Opinion : Uber

M. Couillard fait revivre le jour de la marmotte

L’actualité a le hoquet. On dirait que le gouvernement Couillard a une fâcheuse tendance à manger ses ministres des Transports, telle une mante religieuse.

Pour la deuxième fois, avec un deuxième ministre, une intervention du premier ministre semble torpiller une solution élaborée par son ministre des Transports pour encadrer équitablement Uber.

Pourquoi un tel acharnement du premier ministre à faire plaisir à Uber, une multinationale qui ne génère aucune richesse, aucun emploi de qualité et qui fait sortir des capitaux du Québec vers des paradis fiscaux ?

Le rationnel politique nous échappe. Y a-t-il d’autres intérêts en jeu que ceux de tous les Québécois, que le respect des lois du Québec et de l’intégrité du régime fiscal ?

Le gouvernement Couillard semble être en train de faire au ministre des Transports Jacques Daoust exactement la même chose que ce qu’il avait fait à son ministre précédent, Robert Poëti. Pourquoi se donner la peine de nommer des ministres, qui étudient à fond un dossier, convoquent des commissions parlementaires (2) et sollicitent des mémoires, si en définitive le cabinet du premier ministre téléguide des options pro-Uber ?

Le ministre Jacques Daoust, tout comme Robert Poëti avant lui, a conclu à l’illégalité d’Uber et à la nécessité d’un cadre légal s’appliquant à tous ceux qui font du transport de personnes. Après moult consultations, le ministre avait fait savoir qu’il exigerait d’Uber qu’elle loue pour ses chauffeurs des permis de taxi et qu’elle s’assure du paiement des taxes et impôts. Le projet de loi était en préparation, promis pour le 31 mars dernier, l’échéance en avait été reculée au 12 mai.

COUP DE THÉÂTRE

Coup de théâtre mercredi dernier, voilà que La Presse annonce que la solution préconisée par le ministre est contestée au sein même du gouvernement… Encore ! Un comité interministériel, où siège un représentant du ministère du premier ministre, aurait accouché d’une autre solution, favorable à la multinationale Uber. Une option alambiquée, pour créer un régime de deux poids, deux mesures afin d’accommoder Uber.

Curieux, cette valse-hésitation remonte à la surface au même moment où Uber lance une campagne de publicité désobligeante qui prend directement pour cible le ministre des Transports. Le timing concorde tellement qu’on dirait que c’est arrangé avec le gars des vues.

Le premier ministre Couillard doit cesser de faire systématiquement pencher la balance en faveur de la multinationale Uber, sans quoi on ne pourra s’empêcher de poser des questions sur ses intérêts réels dans le dossier.

Uber arrive au Québec en conquérant, il méprise nos lois et fait sa place dans un marché en passant à côté des exigences fiscales et réglementaires. Pourquoi le gouvernement devrait-il faire des courbettes pour satisfaire cette multinationale dont les fonds transitent par les Pays-Bas et aboutissent aux Bermudes ?

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