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La fraude aux fausses pièces d’or chinoises atteint Montréal

Après avoir fait plusieurs victimes dans l’ouest du Canada et des États-Unis, un stratagème frauduleux basé sur la vente de fausses pièces d’or chinoises est arrivé à Montréal. Mais la vigilance d’une restauratrice de Dorval a permis à la police d’arrêter rapidement trois de ses acteurs.

Les trois hommes sont arrivés au restaurant asiatique H20 de Dorval, tout près de l’aéroport de Montréal, au début du mois de septembre. Ils s’exprimaient en mandarin et disaient être des travailleurs venus de Chine pour un contrat de construction de quelques mois.

L’une des propriétaires du restaurant, originaire de la même région qu’eux en Chine, s’intéresse à leur histoire. « Étant de la même origine que les suspects, une confiance et une complicité s’installent entre eux », a relaté le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dans un communiqué.

Quelques jours plus tard, les trois hommes reviennent au restaurant. Ils font une confidence à la propriétaire : ils ont trouvé des statuettes et des pièces d’or anciennes, accompagnées d’un testament antique chinois, en creusant sur le sol de leur chantier. Ils disent avoir absolument besoin de les vendre avant leur retour en Chine, parce qu’ils ne pourront pas franchir la frontière avec de tels trésors.

Pour prouver leur bonne foi, ils offrent une pièce d’or à la victime et l’encourage à la faire analyser. La restauratrice s’exécute et constate que l’or est véritable.

Scénario identique

Les visiteurs chinois reviennent sans cesse à la charge et demandent jusqu’à 80 000 $ pour l’ensemble de leur marchandise. Méfiante, la restauratrice a fait quelques recherches en ligne et constaté que plusieurs cas de fraudes basées sur ce scénario avaient été rapportés dans la communauté chinoise en Colombie-Britannique et en Californie, notamment. Les pièces et le « testament » utilisés là-bas étaient quasiment identiques à ceux qu’on lui avait montrés.

La dame a alerté le Service de police de la Ville de Montréal, et la Section des crimes économiques du corps policier a rapidement mis la main au collet de Jinlin Zhong, 45 ans, Chunsheng Zhong, 56 ans, et Jin Shui Xie, 49 ans. Tous trois sont citoyens chinois.

Hormis la pièce qu’ils avaient fournie à la restauratrice pour analyse, toutes leurs autres pièces se sont révélées être en zinc et en cuivre. Le lot complet ne valait qu’une cinquantaine de dollars.

Les suspects ont raconté aux policiers qu’ils avaient atterri à l’aéroport Pearson de Toronto et avaient loué une voiture pour venir visiter la restauratrice de Dorval.

Hier, ils ont tous plaidé coupable à une accusation de fraude et ont écopé de 60 jours de prison. L’Agence des services frontaliers du Canada attend maintenant la fin de leur détention pour les renvoyer en Chine.

Une déportation rapide

Le procureur de la Couronne, Me Nicolas Ammerlaan, était d’accord pour suggérer une peine de 60 jours conjointement avec la défense.

« Il fallait balancer des intérêts opposés. D’un côté, une plus longue incarcération pour dissuader d’autres étrangers de venir commettre des crimes ici, mais d’un autre côté, les coûts liés à l’incarcération d’une personne alors qu’on attend de les expulser. Nous avons priorisé une déportation rapide », a-t-il expliqué à La Presse.

La police n’a pas répertorié d’autres victimes de ce stratagème au Québec à ce jour, mais invite les gens de la communauté à ouvrir l’œil. « Si des gens se reconnaissent dans cette affaire, on les invite à contacter leur service de police », souligne l’agent Raphaël Bergeron, porte-parole du SPVM.

tourisme humanitaire

Poursuite contre une entreprise de volontourisme

L’Office de la protection du consommateur (OPC) a déposé une poursuite pénale contre Projects Abroad, entreprise britannique spécialisée dans le tourisme humanitaire qui vend sans permis, et à fort prix, des voyages à l’étranger à de jeunes Québécois. 

