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Valérie Plante a prêté serment, hier, à l’hôtel de ville. La nouvelle mairesse s’est engagée à placer les Montréalais au cœur de son mandat et a promis de s’attaquer aux problèmes de congestion dans la métropole.

prestation de serment de valérie plante

« Cette ville appartient aux Montréalais »

Le citoyen d’abord. La nouvelle mairesse de Montréal, Valérie Plante, a prêté serment hier en s’engageant à placer les Montréalais au cœur de son mandat.

Dans son discours, la nouvelle mairesse a d’ailleurs lancé un appel aux citoyens afin que ceux-ci contribuent à la modernisation de la métropole du Québec. « Je leur demanderai de s’impliquer dans les affaires de la ville. Car cette ville ne m’appartient pas. Elle n’appartient pas aux élus qui siégeront au conseil municipal ou aux membres du comité exécutif. Cette ville appartient aux Montréalais. »

Valérie Plante a par ailleurs reconnu que les attentes placées en son administration sont élevées. 

« Nous avons une obligation de résultats. »

— Valérie Plante

La cérémonie de prestation de serment s’est déroulée devant 600 personnes, sans compter les 103 élus. Parmi les invités, la famille de la nouvelle mairesse (qui se trouvait tout juste devant elle dans l’assistance), des députés, les principaux dirigeants de la Ville, les chefs syndicaux ainsi que plusieurs membres du corps diplomatique.

À l’extérieur du Marché Bonsecours, quelques dizaines de citoyens ont fait une haie d’honneur à la nouvelle mairesse en entonnant la chanson La vie en rose. La porte-parole du groupe de citoyens, Julie Patenaude, une militante de Projet Montréal, a invité la nouvelle mairesse à avoir « la force de refuser l’inacceptable et de se tenir debout devant l’ignorance, la cupidité et les grandes injustices ».

Début du travail

La prestation de serment faite, Projet Montréal compte se mettre à l’œuvre dès aujourd’hui. Le président du comité exécutif, Benoit Dorais, emménage ce matin dans son bureau à l’hôtel de ville, où il continuera la préparation du budget. Il a d’ailleurs avisé hier les 19 arrondissements qu’ils peuvent entreprendre l’adoption de leurs propres prévisions budgétaires à partir de la semaine prochaine.

Le budget de la ville-centre sera quant à lui présenté au retour des Fêtes, afin d’être adopté d’ici le 31 janvier. 

« C’est certain qu’il va avoir une couleur Projet Montréal. […] Il y a des choses qu’on doit décider dès maintenant pour que ça se réalise dans un an ou deux. »

— Benoit Dorais, président du comité exécutif

La composition du reste du comité exécutif devrait être annoncée d’ici quelques jours. « On y est presque. Imminemment », de dire Valérie Plante. La mairesse a précisé qu’elle ne comptait pas emménager dans le bureau qu’a occupé Denis Coderre ces quatre dernières années. Elle a plutôt opté pour les étages supérieurs. « J’aime la lumière. Le rez-de-chaussée, ça manquait de lumière. »

L’opposition salue un moment historique

Le chef de l’opposition par intérim, Lionel Perez, a salué l’arrivée en poste de la toute première mairesse de Montréal. 

« C’est un moment historique. Également, plus de 50 % des 103 élus sont des femmes. Alors il faut reconnaître que les choses progressent. »

— Lionel Perez, chef de l’opposition par intérim

Adoptant un ton posé, M. Perez a tout de même indiqué que son parti comptait garder la nouvelle administration à l’œil pour les quatre prochaines années. « La mairesse a établi ses cinq priorités et a elle-même souligné qu’elle a une obligation de résultats, alors on va pouvoir suivre cela. »

Par ailleurs, les membres d’Équipe Denis Coderre n’ont pas encore statué sur un nouveau nom de parti. Pour l’instant, ils se contenteront de parler de « l’opposition officielle », mais un nom devrait être proposé d’ici la fin de l’année.

« C’était un très beau discours »

Mairesse de LaSalle, Manon Barbe dit avoir été emballée par le discours prononcé hier par Valérie Plante. « J’en veux une copie, c’était un très beau discours, senti. […] Je trouve cela très rafraîchissant », s’est-elle enthousiasmée.

Manon Barbe a dit partager la vision sur l’offre de services aux citoyens mise de l’avant par la nouvelle mairesse de Montréal. « Ça ne passe pas par plus de centralisation, ça passe par la décentralisation. Les spécificités de chaque arrondissement, c’est ce qui fait la richesse de Montréal. Ce n’est pas de faire que tous les arrondissements marchent au même pas. »

Manon Barbe s’est dite prête à retourner siéger au comité exécutif si on le lui demande, mais elle ajoute ne pas avoir d’attentes à ce sujet.

Montréal

Les 5 priorités de Valérie Plante

La nouvelle mairesse s’est fixé cinq défis pour les quatre prochaines années.

1. Améliorer la mobilité

Sans surprise, la première priorité, pour reprendre la formule pléonastique, sera de s’attaquer aux problèmes de congestion, tant sur les routes que dans les transports en commun. « Je comprends ce que les Montréalais vivent tous les jours parce que je le vis tous les jours », a-t-elle dit dans son discours. Elle estime que son élection avec 51 % des votes et une majorité lui donne les coudées franches pour s’attaquer à ce chantier.

