Théâtre jeunesse

LA DERNIÈRE TOURNÉE

Le 16 avril dernier, au centre de l’Alberta, un accident implique un camion de tournée de la compagnie de théâtre jeunesse Tohu-Bohu et une fourgonnette dans laquelle sept acteurs sont transportés. L’un d’eux, Alexandre Thériault, âgé de 28 ans, perd la vie. Sous le choc, des comédiens ayant déjà travaillé pour l’entreprise dénoncent aujourd’hui leurs conditions de travail, qu’ils jugent précaires et annonciatrices d’une tragédie.

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«Cet emploi était spécial pour lui »

Alexandre Thériault avait deux passions : les arts et l’enseignement. Étudiant en éducation spécialisée à l’UQAM, il avait pris cette année une pause pour jouer dans un spectacle de la compagnie montréalaise Tohu-Bohu. Il s’agissait de sa première expérience de tournée. Ce fut aussi sa dernière.

« Faire de la tournée, c’était quelque chose qu’Alex avait toujours voulu essayer », laisse tomber Gaétan St-Cyr, son conjoint depuis huit ans.

La troupe s’est réunie pour la première fois l’automne dernier afin d’entamer les répétitions du spectacle A Forever Frozen Story, qu’elle présenterait d’abord dans les Maritimes, puis en Ontario et dans l’Ouest canadien.

« Alex avait du cran, mais il était doux. C’était un doux géant. Quand je l’ai rencontré, il était réservé, mais on voyait qu’il aimait beaucoup les enfants. Cet emploi était spécial pour lui puisqu’il pouvait leur parler après les spectacles. Ensemble, on avait beaucoup d’énergie et de plaisir. »

— Robbie Fenton, un collègue de l’acteur de 28 ans

Sur la route, Alexandre ne se plaignait pas, se souvient Gaétan St-Cyr, à qui il écrivait régulièrement. Le jeune homme originaire de Québec avait toutefois hâte de revenir chez lui à Montréal.

« Il a réalisé en faisant la tournée qu’il aimait ça, mais pas au point d’en faire [une carrière]. Ce qu’il voulait, c’était revenir à la maison et devenir professeur. C’est ce qu’il m’a dit dans les dernières semaines avant sa mort », raconte son conjoint en contenant ses larmes.

L’accident

Le 16 avril dernier, vers 6 h du matin, la troupe de sept acteurs a pris place à l’intérieur d’une fourgonnette conduite par une employée qui était aussi chargée de monter les décors et de gérer les costumes. C’était une journée de printemps ensoleillée avec un petit vent. Un coordonnateur de tournée et un technicien de son se relayaient quant à eux au volant du camion transportant le matériel.

Dans le véhicule des acteurs, dit Robbie Fenton, tout le monde dormait. Ils étaient arrivés la veille à l’hôtel entre 23 h et 23 h 30, se souvient-il, une information confirmée par une autre comédienne à qui nous avons parlé et qui a demandé l’anonymat. Leur nuit avait donc été courte.

Robbie Fenton était assis à l’extrémité gauche du véhicule, sur la même banquette qu’Alexandre. Il se rappelle s’être réveillé peu après 9 h.

« J’ai vu [à un certain moment] que la conductrice s’approchait du [camion de tournée]. J’ai crié son nom [quelques secondes avant] qu’on le percute. »

— Robbie Fenton

L’impact a été brutal.

En voulant éviter le camion transportant devant elle le matériel de tournée, qui aurait freiné subitement, la conductrice du véhicule des acteurs aurait donné un coup de volant. Mais l’impact n’a pu être évité et la fourgonnette a fait des tonneaux vers un fossé et a été éventrée.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a confirmé à La Presse avoir reçu un appel d’urgence vers 9 h 15 pour un accident survenu à l’intersection de l’autoroute 38 et de la Range Road 212 au sud-est de Redwater, en Alberta.

« Pendant l’accident, tout le monde criait, puis ça a été le silence, raconte Robbie Fenton d’une voix éraillée. Je suis sorti du véhicule en premier. Pendant quelques secondes, je n’entendais rien. Je pensais que tous mes amis étaient morts. »

Alexandre Thériault, éjecté du véhicule et coincé sous une roue, a été transporté, conscient, en hélicoptère, jusqu’à l’hôpital de l’Université de l’Alberta à Edmonton. « On l’amenait en chirurgie pour sa jambe, car il avait une bonne fracture, mais il ne s’est jamais rendu. Il a fait un arrêt cardiaque », résume son conjoint Gaétan St-Cyr.

