par des experts renommés », a indiqué la porte-parole du ministre, Véronique Normandin.

Aide albertaine

Elle confirme que le MERN a fait appel à des spécialistes albertains pour élaborer la réglementation québécoise. Québec a en effet consulté quatre fonctionnaires du Alberta Energy Regulator, un organisme réglementaire qui encadre l’industrie pétrolière dans cette province.

« Il n’y a pas d’exploitation d’hydrocarbures au Québec, nous devons donc nous assurer d’aller chercher l’expertise de juridictions plus actives dans le domaine, a indiqué Mme Normandin. Nous sommes en lien constant avec des spécialistes de partout en Amérique. »

La sortie de l’APIGQ survient alors que ses 1400 membres sont en grève depuis le 24 mai.

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