Projects Abroad est accusé d’avoir « exercé les fonctions d’agent de voyages […] sans détenir le permis requis à cet effet », lit-on dans l’acte d’accusation déposé le 18 septembre dans le district judiciaire de Longueuil.

Ce permis, délivré par l’OPC, est obligatoire pour toute agence de voyages qui exerce des activités au Québec. Projects Abroad risque une amende de 3000 $.

Acteur majeur de l’industrie florissante du « volontourisme », Projects Abroad se présente non pas comme une agence de voyages, mais comme « une organisation internationale de volontariat », qui propose à ses clients de prendre part à des « missions humanitaires » taillées sur mesure pour eux dans différents pays du tiers monde.

Enquête de LA PRESSE en 2016

Alertée en 2016 par une enquête de La Presse, qui avait participé incognito à une mission de Projects Abroad dans un orphelinat au Cambodge, l’OPC avait ouvert une enquête sur les activités de cette entreprise.

Projects Abroad avait exigé 2215 $ pour notre mission de deux semaines au Cambodge – billets d’avion en sus. De cette somme, l’entreprise n’avait versé que 50 $ à l’orphelinat, qui prenait soin d’enfants handicapés.

Projects Abroad s’est refusé hier à tout commentaire. Interrogé en janvier 2016, le vice-président Thomas V. Pastorius Jr. avait déclaré que l’entreprise n’était pas une agence de voyages aux termes de la loi québécoise. « Bien que le voyage soit une partie de ce que nous faisons, nous ne répondons pas à la définition d’une agence de voyages », avait-il soutenu.

Ce n’est pas la conclusion à laquelle est arrivé l’Office de la protection du consommateur.

Fondée en 1992, Projects Abroad est l’une des plus importantes organisations de volontariat payant de la planète, avec un chiffre d’affaires de 44 millions de dollars et des profits de 4 millions, selon son rapport annuel 2014.

Le bureau canadien de Projects Abroad est situé à Toronto, mais son site web contient une section francophone destinée au marché québécois. L’entreprise organise aussi des tournées promotionnelles au Québec.

Santé

À un clic (et 180 $) d’un dermatologue

Des dermatologues québécois ont lancé en décembre dernier un site payant de télémédecine qu’ils viennent d’étendre à tout le Canada. Un millier de patients ont utilisé DermaGO. Serait-ce l’avenir du traitement des problèmes cutanés ?

Vidéo et clavardage

Pour 180 $, les clients de DermaGO peuvent envoyer des photos et recevoir un avis par clavardage en moins de 72 heures, avec un suivi qui a parfois dépassé six mois (un service 24 heures est offert pour 250 $). « J’ai 30 ans, je suis très technologique », explique le dermatologue Jean-Marc Doré, l’un des cofondateurs de DermaGO. « On a vu ça apparaître aux États-Unis et on a voulu être les premiers au Canada. » Des rencontres avec un dermatologue en chair et en os sont parfois proposées. Des cliniques hors RAMQ font également appel à DermaGO pour leurs clients, avec cette fois une consultation vidéo avec le patient et son médecin de famille.

Pas pour le cancer

En 2016, une étude avait sonné l’alarme sur la qualité des services de télédermatologie. Publiée dans la revue JAMA Dermatology, elle avait conclu à un service expéditif, voire bâclé, dans la moitié des 16 services testés pour l’analyse d’un grain de beauté suspect. « C’est très différent, nous respectons les règles du Collège des médecins sur la télémédecine, dit le Dr Doré. Et on a spécifiquement évité le cancer de la peau, les lésions pigmentées comme les grains de beauté. On ne refusera pas de donner notre avis, mais on ne fait pas de publicité là-dessus, et 90 % des patients consultaient pour autre chose. Dans certains cas de grain de beauté, on a dirigé le patient vers un médecin pour vérifier que c’était bénin. »

