Écrire numérique

Éditeurs numériques : transformation en cours au Québec

Les grandes maisons d’édition explorent le numérique depuis quelques années dans une optique qui rappelle l’édition classique. Mais voilà qu’apparaissent de nouveaux acteurs : des éditeurs créent maintenant leur propre entreprise, entièrement et uniquement vouée au numérique, avec une offre de textes « différents ». Pour eux, le papier n’est plus qu’un mauvais rêve. C’est notamment le cas d’Inouï, qui fête ce mois-ci son premier anniversaire. Rencontre avec son cofondateur, Marc-André Sabourin.

Il y a près d’un an, vous avez lancé Inouï, une maison d’édition entièrement vouée au numérique. Vous proposez des récits qui se lisent comme des romans, mais qui sont uniquement basés sur des faits vérifiables et écrits par des journalistes. Quel bilan faites-vous ?

Je serai franc, nous ne sommes toujours pas rentables, mais on ne s’attendait pas à l’être non plus dès notre première année d’exploitation. Pour l’instant, Inouï possède un catalogue de neuf récits, soit sept traductions et deux textes originaux. Nous avons quelques milliers de lecteurs au Québec, mais nous visons le marché de la francophonie pour attirer un plus grand auditoire. J’étais d’ailleurs récemment en France pour rencontrer de futurs partenaires. C’est ainsi que nous espérons rentabiliser notre entreprise.

Qui sont vos auteurs, et comment collaborez-vous avec eux ?

Nos auteurs sont des journalistes professionnels. Ils nous soumettent des idées d’histoires qu’ils ne pourraient pas publier dans leurs médias respectifs, car notre format est unique. Nous sommes vraiment à la croisée des chemins entre le grand reportage et le court roman. Nos récits se lisent en deux heures. Une fois que notre comité éditorial approuve un texte, nous fonctionnons comme toute bonne maison d’édition : nous accompagnons l’auteur dans sa rédaction et la révision stylistique et linguistique. Nos auteurs ne publient pas chez Inouï uniquement pour avoir une visibilité : ils sont payés ! Nous négocions avec eux des droits d’auteur, qui tournent autour de 40 % des ventes. Chaque histoire se vend 3,99 $ l’unité, et les utilisateurs peuvent s’abonner à notre catalogue pour 19,99 $.

Avec le numérique vient irrémédiablement la question du multimédia. En utilisez-vous dans vos récits ?

On le faisait beaucoup au début, on le fait maintenant beaucoup moins. D’abord, il y a une question de coût pour obtenir la permission de diffuser des contenus vidéo, et ce n’est pas ce que nos lecteurs recherchent particulièrement. Au final, poursuivre dans cette direction ne nous semble pas du tout rentable. Il ne faut pas non plus que ce soit forcé. Si on trouve une vidéo libre de droits qui s’intègre bien au récit, on va la publier, mais on ne cherchera pas toujours à avoir du contenu multimédia à tout prix.

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