Selon la déclaration de décès, Alexandre Thériault est mort de multiples blessures, notamment au cœur et aux poumons.

Des inquiétudes pour la sécurité

Six jours avant l’accident, le 10 avril dernier, a appris La Presse, les acteurs avaient écrit au coordonnateur de la tournée pour exprimer des craintes pour leur sécurité sur la route.

Dans un courriel obtenu par La Presse, les acteurs écrivaient : « Les communications avec [notre conductrice] sont difficiles. Les messages qui doivent nous être transmis devraient l’être via notre groupe commun sur Facebook. Ceci est particulièrement important puisqu’elle conduit et qu’elle ne peut pas utiliser son cellulaire. Cela est devenu un grand enjeu et nous ne nous sentons pas en sécurité quand elle utilise son cellulaire en conduisant ou lorsqu’elle suit le camion de tournée de trop près. Nous lui avons dit, mais cela doit être pris en compte de façon plus sérieuse. C’est pour notre sécurité. »

Joint par La Presse, le coordonnateur de tournée, qui a demandé que son nom ne soit pas publié en raison de l’enquête policière en cours, confirme avoir reçu ce courriel, mais dit ne pas l’avoir transféré au siège social de Tohu-Bohu, à Montréal. Il assure cependant être intervenu auprès de la conductrice pour qu’elle cesse d’utiliser son cellulaire sur la route.

La Presse a demandé à quelques reprises une entrevue à la conductrice du véhicule des acteurs, qui nous a répondu qu’elle n’était pas prête à parler pour l’instant.

Chez Tohu-Bohu, on affirme n’avoir jamais été mis au courant des inquiétudes de la troupe. « Cette situation n’a jamais été rapportée à notre équipe à l’interne. Des extraits de ce courriel ne nous ont malheureusement été montrés qu’après l’incident. Sinon, il va de soi que nous [serions] rapidement intervenus auprès de la personne concernée », écrit dans un courriel Maryse Fortin Dupuis, productrice exécutive à Tohu-Bohu.

Aucune accusation n’a été déposée en lien avec cet accident. La GRC fait toujours enquête.

« Ça a coûté une vie »

« C’est sûr que j’ai un sentiment envers [les gens de Tohu-Bohu], laisse tomber le conjoint d’Alexandre Thériault, Gaétan St-Cyr. Les acteurs les avaient informés qu’ils ne se sentaient pas en sécurité avec la personne qui conduisait le véhicule. Ils n’engagent pas de chauffeurs professionnels, ils utilisent une employée qui fait d’autres tâches. […] J’imagine que c’est pour s’éviter des frais, mais ça a coûté une vie. »

« [La mort d’un acteur], c’est quelque chose qui n’est jamais arrivé auparavant et on espère que ça n’arrive plus jamais. C’est de nature tragique et extrêmement imprévisible. Même si on se dit qu’il faut être préparé à tout, on n’est jamais préparé à quelque chose comme ça. »

— Yoann Desrosiers, président de Tohu-Bohu, en entrevue à La Presse

Le lendemain de la mort d’Alexandre Thériault, la direction de Tohu-Bohu a contacté les survivants pour leur proposer un plan de retour au travail : reprendre la tournée environ une semaine après l’accident. « Une offre de bonne foi », précise Desrosiers.

« On leur a dit que ce n’était pas une option », relate Robbie Fenton, ce que confirment d’autres employés de la tournée contactés par La Presse.

Devant ce refus, Tohu-Bohu a renvoyé les acteurs dans leur famille en leur payant un billet d’avion. La compagnie leur a ensuite offert de reprendre la tournée le 4 mai suivant.

On a toutefois demandé au coordonnateur de tournée, au technicien de son et à la responsable des costumes et des décors – conductrice de la fourgonnette au moment de l’accident – de ramener le camion de matériel jusqu’à Montréal. Dans un échange de courriels que La Presse a obtenu, ces employés ont refusé, jugeant qu’ils n’étaient pas psychologiquement aptes à conduire de longues heures après ce qu’ils venaient de vivre.

Ils affirment même avoir eu recours à des rapports psychologiques et médicaux pour expliquer ce refus. « Comme notre état présent semble être pris à la légère de votre part, nous sommes allés chercher l’aide nécessaire pour mieux comprendre et exprimer notre situation », écrit le coordonnateur de tournée dans un courriel à l’employeur.

