Infrastructures

CONDUITE D’EAU (réseau d’eau et égouts)

• Coûts d’interruption du service d’eau

• Coûts de congestion

Infrastructures

CONDUITE ÉLECTRIQUE

• Coûts d’interruption du service électrique

• Coûts d’interruption du service internet

• Coûts de congestion

Infrastructures

CONDUITE DE TÉLÉCOMMUNICATIONS

• Coûts d’interruption du service internet

• Coûts de congestion

Infrastructures

CONDUITE GAZIÈRE

• Coûts d’interruption du service gazier

• Coûts de déploiement des services d’urgence

• Coûts d’interruption du service internet

• Coûts d’interruption du service électrique

• Coûts de congestion

ANALYSE

Les ruptures d’infrastructures coûtent au moins 125 millions par année

Quand une conduite d’eau majeure éclate sur le boulevard Pie-IX comme il y a deux semaines ou dans la rue Saint-Denis comme l’hiver dernier, ça fait les manchettes.

On imagine facilement les inondations dans les sous-sols, les familles et les commerces privés d’eau potable pendant quelques jours, voire d’électricité ou de services de télécommunications tandis que pestent les automobilistes contre de nouveaux détours à emprunter alors que prolifèrent pourtant déjà tant de cônes orange.

En fait, ces événements ne sont que la pointe de l’iceberg. L’an dernier, on a dénombré en moyenne cinq ruptures d’infrastructures souterraines par jour au Québec : rupture de conduite d’eau ou d’égout, de conduite de gaz, de fils électriques, de câbles de télécommunications, de fibre optique.

Dans la seule région de Montréal, on compte environ 400 ruptures de conduites de gaz par année.

La vétusté des infrastructures n’est pas la seule grande responsable, nous apprennent Nathalie de Marcelis-Warin et Ingrid Peignier dans une étude mise en ligne par CIRANO.

« Dans 34 % des cas, aucune demande de localisation des réseaux souterrains n’avait été effectuée auprès d’Info-Excavation, déplorent les auteures. Ce bilan est assez inquiétant, d’autant plus qu’il est certainement en dessous de la réalité des bris. »

Même si la vérification de la présence d’infrastructures est obligatoire avant qu’un promoteur lance des travaux d’excavation, beaucoup ne s’en soucient guère, d’autant plus que les propriétaires d’infrastructures souterraines ne sont pas tenus d’en indiquer l’emplacement ni la profondeur, ce qui peut occasionner bien des accidents de travail.

Les coûts directs de telles ruptures sont assez faciles à mesurer : coûts de remplacement des équipements brisés, du travail de réfection, de la gestion du chantier, etc.

Certains coûts directs sont parfois sournois. Ainsi, la réparation d’une grosse conduite d’eau peut exercer des pressions indues sur de petites canalisations qui risquent de se rompre à leur tour.

Les auteures sont d’avis qu’il ne s’agit là que de la pointe de l’iceberg. Les coûts indirects doivent aussi être pris en compte. Ils représentent parfois jusqu’à 80 % du coût total d’une rupture.

Ce sont des coûts liés à l’interruption de service, au déploiement des services d’urgence, à l’évacuation des résidants et des commerces, à l’impact environnemental, aux pertes de production, aux retards causés dans l’exécution d’autres travaux, etc., sans compter les frais administratifs, les poursuites potentielles, l’atteinte à la réputation du propriétaire de l’infrastructure qui doit réparer la conduite même s’il n’a pas causé la rupture, les coûts liés à la congestion automobile accrue.

Les auteures ont donc étudié des ruptures de chaque type d’infrastructure souterraine afin d’en estimer les coûts indirects. Par exemple, une panne électrique représente un coût de 5 $ l’heure d’interruption pour un client résidentiel, jusqu’à 900 $ pour une entreprise de moins de 50 employés et jusqu’à 6000 $ l’heure pour une plus grande entreprise.

Chaque cas étudié a fait l’objet d’une enquête sur place. Les observations ont ensuite été comparées à d’autres recherches et nourries de renseignements supplémentaires dans des banques de données en tout genre. Ainsi, une étude de la firme McKinsey sur l’importance de l’internet dans la production canadienne a servi d’estimation aux coûts rattachés à l’interruption de ce service.

Le tout a ensuite été modélisé dans des formules algébriques dont on épargnera au lecteur la savante beauté mathématique.

Les auteures en arrivent à la conclusion que ces ruptures coûtent au bas mot 125 millions par année aux citoyens et aux entreprises du Québec, en plus des coûts directs liés à la remise en état des infrastructures touchées.

Il s’agit bien là d’un minimum puisque la déclaration d’une rupture à l’Outil de rapport sur les dommages aux infrastructures géré par Info-Excavation est volontaire.

Pour limiter les ruptures, les auteures formulent de nombreuses recommandations, dont la formation sur les bonnes pratiques d’excavation, l’obligation de demander l’emplacement des infrastructures avant toute excavation, l’obligation des propriétaires privés et publics d’infrastructures souterraines de fournir leur emplacement à Info-Excavation.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.