C’était une scène comme on en voit rarement à Montréal : le sol d’une station de métro couvert d’eau, aux allures de piscine, à cause de la rupture d’une canalisation d’un diamètre de 30 cm, rupture dont la cause exacte n’avait toujours pas été déterminée au moment d’écrire ces lignes.
« Une infiltration d’eau de cette ampleur-là qui inonde le métro, de mémoire, je ne pourrais pas en trouver d’autre. C’était assez spectaculaire », a déclaré Richard Lafortune, vice-président de l’Association des pompiers de Montréal.
« On n’a jamais vécu ça. C’était vraiment, vraiment différent comme événement », a affirmé Renato Carlone, président du Syndicat des chauffeurs d’autobus.
La Société de transport de Montréal (STM) a décrété l’arrêt complet du transit sur la ligne orange entre deux stations névralgiques du réseau, soit Berri-UQAM et Lionel-Groulx, tout juste avant l’heure de pointe matinale.
Résultat : le nombre de courses de taxi et d’Uber a bondi, les autobus affectés d’urgence se sont remplis et dans les voitures de la ligne verte, les Montréalais se sont entassés comme des sardines, alors que sur les quais d’embarquement, les files gonflaient. Des travailleurs ont opté pour le télétravail.
À son pic en matinée, le niveau d’eau est arrivé au niveau des rails du métro, à environ soixante centimètres de hauteur.
Retour sur une journée singulière dans la métropole
Tout commence vers 5 h 45 jeudi matin, alors qu’un employé de la STM contacte les pompiers. « Le premier arrivé sur les lieux a rapidement constaté l’ampleur de l’inondation à laquelle il faisait face, expliquera Richard Lafortune. Déjà à ce moment-là, il était possible que la STM soit menacée, alors il a immédiatement enclenché le processus pour faire venir les unités supplémentaires. »
L’eau est omniprésente. La STM décide de fermer la station Square-Victoria–OACI, puis fait cesser toute circulation entre les stations Berri-UQAM et Lionel-Groulx sur la ligne orange. Le SPS – service provisoire en surface – est mis en branle : le parc entier d’autobus est mobilisé, et des chauffeurs des circuits normaux sont redirigés vers le circuit d’urgence pour assurer le déplacement du flux des usagers du métro.
Les premières images de l’inondation apparaissent peu après 7 h.
La priorité étant la remise en service, les employés de la STM et du Service de sécurité incendie de Montréal (SIM) dépêchés sur les lieux tentent de contenir l’eau à l’aide de sacs de sable et de planches de bois. Des pompes ont été apportées d’urgence pour renvoyer l’eau à l’extérieur de la station, en direction des égouts de la ville.
Vers 9 h 15 le matin, l’infiltration d’eau est finalement colmatée par l’effort conjoint des pompiers et des employés de la STM. Des pompes encore plus puissantes arrivent sur les lieux.
Quelques minutes après 11 h, la mairesse Valérie Plante donne un point de presse en compagnie de Philippe Schnobb et de Luc Tremblay, respectivement président et directeur général de la STM, après une brève incursion dans la station. Pendant ce temps, l’heure de reprise du service prévue passe de midi à 15 h.
La mairesse appelle la population à garder un œil sur les réseaux sociaux et sur les réseaux d’information afin de savoir à quoi s’en tenir. Elle révèle aussi que 207 résidences et 6 commerces sont privés d’eau depuis le petit matin.
« Les citoyens étaient somme toute très résilients parce qu'ils comprennent bien que c'est une situation qui est hors de notre contrôle. »
— La mairesse Valérie Plante
Alors que des travaux d’excavation à l’intersection de l’avenue Viger et de la rue du Square-Victoria sont en cours pour déterminer la cause et le lieu de la rupture de la canalisation à l’origine de l’inondation, la STM annonce la reprise graduelle du service sur la ligne orange, vers 12 h 30.
Quelques heures plus tard, à 15 h 10, la STM annonce que la station Square-Victoria – OACI est rouverte. Sans anicroche, les navetteurs ont pu se rendre à la maison à la fin de la journée.
Du côté des pompiers comme du côté des employés de la STM, on raconte une journée chargée, marquée par une coopération efficace entre tous les intervenants.
Ils et elles ont dit
« Nos bureaux sont un peu partout dans le Vieux-Montréal, donc on est allés travailler ailleurs. Ceux qui ne pouvaient pas prendre le métro ce matin ont fait du télétravail. »
— Marie-Ève Bernard, responsable du talent chez Diagram, dont une partie des bureaux se situaient dans le quadrilatère touché par la coupure d’eau
« Je suis sorti pour aller chercher quelque chose à manger, mais pas mal tout est fermé. Je vais commander ! »
— Guillaume Beaulieu, résidant touché par la coupure d’eau
« C’est un inconvénient. Ce n’est pas si mal, car j’ai d’autres options. Mais ce qui m’énerve le plus est l’achalandage important. »
— Miranda Moses
« Je pense que j’ai des collègues qui habitent près de la ligne orange, et je ne pense pas qu’ils viendront au travail aujourd’hui, surtout si le métro reprend à midi. »
— Philippe Williams, à bord d’une voiture Azur de la ligne verte, en direction du centre-ville pour son travail