Famille

Les tâches ménagères aideraient les enfants à bien grandir

Les enfants à qui on a confié des tâches ménagères lorsqu’ils étaient petits réussiraient mieux dans la vie, selon une étude américaine. Voilà un bon prétexte pour demander à ces chérubins de mettre la table, passer l’aspirateur ou faire une brassée…

En semaine et le week-end, les trois enfants de Véronique, deux filles âgées de 8 ans et un garçon de 11 ans, vident le lave-vaisselle, passent l’aspirateur, etc. « Les filles sont encore un peu récalcitrantes, mais mon fils a pris l’habitude. On n’a plus besoin de lui demander de venir aider », raconte Véronique, pour qui c’est important d’apprendre tant à son garçon qu’à ses filles à participer aux tâches de la maison. « Ce sera plus facile pour eux quand ils emménageront seuls ou seront en colocation : ils sauront se débrouiller », estime Véronique.

Selon une étude faite auprès de 84 jeunes adultes menée par Marty Rossman, professeure associée à l’Université du Minnesota, le fait de faire des tâches ménagères dès l’âge de 3 ou 4 ans est un facteur de réussite à l’âge adulte. Patricia Dion, psychologue pédiatrique à la clinique psychofamiliale Solution Santé de Delson, n’est pas surprise de cela, tant faire des tâches ménagères enfant développe diverses habiletés.

« C’est une belle occasion de donner des responsabilités aux enfants, ce qui va leur donner confiance en eux. »

— Patricia Dion, psychologue pédiatrique

« [Les enfants] auront le sentiment d’être capables d’aider, d’accomplir quelque chose de bien », souligne Patricia Dion. D’autant plus que les enfants, lorsqu’ils sont petits, demandent à faire « comme papa et maman » et sont enthousiastes à l’idée de pouvoir participer et être utiles. Plus tard, c’est plus difficile… Mais si l’habitude est prise, ce sera moins un combat de faire ranger sa chambre à un ado.

Toutefois, « même si un ado fait ce qu’on lui demande en bougonnant, il ne faut pas hésiter à le lui demander car, sans le dire, il se sentira valorisé et comme étant partie prenante de la famille », avance Patricia Dion. Car l’un des bénéfices de faire faire des tâches ménagères à ses enfants est de développer « le sentiment d’appartenance à la famille » : « Si tout le monde participe, chacun a son impact et a l’impression de faire partie du groupe », poursuit la psychologue.

Esprit de collaboration

Bien sûr, les tâches doivent être adaptées à chaque âge. Les plus petits mettront les fourchettes sur la table, débarrasseront leur verre ou laveront les tomates. Une façon « d’apprendre la motricité grossière et fine, mais aussi l’organisation et la planification », ajoute Patricia Dion. Les plus grands pourront sortir les poubelles, passer l’aspirateur, vider le lave-vaisselle ou laver le linge.

Avec l’âge, les tâches confiées sont plus complexes et « c’est une manière d’apprendre l’autonomie à petits pas », affirme Mitsiko Miller, coach et formatrice, instigatrice du projet Famille en harmonie, qui propose des interventions, formations et conférences en famille et à l’école sur « la collaboration en action ».

Pourtant, c’est assez rare que les parents donnent des tâches ménagères à leurs enfants, constatent les deux expertes. « La société pousse à la performance : il faut tout faire bien. Alors, entre le cours de violon des enfants, l’heure de yoga de la maman et l’heure du coucher pour s’assurer que les enfants dorment le temps prescrit par les spécialistes, il ne reste plus beaucoup de temps et l’adulte fera souvent les choses lui-même pour gagner du temps », constate Mitsiko Miller. Patricia Dion conseille d’ailleurs de confier à l’enfant des tâches pour lesquelles « sa marge de tolérance quant à la façon dont elles seront faites est grande, car il faut accepter que l’enfant soit en apprentissage et que tout ne soit pas fait parfaitement ».

Car le plus important n’est pas là. Le grand bénéfice de faire faire des tâches aux enfants est plutôt de contribuer au développement d’un esprit de collaboration, selon Mitsiko Miller : « La famille est une microsociété dans laquelle on apprend à collaborer et à avoir du plaisir à contribuer au bien-être familial. »

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