Privé contre public

« C’est parfaitement légal, mais je suis contre ce recours de plus en plus grand au privé en médecine », commente l’urgentologue Alain Vadeboncoeur, qui a publié plusieurs essais et qui s’inquiète souvent du rôle grandissant du secteur privé en santé. « En dermatologie, il y a des délais très importants, justement parce que les médecins font des services non assurés par la Régie de l’assurance maladie du Québec, comme l’esthétique. C’est dommage que la télémédecine apparaisse au privé plutôt qu’à la RAMQ. C’est une bonne manière d’augmenter l’efficacité dans les domaines médicaux plus visuels. » Le Dr Doré assure avoir proposé à la RAMQ et à l’Association des dermatologues que DermaGO soit un projet pilote public. « Mais on préférait développer ça à l’intérieur du public, dit le Dr Doré. En Ontario, il y a de la télédermatologie, mais c’est le médecin de famille, et non le patient, qui envoie les photos au dermatologue. C’est moins efficace. » Les dermatologues que voient les clients de DermaGO qui en ont besoin sont couverts par la RAMQ, cependant. « Ce qui n’est pas couvert par la RAMQ, c’est la télémédecine du patient au médecin, seulement la télémédecine d’hôpital à hôpital », dit le Dr Doré.

Même en Floride

Une antenne de DermaGO va ouvrir sous peu en Floride. « Normalement, ce sera le seul État américain où on sera présent, dit le Dr Doré. Il faut un permis de pratique pour chaque État et il y a une dizaine de services concurrents. On avait quelqu’un qui avait un permis pour la Floride. » Est-il nécessaire d’avoir un médecin dans la province ou l’État du patient ? « Je pense que les gens aiment consulter des médecins locaux, même si c’est par clavardage ou vidéo. »

Intelligence artificielle

Le printemps dernier, une étude de la revue JAMA Dermatology avançait que l’intelligence artificielle allait révolutionner la détection des cancers de la peau. DermaGO envisage-t-elle cette avenue ? « L’intelligence artificielle, c’est un sujet chaud en dermatologie, dit le Dr Jean-Marc Doré. Je pense que l’idéal, c’est que ça soit utilisé pour faciliter la productivité des médecins, pas pour les remplacer. Et je pense que ça sera surtout pour le cancer de la peau, moins pour les problèmes esthétiques, qui ont plusieurs présentations différentes. »

Médias

Changement de garde à la direction de La Presse

Changement de la garde à la direction de l’information de La Presse : Jean-François Bégin a été nommé hier directeur principal de l’information, où il remplacera Alexandre Pratt. Ce dernier devient pour sa part chroniqueur aux sports. Le vétéran Philippe Cantin a quant à lui annoncé qu’il partirait à la retraite à la fin de l’année.

M. Cantin mettra ainsi fin à une carrière de 30 ans à La Presse. Après avoir fait ses débuts comme reporter affecté aux sports, puis à la politique québécoise, il a accepté le poste de directeur de l’information puis celui de vice-président à l’information et éditeur adjoint du journal, plus haute fonction de la salle de rédaction, au détour des années 2000.

Une décennie plus tard, il a retrouvé ses premières amours, les sports, et signe depuis 2010 une chronique dans cette section. Au cours des dernières années, il a notamment couvert les Jeux olympiques de Londres, de Sotchi, de Rio et de PyeongChang, et a suivi les activités du Canadien de Montréal.

« Pour plusieurs d’entre nous, il demeurera un mentor et une inspiration ; je tiens à le remercier chaleureusement pour tout ce qu’il a apporté à La Presse au fil du temps », a déclaré Éric Trottier, vice-président à l’information et éditeur adjoint du quotidien.