Tohu-Bohu leur a finalement payé des billets d’autocar pour Montréal, où ils sont arrivés plusieurs jours après l’accident.

À la reprise de la tournée, quelques semaines plus tard, un autocar a été loué, conduit cette fois par un chauffeur professionnel. Tohu-Bohu affirme qu’elle évaluera au cas par cas à l’avenir s’il faut de nouveau engager une personne exclusivement affectée à la conduite du véhicule des acteurs.

Qu’est-ce que Tohu-Bohu ?

Tohu-Bohu se dit le premier producteur et diffuseur de spectacles pour la famille à travers le Canada. L’entreprise québécoise présente chaque année 400 spectacles. Elle affirme être « en forte croissance avec une expansion mondiale soutenue ».

THÉÂTRE JEUNESSE

Une mort évitable ?

Depuis la mort d’Alexandre Thériault, La Presse a parlé avec une dizaine d’acteurs et d’employés qui ont fait des tournées pour des spectacles de Tohu-Bohu. Tous sont formels : les horaires étaient parfois insoutenables.

« Je parle aujourd’hui parce que je sens que c’est la bonne chose à faire quand on vit une expérience qui est tellement négative qu’elle devient pratiquement dangereuse », affirme le comédien Benjamin Warner, qui a travaillé sur le spectacle A Magical Christmas. Pendant sa tournée, raconte-t-il, le véhicule dans lequel il était passager a évité de justesse un camion lourd sur une autoroute en pleine tempête hivernale.

Des acteurs qui ont travaillé sur les tournées du spectacle The Magical Journey, l’an dernier, ont été impliqués dans un accident de la route, alors que le conducteur de leur véhicule a brûlé un feu rouge.

DES CONDITIONS DÉNONCÉES

Adina Katz accuse pour sa part Tohu-Bohu de placer ses employés dans des situations parfois dangereuses. L’actrice a travaillé pour la compagnie sur une tournée du spectacle The Magical Journey. Elle admet avoir rompu son contrat avec fracas.

« Le conducteur [du véhicule des acteurs] travaillait toute la journée. Il ne se reposait pas et on lui demandait de conduire [de longues heures après un spectacle]. C’était inacceptable. »

— Adina Katz qui a travaillé pour Tohu-Bohu sur une tournée du spectacle The Magical Journey

En apprenant la mort d’Alexandre Thériault, Mme Katz a même envoyé à la GRC une liste de ses récriminations envers Tohu-Bohu.

Des acteurs qui ont travaillé sur la tournée de The Magical Journey l’été dernier ont aussi transmis à La Presse une copie de leur horaire, pour illustrer la charge de travail qu’on leur imposait parfois. Par exemple, le 28 juillet 2016, après avoir quitté à 10 h 30 un hôtel d’Abbotsford en Colombie-Britannique, l’équipe a donné deux représentations puis, vers 22 h, a repris la route sur 330 kilomètres, jusqu’à Kelowna. Selon l’horaire, l’arrivée au nouvel hôtel était prévue pour 2 h dans la nuit du 28 au 29 juillet. Au petit matin, après à peine quelques heures de sommeil, l’équipe devait à nouveau quitter l’hôtel à 6 h 45, toujours selon l’horaire. Les acteurs ont ensuite donné trois représentations avant de retourner à l’hôtel à 22 h 45.

L’UDA INTERPELLÉE

Les artistes à qui La Presse a parlé ont affirmé avoir discuté de ces enjeux d’horaires avec leurs agents. Marie-Eve Blackburn, qui représente Adina Katz à Montréal, a confirmé à La Presse qu’elle avait parlé de la situation avec Tohu-Bohu. Mme Blackburn et quatre autres agents d’artiste contactés par La Presse nous ont affirmé ne plus envoyer d’acteurs en audition chez Tohu-Bohu, après que leurs clients leur eurent raconté dans quelles conditions se déroulaient les tournées.

L’Union des artistes (UDA), qu’Adina Katz a contactée au moment de rompre son contrat, a également rencontré l’entreprise pour la mettre face à certains problèmes.

