traitement de l’insomnie

Avant de prendre un somnifère...

Comment s’y retrouver dans les rayons des médicaments en vente libre en pharmacie ? Pause vous propose une série pour y voir plus clair. Cette semaine, les somnifères.

L’hygiène d’abord…

« Le traitement de première ligne pour l’insomnie, ça ne se vend pas en pharmacie », dit d’emblée Théodora Zikos, pharmacienne communautaire et responsable de la formation professionnelle à la faculté de pharmacie de l’Université de Montréal. Avant d’avoir recours à un somnifère, un patient devrait d’abord adopter une bonne hygiène du sommeil, dit-elle. Se réveiller à la même heure chaque jour, limiter les siestes, éviter les écrans, les repas copieux et l’exercice physique avant de se coucher, etc. « On cherche toujours des façons normales, naturelles d’avoir le sommeil de qualité que l’on recherche », opine Pierre-Marc Gervais, pharmacien-propriétaire à Montréal. En plus de poser des questions à propos de l’hygiène du sommeil, le pharmacien peut aussi vérifier si le patient prend des médicaments qui pourraient contribuer à l’insomnie.

… la consultation ensuite

« Si on améliore son hygiène du sommeil et que ça ne fonctionne pas, avant d’acheter des produits, j’irais consulter », indique Pierre-Marc Gervais. Le but : déterminer la cause de l’insomnie et trouver une solution adéquate. « Il faut comprendre que l’insomnie, c’est souvent le symptôme d’un problème de santé autre, comme l’anxiété ou la dépression, souligne Théodora Zikos. Il ne faut vraiment pas passer à côté de ça. » Un problème physique, notamment avec la glande thyroïde, pourrait aussi être en cause.

Du Benadryl, encore et toujours

Les somnifères en vente libre contiennent un seul ingrédient : la diphenhydramine. « ZzzQuil, Sleep-eze, Unisom, Nytol, Sleep Aid… c’est toujours le même ingrédient », indique Pierre-Marc Gervais. Et qu’ils soient en sirop, en gélule ou en comprimé fondant, « peu importe, c’est du marketing ; il n’y a rien de différent ». La seule différence, dit-il, c’est la force : régulier (25 mg) et extra-fort (50 mg). La diphenhydramine est aussi connue sous le nom de Benadryl, un médicament antiallergique qui a aussi des propriétés sédatives. « On utilise l’effet indésirable d’un médicament comme traitement pour une autre pathologie », résume Théodora Zikos. Le Gravol, vendu derrière le comptoir, a des propriétés similaires à celles du Benadryl.

Usage « très occasionnel »

Dans quelles circonstances serait-il justifié de mettre un somnifère en vente libre dans son panier ? « Une personne en très bonne santé, qui a vraiment une situation exceptionnelle, pourrait peut-être en prendre une ou deux fois par semaine, le temps de consulter son médecin », indique Théodora Zikos. Pierre-Marc Gervais conseille aussi de leur réserver un usage « très occasionnel », rappelant que ces produits en vente libre peuvent aussi générer de l’accoutumance.

Pas sans risque

Par ailleurs, la diphenhydramine n’est pas sans risque, note Théodora Zikos : « Par exemple, chez les personnes âgées, c’est assez déconseillé, dit-elle. Ils peuvent avoir des effets secondaires accrus, comme une somnolence résiduelle le matin, des étourdissements, de la confusion. Ça peut même aller jusqu’au délire. » La diphenhydramine peut aussi interférer avec d’autres médicaments et ne doit pas être prise avec de l’alcool. Les patients qui ressentent encore de la somnolence le matin devraient éviter de prendre le volant. Enfin, dans certains cas, elle peut provoquer une réaction paradoxale en induisant de l’excitation plutôt que de la somnolence, indique Mme Zikos.

Mélatonine et produits naturels

La mélatonine est une hormone que le corps sécrète de façon naturelle et qui envoie le signal au cerveau qu’il est temps de dormir. « Les suppléments de mélatonine peuvent être intéressants pour un patient qui a des troubles de sommeil reliés à un décalage horaire ou un travail de nuit, indique Théodora Zikos, qui souligne que la mélatonine a un bon profil d’effets secondaires. Par contre, dans les études, son efficacité demeure quand même controversée. » Il existe peu de données concernant son efficacité et sa sécurité à long terme. Enfin, on trouve aussi en vente libre des produits naturels comme la passiflore et la valériane. « Comme il y a très peu de données probantes, ils ne peuvent pas vraiment être recommandés », dit Mme Zikos, qui souligne que ces produits ne sont pas non plus exempts d’effets secondaires et qu’ils peuvent aussi interagir avec d’autres médicaments...

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