2. Assurer la sécurité des piétons et des cyclistes

La nouvelle mairesse juge que Montréal doit faire plus pour protéger les usagers les plus vulnérables de la route. « Je refuse d’accepter que des collisions et des décès prévisibles se répètent d’année en année. » Elle a notamment évoqué la possibilité de prolonger les temps de passage pour faciliter le franchissement des intersections pour les piétons.

3. Élargir l’offre en habitation

Enjeu primordial, l’habitation sera toutefois « un des plus difficiles à réaliser », reconnaît Valérie Plante. « Nous ne pouvons échouer », a-t-elle dit. Dans son discours, elle a réitéré sa volonté d’augmenter l’offre de logements sociaux, mais également de permettre aux jeunes familles de rester sur l’île. « Le Montréal de demain sera construit par des promoteurs qui ont conscience de l’importance de garder les familles à Montréal », a-t-elle d’ailleurs dit.

4. Offrir de meilleurs services

La nouvelle mairesse dit vouloir améliorer les services aux citoyens et, pour y arriver, compte sur les 28 000 employés municipaux. « Nos services publics doivent être plus efficaces, c’est ce à quoi les Montréalais s’attendent. »

5. Poursuivre le développement économique

Dernier défi qu’elle se fixe, Valérie Plante dit vouloir assurer un développement économique, mais que celui-ci soit « inclusif ». Pour elle, le développement doit être avant tout local et se faire au bénéfice des Montréalais. Elle a d’ailleurs appelé investisseurs et grandes entreprises à « comprendre qu’ils s’installent dans des milieux de vie et que les populations locales doivent en être bénéficiaires ».

Office de consultation publique de Montréal

Plante s’engage à respecter les recommandations

Alors que l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) célèbre ses 15 ans, la nouvelle mairesse Valérie Plante s’engage à respecter ses recommandations avant de donner le feu vert à des projets.

« Mon administration prendra au sérieux les avis et conclusions soumis par l’OCPM. Il ne sera plus question de systématiquement ignorer les avis qui contredisent notre idée de départ », a déclaré mercredi soir la nouvelle mairesse, dans un discours prononcé lors du 15e anniversaire de fondation de l’Office.

Si l’administration Coderre a demandé à l’OCPM de réaliser de nombreuses consultations ces dernières années, Projet Montréal a fréquemment déploré que les recommandations à l’issue de ces exercices ne soient pas suivies.

Le maire sortant a notamment annoncé en septembre qu’il comptait aller de l’avant avec le développement de Pierrefonds-Ouest alors que l’OCPM avait pourtant conclu à « un problème majeur d’acceptabilité sociale ». Le même scénario s’était produit en juin alors que Denis Coderre avait autorisé tel quel le projet d’un promoteur sur le site de l’ancien Hôpital de Montréal pour enfants alors que la consultation avait pourtant suggéré plusieurs changements, notamment qu’on érige seulement cinq des six tours proposées.

La présidente de l’OCPM, Dominique Olivier, a salué le changement de ton annoncé par la nouvelle mairesse. « C’est toujours un rôle ingrat quand on est le porte-voix de la population – parfois on est considérés comme des empêcheurs de tourner en rond –, alors c’est intéressant d’entendre la nouvelle administration dire qu’elle veut mettre à profit l’intelligence citoyenne pour faire progresser Montréal », a-t-elle réagi.

Dominique Olivier dit comprendre que Montréal ne suive pas l’ensemble des recommandations de ses rapports, mais estime que la Ville doit prévoir un mécanisme permettant de justifier ces décisions. 

« Les élus sont élus pour décider, alors il faut respecter la vision qu’ils ont. Mais il faut qu’on nous dise pourquoi on ne le fait pas, pourquoi par exemple ce n’était pas possible d’enlever une tour dans le projet du Children. »

— Dominique Olivier, présidente de l’OCPM

L’ex-ministre Louise Harel, qui a contribué à la création de l’OCPM en l’intégrant dans la loi créant la Ville de Montréal fusionnée, s’est dite soulagée du discours de la nouvelle mairesse. Elle espère que la métropole évitera des « consultations bidon » comme la première ayant eu lieu pour le développement du quartier Griffintown.

Plus de consultations

Dans son discours, Valérie Plante a indiqué qu’elle comptait faire appel plus fréquemment à l’Office au cours des quatre prochaines années. « Je l’ai dit pendant la campagne électorale et je le réitère aujourd’hui, je souhaite que mon administration soit davantage à l’écoute des citoyens. […] J’entends miser beaucoup plus sur la consultation et la participation publique. »

Elle a souligné que de nombreux projets de redéveloppement devraient voir le jour prochainement, citant en exemple la requalification des abords du pont Jacques-Cartier, ainsi que le secteur Assomption Sud.

Saluant cette confiance, Dominique Olivier prévient toutefois que son budget devra être révisé en conséquence. Montréal verse à peu de chose près la même somme à l’OCPM depuis sa création, soit 2 millions par année, ce qui permet de faire en moyenne six consultations publiques par an. Mais en 2017, l’administration Coderre lui en a commandé 12, ce qui a forcé l’Office à demander une augmentation du quart de son budget.

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