« Depuis 2014, nous avons 13 griefs avec Tohu-Bohu et 40 réclamations écrites, dont 13 sont ensuite devenues des griefs. À cela s’ajoutent naturellement plusieurs suivis téléphoniques et rencontres par les employés du secteur scène de l’UDA, mais dont je ne peux fixer le nombre. »

— Mireille Auger, directrice adjointe des relations du travail à l’UDA, lors d’une longue entrevue en présence de la présidente Sophie Prégent

Au cours de cette enquête, La Presse a parlé avec une dizaine d’acteurs et employés ayant travaillé pour Tohu-Bohu. « C’est comme le tiers monde de la culture », a illustré un employé pigiste, qui affirme avoir besoin de ces contrats pour vivre de son métier. Plusieurs personnes interrogées ont demandé à La Presse que leur identité reste confidentielle, de peur que leur témoignage mine leur capacité à décrocher des contrats, même avec d’autres producteurs. Dans tous les cas, ces entrevues recoupaient ce que les sources dont l’identité est dévoilée ont affirmé en entrevue.

« Les acteurs sont des pigistes, leur travail n’est pas facile à trouver. Ils ont peur de parler. […] Parfois, ils hésitent même à téléphoner ici », a expliqué Sylvie Brousseau, directrice générale de l’UDA. Elle a dit comprendre pourquoi plusieurs artistes n’avaient accepté de se confier à La Presse que sous le couvert de l’anonymat.

En juin 2016, un arbitre d’un tribunal d’arbitrage a reconnu Tohu-Bohu comme « producteur irrégulier », puisque l’entreprise avait omis de payer des « cotisation[s] syndicale[s], des contributions […] à la caisse de sécurité et de [contribuer à un fonds de congés payés pour les artistes] ». Une fois ce jugement tombé, Tohu-Bohu a toutefois payé ses comptes. Le producteur n’est donc plus considéré comme irrégulier par l’UDA.

« Ce genre de producteurs, on les a toujours dans le collimateur. On met de la pression sur eux. […] C’est clair que ça ne devrait pas arriver, des conditions de travail [comme celles que vous exposez]. Tout le monde n’a pas le même engagement pour ce métier », affirme Sophie Prégent.

Mais la présidente de l’UDA rappelle que son syndicat ne peut pas intervenir sur les productions qui ne relèvent pas d’elle, comme c’était le cas avec la tournée du spectacle A Forever Frozen Story au cours de laquelle Alexandre Thériault a perdu la vie.

Les règles de tournée de la TUEJ

L’Union des artistes a une entente collective avec l’association Théâtre Unis Enfance Jeunesse (TUEJ), une corporation à but non lucratif regroupant des producteurs québécois qui engagent des artistes professionnels pour présenter des spectacles de théâtre jeunesse. Tohu-Bohu n’est pas membre de TUEJ et n’est pas liée à cette entente collective, mais La Presse a demandé à Marc St-Jacques, président de TUEJ, directeur de production et codirecteur général du Théâtre du Gros Mécano, à Québec, de nous expliquer les usages des producteurs de son groupe qui partent en tournée. Ces spectacles ayant une distribution d’acteurs limitée, dit-il, les acteurs sont parfois appelés à se partager la conduite d’un véhicule loué pour l’occasion. Ceux-ci peuvent faire un maximum de trois représentations par jour, travaillant un maximum de six jours par semaine. « Chez nous, au Gros Mécano, on se fait un devoir de respecter les gens et de ne pas les traiter comme des bêtes de scène. […] Il va toujours y avoir un minimum de 8 à 10 heures de repos entre la fin d’une journée de travail et le début de l’autre », dit-il. Selon l’entente collective entre TUEJ et l’UDA, les artistes ne voyagent pas plus de sept heures consécutives en tournée et les convocations de départ sur la route ne se font pas avant 9 h. TUEJ tient cependant à préciser qu’elle ne pouvait pas juger des horaires de tournée et des modes d’opération de Tohu-Bohu, une compagnie qu’elle ne connaît pas.

L’UNION DES ARTISTES

La Loi sur le statut professionnel et les conditions d’engagement des artistes de la scène, du disque et du cinéma confère à l’Union des artistes (UDA) l’Exclusivité au Québec pour négocier des contrats pour les artistes sur son territoire. Lorsqu’une compagnie de production théâtrale est créée et qu’elle produit des spectacles en français destinés au marché francophone au Québec, l’UDA lui envoie alors un avis de négociation afin de l’associer à une entente collective déjà établie avec un groupe de producteurs similaires ou pour signer une entente particulière. Les spectacles destinés au marché hors Québec ne sont pas couverts par la loi québécoise. Un syndicat similaire à l’UDA existe toutefois au Canada anglais. Il s’agit d’Equity. Mais son pouvoir est limité : il s’agit d’une reconnaissance de bonne foi entre les deux parties, nous a expliqué l’UDA en entrevue. « La loi fédérale, qui s’applique alors, a beaucoup moins de mordant », nous a-t-on dit. La Presse a contacté Equity pour savoir si la tournée d’A Forever Frozen Story était un spectacle pour lequel le syndicat avait signé une entente collective. On nous a répondu que non.

