Hockey  La Presse en Suède

Le « sossehockey » : à la sauce suédoise

Tobias Stark a du mal à l’expliquer. Il a beau avoir consacré son doctorat à l’histoire du hockey suédois, c’est que le concept de « sossehockey » est tout en nuances. Il permet pourtant de mieux saisir les courants de pensée du hockey scandinave.

« Les gens ne s’entendent pas sur la naissance du concept, mais ça viendrait de la fin des années 80 », note Stark.

La paternité en reviendrait à un journaliste qui voulait qualifier le style d’un des entraîneurs les plus réputés du pays, feu Tommy Sandlin, surnommé « professeur hockey » chez lui en raison de ses grandes qualités tactiques.

« Tommy Sandlin était un social-démocrate. Il venait d’une ville très col bleu. Il voulait bâtir la confiance des joueurs, la solidarité entre eux. Peu importe le pointage, il faisait tout le temps jouer les quatre lignes également, raconte Tobias Stark, professeur associé à l’Université Linnaeus. Il disait que si vous laissiez un gars sur le banc parce qu’il connaissait un mauvais match, il se sentirait mal et ça pourrait entraîner une spirale descendante. »

Sandlin était donc un entraîneur pétri des valeurs égalitaristes de la Suède. Lors d’un match, son équipe avait perdu contre un entraîneur à la philosophie inverse, qui avait fait jouer ses deux meilleures lignes. Le journaliste a donc inventé ce terme pour critiquer le travail de Sandlin. « “Sosse” est un terme pas très flatteur pour désigner un social-démocrate », note Stark.

Au début des années 90, le « sossehockey » était la norme en Suède. Il a depuis perdu un peu de son lustre avec la mondialisation du sport. Tobias Stark pense que les changements qui affectent le hockey suédois sont intimement liés à ceux qui touchent la société suédoise en général. La social-démocratie a perdu de son ascendant dans la société suédoise.

Au hockey aussi.

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