Les lecteurs de La Presse pourront continuer à lire les opinions de Philippe Cantin une fois par semaine à compter du début de l’année 2019.

Nouveau directeur principal

Jean-François Bégin obtient pour sa part une promotion. Cet ex-chroniqueur sportif a été successivement directeur des sports et directeur des actualités générales. Il devient directeur principal de l’information.

« Doté d’un leadership naturel et d’un jugement journalistique à toute épreuve, il apportera une contribution substantielle à notre équipe de direction », a souligné Éric Trottier.

M. Bégin remplacera à ce titre Alexandre Pratt, qui retourne à l’écriture après 12 années passées à la direction de l’information.

Au cours des dernières années, M. Pratt a été l’un des architectes de la transformation numérique de La Presse. Il était notamment aux commandes pour la transition vers l’application La Presse+.

« Grand leader pour les journalistes, Alexandre a été un atout indéniable auprès de tous les collègues de la direction ainsi que pour moi-même, a souligné Éric Trottier. Son sens de l’analyse et sa façon extraordinaire de trouver des solutions, quelle que soit la tempête à traverser, m’ont toujours épaté. »

Ayant lui aussi amorcé sa carrière comme journaliste sportif, Alexandre Pratt réalise « un rêve de p’tit gars » en devenant chroniqueur. À ses collègues réunis hier après-midi, il a notamment raconté que son idole de jeunesse était Philippe Cantin, qu’il remplacera en quelque sorte au tournant de la nouvelle année.

Montréal

Deux élections partielles le 16 décembre

Deux élections partielles auront lieu à Montréal le 16 décembre pour pourvoir les postes laissés vacants par deux élus municipaux ayant fait leur entrée à l’Assemblée nationale. Le greffier de la métropole profitera de la prochaine rencontre du conseil municipal pour officialiser la vacance des postes de maire de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles et de conseiller de Saint-Michel. Il annoncera par la même occasion la tenue d’élections partielles le dimanche 16 décembre. Rappelons que la loi oblige les municipalités à pourvoir les postes laissés vacants à plus de 12 mois des prochaines élections générales. Les prochaines auront lieu seulement en novembre 2021, soit dans un peu plus de trois ans. Ces deux postes sont devenus vacants à la suite de l’élection de Chantal Rouleau dans la circonscription de Pointe-aux-Trembles, sous la bannière de la Coalition avenir Québec, et de Frantz Benjamin dans Viau, pour le Parti libéral du Québec.

— Pierre-André Normandin, La Presse

Cannabis

42 500

À sa grande surprise, la Société québécoise du cannabis (SQDC) a fait affaire avec plus de 42 500 clients mercredi lors de sa première journée d’activité. L’entreprise publique a annoncé par communiqué que « plus de 12 500 transactions en magasin et 30 000 commandes en ligne » avaient été traitées. « Ce volume de commandes dépasse largement les prévisions de la SQDC », a admis l’organisation, qui a vanté dans la foulée « la robustesse des systèmes de la Société ». Devant certaines succursales, les clients ont dû attendre jusqu’à quatre heures en file avant de pouvoir entrer dans l’établissement. « Compte tenu de l’engouement créé par la légalisation du cannabis et de la rareté des produits à l’échelle canadienne, la SQDC s’attend à d’importants défis d’approvisionnement à court terme pour les succursales, a continué la Société. Plus spécifiquement pour l’achat en ligne, on peut s’attendre à un manque de produits plus important, notamment au niveau de l’huile, des gélules, des atomiseurs et des joints pré-roulés. » — Philippe Teisceira-Lessard, La Presse

Rectificatif

Rodier

Dans un photoreportage sur la renaissance du Rodier publié à l’écran 14 de notre numéro du 17 octobre, nous indiquions que la firme d’architectes Provencher_Roy était responsable des plans de restauration du bâtiment. Nous aurions dû écrire que la firme travaillait sur le projet en collaboration avec l’architecte Gérard Dion.

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