THÉÂTRE JEUNESSE

18 JOURS, 4515 KILOMÈTRES

La Presse retrace le déroulement de la tournée du spectacle A Forever Frozen Story jusqu’à l’accident fatal du 16 avril.

29 MARS 2017, JOUR 1

Départ de Montréal (Québec) prévu à 8 h

Arrivée à Timmins (Ontario) prévue à 18 h 30

Nombre de kilomètres :  850

30 MARS 2017, JOUR 2

1 représentation à Timmins (Ontario)

31 MARS, JOUR 3

Départ de Timmins (Ontario) prévu à 9 h vers North Bay (Ontario)

Nombre de kilomètres :  365

1 représentation à North Bay (Ontario)

Arrivée prévue à l’hôtel à 23 h 05.

1er AVRIL, JOUR 4

Départ de North Bay (Ontario) prévu à 8 h vers Sudbury (Ontario)

Nombre de kilomètres :  130

2 représentations à Sudbury (Ontario)

Arrivée prévue à l’hôtel à 21 h 45

2 AVRIL, JOUR 5

1 représentation à Sudbury (Ontario)

3 AVRIL, JOUR 6

Aucune représentation. Les acteurs et l’équipe technique restent à l’hôtel à Sudbury (Ontario).

4 AVRIL, JOUR 7

Départ de Sudbury (Ontario) prévu à 8 h

Arrivée prévue à Terrace Bay (Ontario) à 17 h

Nombre de kilomètres :  780

5 AVRIL, JOUR 8

Départ de Terrace Bay (Ontario) prévu à 8 h

Arrivée prévue à Kenora (Ontario) à 15 h 30

Nombre de kilomètres :  690

6 AVRIL, JOUR 9

1 représentation à Kenora (Ontario)

7 AVRIL, JOUR 10

Départ de Kenora (Ontario) prévu à 11 h 30 vers Steinbach (Manitoba)

Nombre de kilomètres :  185

1 représentation à Steinbach (Manitoba)

Départ de Steinbach (Manitoba) prévu à 22 h 30 vers Winnipeg (Manitoba)

Nombre de kilomètres :  65

Arrivée prévue à l’hôtel à 23 h 30

8 AVRIL, JOUR 11

1 représentation à Winnipeg (Manitoba)

Départ de Winnipeg (Manitoba) prévu à 19 h vers Virden (Manitoba)

Nombre de kilomètres :  290

Arrivée prévue à l’hôtel à 22 h 30

9 AVRIL, JOUR 12

Départ de Virden (Manitoba) prévu à 7 h vers Regina (Saskatchewan)

Nombre de kilomètres :  295

1 représentation à Regina.

Arrivée prévue à l’hôtel à 19 h 20

10 AVRIL, JOUR 13

Aucune représentation. Les acteurs et l’équipe technique restent à l’hôtel à Regina (Saskatchewan).

11 AVRIL, JOUR 14

Aucune représentation. Les acteurs et l’équipe technique restent à l’hôtel à Regina (Saskatchewan).

12 AVRIL, JOUR 15

Aucune représentation. Les acteurs et l’équipe technique restent à l’hôtel à Regina (Saskatchewan).

13 AVRIL, JOUR 16

Départ de Regina (Saskatchewan) prévu à 12 h 45 vers Moose Jaw (Saskatchewan)

Nombre de kilomètres :  80

1 représentation à Moose Jaw (Saskatchewan). 

Arrivée prévue à l’hôtel à 23 h 05. 

14 AVRIL, JOUR 17

Départ de Moose Jaw (Saskatchewan) prévu à 10 h vers North Battleford (Saskatchewan)

Nombre de kilomètres :  365

1 représentation à North Battleford (Saskatchewan)

Arrivée prévue à l’hôtel à 23 h 10

15 AVRIL, JOUR 18

Départ de North Battleford (Saskatchewan) prévu à 8 h vers Saskatoon (Saskatchewan)

Nombre de kilomètres :  140

1 représentation à Saskatoon (Saskatchewan)

Départ de Saskatoon (Saskatchewan) prévu à 19 h vers Lloydminster (Alberta)

Nombre de kilomètres :  280

Arrivée prévue à Lloydminster (Alberta) à 22 h

16 AVRIL, JOUR 19 ET JOUR DE L’ACCIDENT

Départ de Lloydminster (Alberta) prévu à 6 h vers Athabasca (Alberta), situé à 350 kilomètres du lieu de départ

Accident survenu vers 9 h 15 à l’intersection de l’autoroute 38 et de la Range Road 212 au sud-est de Redwater (Alberta)

Alexandre Thériault a été transporté en hélicoptère vers un hôpital d’Edmonton, où il est mort.

