Chronique

Les PME québécoises dopées par la croissance

Stimulées par la bonne tenue de l’économie en 2017, les PME québécoises sont visiblement sur une bonne lancée. Selon une étude réalisée par BDC, nos PME prévoient hausser cette année de 11 % leurs investissements pour accroître leur productivité et consolider leurs opérations. Il s’agit d’un niveau pas vu depuis belle lurette.

Depuis trois ans, BDC (la Banque de développement du Canada) réalise chaque année, de concert avec la firme SOM, un vaste sondage auprès de 4000 entrepreneurs de l’ensemble du pays pour mesurer les intentions d’investissement des PME canadiennes.

La forte croissance économique de 3 % qui a été enregistrée en 2017 au Canada et celle de 2,7 % au Québec semblent avoir un effet catalyseur sur l’humeur des entrepreneurs canadiens. Les PME canadiennes prévoient réaliser des investissements de 140,5 milliards en 2018, ce qui représente une hausse de 3 % sur l’an dernier.

Les PME québécoises se classent au 3e rang canadien avec une hausse anticipée de 11 % de leurs investissements en 2018, derrière l’Alberta à 12 % et la Colombie-Britannique à 17 %. Fait à souligner, les PME ontariennes prévoient réduire de 1 % leurs investissements en 2018.

« C’est une excellente année pour le Québec, souligne Pierre Cléroux, économiste en chef à BDC, qui a mené l’étude pour la troisième année de suite.

« Après quatre mauvaises années, dont trois années de croissance négative en 2013, 2014 et 2015, nos PME ont enfin recommencé à investir en 2017, mais elles prévoient augmenter de façon substantielle leur cadence pour l’année en cours. »

L’étude de BDC nous apprend aussi que les entrepreneurs canadiens prévoient être très actifs cette année sur le marché des acquisitions.

Globalement, ils prévoient dépenser 18,9 milliards pour réaliser l’acquisition d’autres entreprises. Il s’agit d’une hausse de 79 % par rapport aux 10,6 milliards qu’ils y ont consacrés en 2017.

Vieillissement et pénurie

Les entrepreneurs québécois entendent eux aussi prendre de l’expansion cette année par la voie des acquisitions, observe Pierre Cléroux.

« Ça fait des années qu’on en parle, mais beaucoup d’entrepreneurs prennent leur retraite et décident de vendre. Il y a beaucoup d’opportunités sur le marché et il y a une grande volonté chez les entrepreneurs plus jeunes de faire grandir leur entreprise », constate l’économiste.

Autre donnée intéressante qui émerge de l’étude de BDC, les projets d’investissements des entrepreneurs québécois sont davantage orientés vers le capital humain, la formation des employés et la recherche et le développement, plutôt que vers l’achat de machinerie ou d’équipements.

En investissant davantage dans l’intangible plutôt que dans des actifs physiques, les entrepreneurs pourront faire face à certaines difficultés de financement puisque les institutions financières préfèrent prêter de l’argent en ayant des actifs tangibles en garantie.

Mais cette nouvelle préoccupation des entrepreneurs de vouloir investir dans leur main-d’œuvre et dans les processus de production, en intégrant notamment de nouveaux logiciels, n’est pas étrangère au phénomène particulièrement préoccupant de la pénurie de travailleurs disponibles.

« La pénurie de main-d’œuvre est un problème bien réel dans plusieurs régions du Québec, et à défaut de dénicher de nouveaux travailleurs spécialisés, beaucoup d’entrepreneurs décident de former à l’interne leurs propres spécialistes », observe Pierre Cléroux.

Les difficultés de recrutement expliquent aussi pourquoi près de 50 % des moyennes entreprises – qui comptent entre 100 et 500 employés – prévoient investir cette année pour automatiser davantage leurs opérations.

Les entrepreneurs qui vont investir en 2018 veulent le faire parce qu’ils cherchent d’abord à soutenir la croissance, secondairement pour hausser la valeur de leur entreprise ou pour mieux faire face à la concurrence.

Chose certaine, un phénomène reste inchangé. Les entreprises qui prévoient investir davantage cette année anticipent une croissance plus forte de leur chiffre d’affaires.

C’est ce qui explique que 85 % des PME qui prévoient enregistrer une croissance d’au moins 20 % de leurs revenus en 2018 affirment qu’elles vont hausser leurs investissements durant l’année.

On assiste actuellement à l’avènement d’un cercle vertueux alors que la bonne croissance économique pousse les entreprises à investir davantage, ce qui favorise à son tour une plus grande croissance économique. C’est bien d’en profiter pendant que ça passe.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.