Plein Air

LA VIDÉO DE LA SEMAINE

Vélo déjanté

Il y a quelque chose de bizarre dans cette vidéo. Ah oui : ils ne portent pas de casque !

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33,1 %

LE CHIFFRE DE LA SEMAINE

Pourcentage de filles de 12 à 17 ans qui sont actives, selon Kino-Québec. Pour les garçons, cette proportion grimpe à 48,5 %.

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Le scoutisme, ou comment rapprocher les jeunes de la nature

Après deux jours de camping avec sa troupe scoute, le jeune se rend à l’évidence : son précieux téléphone cellulaire est mort. Il n’y a plus de jus. Le jeune n’a plus vraiment le choix : maintenant qu’il est débranché, électroniquement, il doit se brancher sur son environnement, sur la nature.

« Dans la vie du camp, nous apprenons à nous passer de tant de choses que, dans la vie quotidienne, nous jugeons nécessaires. Et nous découvrons que nous pouvons faire par nous-mêmes bien des choses dont nous nous croyions incapables. »

Cette citation si actuelle remonte en fait à 1918. Elle est le fait du père du mouvement scout lui-même, Robert Baden-Powell. Le plein air est au cœur du scoutisme depuis les tout débuts du mouvement. Il pourrait contribuer à sa renaissance.

Au Québec, le scoutisme a perdu beaucoup de popularité depuis 1995. À l’époque, le mouvement comptait 45 000 membres, garçons et filles. Ils sont actuellement 16 000, un niveau qui semble vouloir se stabiliser.

Myriam D’Auteuil, directrice du développement à l’Association des scouts du Canada, attribue ce déclin à plusieurs facteurs : un manque de visibilité, une plus grande offre de loisirs alternatifs et un inconfort de la part de certains parents face à la nature et à l’aventure, qui provoque ce qu’elle appelle un « déficit nature ».

« Les gens restent de plus en plus à la maison. Les parents veulent que les jeunes restent tout près, dans la cour, pour pouvoir les surveiller. Ils craignent qu’ils se blessent. »

— Myriam D’Auteuil, directrice du développement à l’Association des scouts du Canada

Or, dans son livre Last Child in the Woods (en anglais uniquement), l’auteur américain Richard Louv cite nombre d’études montrant que le manque de contact avec la nature a une incidence négative sur la santé mentale et physique.

Selon Mme D’Auteuil, le scoutisme peut jouer un rôle pour combler ce déficit nature. Par la même occasion, le mouvement peut connaître un regain de popularité.

« Nous voulons devenir une école de plein air, lance-t-elle. C’est déjà le cas, mais nous voulons l’être davantage. Il y a des fédérations de plein air, il y a des formations spécialisées sur le vélo, le canot. Nous, ce qu’on veut, c’est qu’on soit bien en plein air, qu’on soit confortable, qu’on ait toute cette base-là. Après cela, on peut aller développer des habiletés additionnelles. »

Les scouts pouvaient compter sur un véritable manuel de plein air, Cibles, paru en 1954. Le bouquin a été revu dans les années 80, mais il est maintenant désuet.

« Nous sommes sur le point de sortir une nouvelle pédagogie plein air pour les scouts », indique Mme D’Auteuil.

Le programme, élaboré avec l’aide financière du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, couvrira toute la base, depuis le choix d’un site de camping jusqu’à la cuisine sur réchaud. Des partenaires importants ont apporté leur collaboration, comme la Croix-Rouge pour l’aspect secourisme, l’organisation Sans trace Canada pour l’aspect environnemental et la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) pour la prévention.

Le mouvement a voulu renouveler son image, notamment avec un nouvel uniforme. L’uniforme traditionnel, en coton et orné de pochettes de cuir, ne se prêtait pas au plein air. Lorsque le coton est humide, il perd toute qualité isolante et sèche très lentement. Le nouvel uniforme, en matériel synthétique, est beaucoup plus approprié au climat québécois.

Pendant l’année scolaire, les scouts se rencontrent sur une base hebdomadaire pour apprendre diverses habiletés et préparer des projets, comme les fameux camps d’hiver et d’été. Pour les plus jeunes, les projets sont simples et de courte durée. Pour les plus vieux, ça devient plus complexe et plus aventureux. On parle de canot-camping, de kayak de mer, de longues randonnées en vélo. Ça peut aller jusqu’au camping d’hiver.

Évidemment, ça peur faire peur à certains parents.

« C’est pour ça qu’on fait des réunions de parents et qu’on essaie de les impliquer le plus possible, indique Mme D’Auteuil. Ils voient que c’est bien organisé, qu’il y a beaucoup de formation pour les bénévoles, qu’il y a des ateliers et de la documentation pour les jeunes. »

Les parents constatent surtout à quel point les scouts reviennent heureux de leurs camps, affirme-t-elle.

« Je pense qu’il n’y a pas un parent qui décide de priver son enfant de cette expérience-là, déclare-t-elle. Les jeunes vont peut-être s’égratigner un peu mais ce n’est pas grave, ils vont juste être plus forts. »

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