Nombre de kilomètres parcourus avant le jour de l’accident, dans les 18 premiers jours de tournée : 4515

Les heures de départ et d’arrivée sont prévues selon un horaire de tournée fourni à l’équipe technique par Tohu-Bohu. La direction de Tohu-Bohu nous a indiqué en entrevue que le coordonnateur de tournée est celui sur le terrain qui décide s’il faut devancer ou retarder un départ. Toutefois, les heures des représentations du spectacle ne sont pas modifiables.

Dans son calcul, la direction de Tohu-Bohu nous a indiqué en entrevue prévoir environ 1 heure de jeu dans le temps de déplacement estimé en raison de la circulation ou de travaux sur la route. Toutefois, le temps de déplacement estimé entre deux destinations ne comprend aucun moment d’arrêt pour aller aux toilettes ou pour manger au restaurant. La direction de Tohu-Bohu nous a affirmé que les acteurs et l’équipe technique devaient prévoir entre eux, dans leur horaire, un temps d’arrêt si désiré, en s’assurant toutefois d’arriver à l’heure aux théâtres visités pour les représentations prévues dans la tournée.

Le coordonnateur de tournée affirme avoir dit à Maryse Fortin Dupuis, productrice exécutive de Tohu-Bohu, que certains jours de l’horaire ne semblaient pas à ses yeux respecter la loi en termes d’heures de repos requis entre deux quarts de travail. Tohu Bohu affirme toutefois que ses experts en planification de tournée respectent la réglementation en vigueur. En entrevue avec La Presse, le président de l’entreprise, Yoann Desrosiers, a affirmé : « Il est certain que si on avait jugé que l’horaire n’était pas convenable, on ne l’aurait pas fait. »

LA RÉPONSE DE TOHU-BOHU

« VOUS FAITES RÉFÉRENCE À DES ÉVÉNEMENTS ISOLÉS »

« Nous n’avons jamais eu de commentaires des acteurs à l’effet que [nos horaires de tournée] étaient insoutenables », affirme le président de Tohu-Bohu, Yoann Desrosiers, en entrevue avec La Presse.

Pendant près d’une heure, nous avons posé des questions sur l’horaire de tournée, les conditions de travail et la relation que Tohu-Bohu entretient avec ses employés. L’entreprise nous a aussi communiqué certaines déclarations par courriel.

« La compagnie respecte la loi et prône un climat de travail sécuritaire pour tous ses artistes, techniciens et collaborateurs. La compagnie embauche plus de 200 artistes et techniciens pigistes à chaque année, lesquels travaillent sur des tournées au Canada et aux États-Unis. […] Vous faites référence à des événements isolés qui représentent une infime minorité des collaborateurs avec qui nous travaillons sur une base régulière », soutient Maryse Fortin Dupuis, productrice exécutive de Tohu-Bohu.

« Nous sommes tout à fait conscients que certaines journées sont plus intenses que d’autres […], mais je pense que c’est la réalité des groupes d’artistes qui font des tournées. […] Ça dépend aussi des conditions météo : c’est beaucoup plus agréable de faire de la tournée au Québec en été plutôt qu’en hiver », continue le président de l’entreprise.

Yoann Desrosiers et Maryse Fortin Dupuis assurent que leur entreprise est « sérieuse et très bien structurée », qu’elle « travaille dans le respect de ses ententes contractuelles et de ses collaborateurs » et qu’ils ont de bonnes relations avec les acteurs, nombreux, disent-ils, à faire plusieurs tournées avec eux.

« Ça fait des années qu’on fait de la tournée. Maryse et moi en avons fait nous-mêmes beaucoup. On connaît très bien la réalité de ce que c’est », affirme Desrosiers.

« On n’est pas dans notre tour de bureaux en s’imaginant comment ça se passe sur le terrain. Il faut garder en tête qu’il y a un grand pourcentage de gens et d’artistes avec qui on retravaille », conclut Maryse Fortin Dupuis.

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